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Le HCR note un accroissement des arrivées d'enfants et de MNA et appelle l'UE à les protéger

L'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) vient de publier un rapport sur les arrivées d'enfants réfugiés et migrants en Europe de janvier à septembre 2019. Elle alerte sur les carences dans la prise en charge de ces jeunes et formule des recommandations pour les pays membres de l'Union européenne.

L'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) publie un rapport intitulé "Voyages du désespoir : arrivées d'enfants réfugiés et migrants en Europe et comment améliorer leur protection". Le document porte sur la période de janvier à septembre 2019. Des témoignages poignants permettent de toucher du doigt la réalité de ces migrations, qui concernent un nombre croissant d'enfants. Le rapport constate en effet que "cette année, jusqu'à présent, plus d'un quart des réfugiés et des migrants qui ont rejoint l'Europe après avoir traversé la Méditerranée étaient des enfants. Beaucoup sont arrivés sans leurs parents. Certains étaient accompagnés par d'autres membres de leur famille, tandis que d'autres avaient voyagé en l'absence d'adultes qu'ils connaissaient".

28% des réfugiés arrivés par la Méditerranée depuis janvier sont des enfants

Pourtant, les arrivées sur le sol européen sont plutôt en recul, comme l'ont déjà montré les chiffres d'Eurostat ou de l'OCDE (voir par exemple notre article ci-dessous du 19 septembre 2019). Au 30 septembre 2019, le HCR chiffre à 80.800 le nombre d'arrivées par la Méditerranée depuis le 1er janvier. Celles-ci se sont toutefois profondément transformées. Si elles reculent dans l'ouest de la Méditerranée – 23.200 en Espagne contre 43.200 sur la même période de 2018 et 7.600 contre 21.000 en Italie –, elles progressent en revanche à l'est de la Méditerranée : 46.100 contre 37.300 en Grèce, 2.700 contre 800 à Malte et 1.200 contre 400 à Chypre.

Par ailleurs, le rapport du HCR montre que 28% des personnes arrivées en Europe par la Méditerranée sur cette période étaient des enfants, soit un pourcentage légèrement supérieur à celui enregistré l'année dernière. Or, "sur le chemin vers l'Europe, les enfants sont exposés à de multiples dangers, parmi lesquels les actes de violence, les abus sexuels, l'exploitation, voire la mort ; une fois arrivés en Europe, ils restent confrontés à de lourdes épreuves".

L'augmentation des entrées par la Grèce ajoute au problème : "Compte tenu du nombre élevé d'enfants non accompagnés ainsi que des capacités d'accueil et de prise en charge limitées, le HCR continue de plaider en faveur de la relocalisation des enfants non accompagnés depuis la Grèce vers d'autres pays européens."

Des carences dans la prise en charge

Sur la question de la détermination de l'âge – qui a donné lieu à de vifs débats en France (voir nos articles ci-dessous) –, le rapport relève que "sur le territoire européen, les procédures de détermination de l'âge manquent de fiabilité et de cohérence". Le HCR estime qu'"il est largement admis que les procédures de détermination de l'âge devraient reposer sur une approche holistique et multidisciplinaire et que les méthodes scientifiques ne permettent qu'une estimation".

En matière de prise en charge, le rapport observe qu'"à travers l'Europe, les tuteurs et travailleurs sociaux sont souvent sollicités à l'excès, avec parfois jusqu'à 75 enfants sous leur responsabilité". L'accès à l'information, y compris sur les procédures d'asile, laisse également à désirer, de même que l'accès à l'éducation. Le rapport du HCR indique ainsi qu'"une fiche d'information établie par le HCR, l'Unicef et l'OIM souligne que la plus forte proportion d'enfants et de jeunes nés en dehors de la région UE+ [les 28 États membres plus la Norvège et la Suisse, ndlr] qui n'étaient ni employés, ni scolarisés, ni en formation en 2017 se trouvait en Grèce, en Italie, en Croatie, en Espagne et en France". Enfin, le HCR ne manque pas de rappeler la situation très particulière de la Turquie qui "accueille actuellement le plus grand nombre de réfugiés au monde", dont une bonne partie par "délégation" de l'UE.

Des recommandations pour les pays membres de l'UE

Considérant "probable" la poursuite d'arrivée en Europe de mineurs non accompagnés, le HCR formule une vingtaine de recommandations à destination des pays membres de l'UE. Parmi celles-ci on retiendra notamment celles visant à "remédier immédiatement aux conditions alarmantes de surpeuplement dans les centres d'accueil où les enfants non accompagnés et séparés sont placés à leur arrivée en Europe", à "proposer des modalités d'hébergement adaptées aux enfants", à "recourir à des approches holistiques et multidisciplinaires lorsqu'il convient de procéder à la détermination de l'âge" ou encore à "désigner des tuteurs et/ou des travailleurs sociaux formés pour offrir un soutien individuel aux enfants non accompagnés". Le HCR appelle aussi à "mettre un terme aux restrictions et à la pénalisation des ONG impliquées dans des opérations de recherche et de sauvetage et accroître la coopération pour garantir que les capacités de recherche et de sauvetage disponibles sont pleinement exploitées" et à "éliminer les obstacles légaux et pratiques afin de rendre le regroupement familial accessible à ceux qui peuvent y prétendre".

 

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