La Banque des Territoires fête son deuxième printemps

Pour inspirer les élus locaux et faire éclore leurs projets, la Banque des Territoires leur a offert un deuxième "Printemps des territoires" ce 6 juin à Paris, sous la grande halle du CentQuatre. Elle a annoncé à cette occasion avoir débloqué 5 milliards d'euros de prêts pour l'éducation (avec Edu Prêt), la mobilité (Mobi Prêt) et l'eau (extension de Aqua Prêt).

 

"J'ai plus vu vos équipes en six mois qu'en six ans la Caisse des Dépôts". A l'issue de son tour de France, au cours duquel il a accompli trente inaugurations de la Banque des Territoires en région, son directeur, Olivier Sichel, est optimiste. La marque, créée il y a un an, lors du premier Printemps des Territoires, a du succès. Lors de ce deuxième printemps, organisé le 6 juin 2019 à Paris, Olivier Sichel peut dire que la marque Banque des Territoires s'est "très rapidement imprimée auprès de nos clientèles cibles : les bailleurs sociaux, les notaires et professions juridiques, et les collectivités". Les élus locaux apprécieraient tout particulièrement la capacité des directions régionales à proposer des montages financiers "cousus mains" et "dans les rythmes auxquels ils n'étaient pas habitués". Et puis, "nous sommes revenus sur les villes moyennes et les territoires ruraux", ajoute-t-il.

"On est loin de l'Amazon Marketplace mais c'est l'intention"

Créée en cinq mois, la Banque des Territoires est déployée dans les 16 directions régionales et les 35 implantations territoriales de la Caisse des Dépôts. En 2018, elle a prêté 12,8 milliards d'euros aux organismes de logement social et aux collectivités territoriales et investi 769 millions d'euros en fonds propres dans des projets de développement. "Nous avons sorti plus de produits en un an que nos prédécesseurs sur les cinq dernières années", souligne Olivier Sichel, citant les offres du Plan Logement 1 (voir notre article ci-dessous du 5 avril 2018) et 2 (voir notre article du 9 mai 2019) et les annonces du jour (voir notre encadré ci-dessous). Dans un marché du crédit concurrentiel, "notre but est de se concentrer sur les failles du marché. On les trouve sur les durées longues, à plus de 30 ans". 
La multiplication des offres a également été portée par la "plateforme digitale en plein développement qui met la Data au cœur" de l'action de la Banque des Territoires. "On est loin de l'Amazon Marketplace mais c'est l'intention", selon Olivier Sichel.

"Nous essayons d'élargir le champs des possibles"

"Pour une fois, la Caisse des Dépôts a été capable de sortir de sa zone de confort", a commenté Stéphane Keïta, p-dg de la Scet. Avec son entrée dans la D, sa stratégie a été chamboulé : "On est passé des soins palliatifs à une nouvelle jeunesse avec une inclinaison dans le rôle d'appui au développement des territoires", se félicite-t-il. Par exemple, "notre action nous aide à mettre de côté des activités obsolètes".
André Yché, président de CDC Habitat, témoigne également de son changement de stratégie. Avant la Banque des Territoires, son offre se concentrait sur les territoires métropolitains ; désormais "nous allons constituer un réseau de partenaires (OPH, ESH, Sem…) aussi dans les zones détendues", rappelle-t-il.
Antoine Troesch, directeur de l'investissement de la Banque des Territoires, témoigne quant à lui de  l'ouverture de la maison à des "marchés de niche". "Nous essayons d'élargir le champs des possibles", explique-t-il, notamment dans le cadre des Smart Cities où "nous avons l'ambition d'être participants à un écosystème".
Gisèle Rossat-Mignod, directrice de la Banque des Territoires, fait passer le message : l'institution n'est pas en manque de ressources financières, est prête pour soutenir les projets ambitieux.

"La lutte acharnée contre toutes les fractures territoriales"

La Banque des Territoires participe à "la lutte acharnée contre toutes les fractures territoriales". Ce compliment vient de Julien Denormandie, ministre auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, chargé de la ville et du logement.
Les fractures territoriales étaient d'ailleurs au cœur des échanges de la table ronde intitulée "Priorité au logement", dans le cadre d'une séquence consacrée aux questionnements "Pour des territoires + inclusifs". Car si le logement n'est pas explicitement ressorti dans les sujets du Grand Débat impulsé suite au mouvement des gilets jaunes, Julien Denormandie a fait observer que de nombreux thèmes "transpiraient" cet enjeu. En fait, quasiment tous les thèmes : accès à l'emploi, pouvoir d'achat, "cadre de vie pour nos enfants" (avec les questions de froid chez soi, ou de suroccupation). "Je suis convaincu que le logement est une partie du problème et même une partie de la solution", a-t-il déclaré. 

Anticiper les besoins en logement sur les besoins en main d'oeuvre

Patrick Martin, président délégué du Medef, invite quant à lui à cartographier les besoins en logements de demain, à savoir sur les territoires qui seront attractifs demain en termes de création d'emplois. A l'entendre, ce n'est pas si compliqué : "Les créations d'emploi, même dans l'industrie, se font dans les métropoles". Et il ne connait que neuf métropoles… Dès lors, il va selon lui falloir "gérer les transferts de population" et anticiper la production de logements. Et il y a des endroits où "il va y avoir de plus en plus de logements inoccupés, ce n'est pas une résignation, une fatalité, c'est un état de fait", selon lui.
Or la fatalité, Julien Denormandie ne saurait s'y résoudre. Le ministre croit quant à lui à l'opportunité de développer de nouveaux pôles de centralité, "en périphérie des métropoles". Ces territoires pourraient selon lui attirer une population active jeune, sensible aux questions écologiques, si elle y trouve de quoi s'épanouir et travailler, par exemple dans des espaces de coworking. C'est tout l'enjeu des villes du programme "Cœur de ville" qui a été conçu, rappelle le ministre, "à partir des projets territoriaux".

La Banque des Territoires débloque 5 milliards de prêts pour l’éducation, la mobilité et l’eau

A l’occasion du Printemps des Territoires, et suite aux conclusions du Conseil de Défense écologique du gouvernement, la Banque des Territoires a annoncé le 6 juin trois nouveaux dispositifs pour lesquels elle mobilisera une enveloppe de 5 milliards d'euros de prêts disponible jusqu’en 2022. 

Parce que, comme l'explique son directeur Olivier Sichel, "les écoles du temps de Jules Ferry ne sont pas forcément les plus adaptées aux enfants d'aujourd'hui qui ont besoin d'espaces verts, de lieux connectés, d'espaces collectifs, et qu'il y a la question de la sécurité d'accès", la Banque des Territoires crée Edu Prêt. Ce prêt finance, sur tous les territoires, la construction, la rénovation et l’extension de bâtiments éducatifs et leurs équipements associés. L'enveloppe dédiée est de 1 milliard d'euros. Ce prêt permettra notamment le financement intégral du besoin d’emprunt jusqu’à 1 million d'euros, sur des durées pouvant aller jusqu’à 40 ans.

Le Mobi Prêt entend quant à lui "impulser l’émergence de modes de transports innovants, partagés, connectés, inclusifs et respectueux de l’environnement", pour tous les citoyens et sur tous les territoires. L'enveloppe dédiée est de 2 milliards d'euros. L’offre Mobi Prêt permettra notamment le financement à 100% des besoins d’emprunt jusqu’à 1 million d'euros, sur des durées pouvant aller jusqu’à 50 ans.

Enfin, lancé début 2019, l'Aqua Prêt est étendu à la Gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (compétence Gemapi). Il répond aux besoins de financements de projets d’eau potable, d’assainissement et d’eau pluviale, ainsi qu’aux besoins d’investissements liés à la compétence Gemapi dans le cadre des Assises de l’eau. Doté d’une enveloppe de 2 milliards d'euros, il permettra notamment le financement intégral du besoin d’emprunt jusqu’à 5 millions d'euros, pour des durées d’emprunt exceptionnelles qui peuvent aller jusqu’à 60 ans, alignées sur la durée d’amortissement des actifs financés.

Ces prêts sont adossés à l’épargne populaire et rémunérés au taux du livret A augmenté de 0,75%. Ils sont "compétitifs à long terme pour intervenir en additionnalité des financements de marché", précise la Banque des Territoires.