Le Savoir rouler à vélo n'a pas atteint ses objectifs en 2023

Le dernier bilan du dispositif Savoir rouler à vélo n'est pas à la hauteur des objectifs qui avaient été fixés pour 2023. Les résultats sont jugés particulièrement insuffisants dans les métropoles. Une instruction demande que dans chaque commune de plus de 150.000 habitants, un plan d'action soit élaboré avec les collectivités et les partenaires.

L'apprentissage du "savoir rouler à vélo" (Srav) progresse… mais pas aussi rapidement que prévu. Tel est le principal enseignement du bilan du Srav tel qu'il apparaît dans une instruction parue au Bulletin officiel du ministère de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports du 15 février. Au 31 décembre 2023, 179.000 enfants avaient été formés au SRAV. Si ce chiffre représente une hausse de 43% par rapport à 2022, il est toutefois en deçà de l'objectif de 200.000 qui avait été fixé.

Ce bilan est cependant bien différent selon les régions. Certaines ont en effet dépassé leurs objectifs quand d'autres sont plus en retrait. Ainsi, à l'exception de Bourgogne-Franche-Comté (-11%) et de Mayotte (-76%), toutes les régions métropolitaines ont augmenté en 2023 le nombre d'attestations au Srav délivrées par rapport à 2022. La Corse se distingue avec une hausse de +226%. Si Provence-Alpes-Côte d'Azur affiche une progression de +130%, la région n'a toutefois formé en 2023 que 18.041 enfants au SRAV, loin des 60.000 envisagés initialement. Outre Mayotte et Bourgogne-Franche-Comté, on note que la Bretagne, la Guadeloupe, les Hauts-de-France, la Martinique et la Normandie sont en dessous des objectifs fixés. Aux côtés de la Corse, les bons élèves se trouvent en Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est, Île-de-France et Réunion, qui ont toutes dépassé leurs objectifs au-delà de +20%.

Un plan d'action pour les villes de plus de 150.000 habitants

Si le bilan des régions apparaît contrasté, "la dynamique des grandes villes est très insuffisante", note l'instruction. En effet, les dix plus grandes villes de France présentent un très faible taux de formation des enfants, en l'occurrence moins de 5% du total des classes existantes dans ces communes ont été formées.

Montpellier (4,7%), Marseille (2,6%) et Bordeaux (2,5%) affichent le plus haut taux de classes formées et, respectivement, 1.046, 724 et 469 attestations délivrées en 2023. Nice (0,3% des classes formées), Lyon (0,3%) et Nantes (0,5%) sont les villes les moins performantes. À Nice, seules 87 attestations ont été délivrées l'an passé. En matière de bilan toujours, l'instruction ministérielle indique qu'en 2023, comme lors de l'année précédente, la très grande majorité des enfants a été formée sur le temps scolaire (91%), tandis que 2,5% étaient formés sur le temps périscolaire et 6,5% sur le temps extrascolaire.

Pour 2024, l'instruction demande que dans chaque commune de plus de 150.000 habitants, un plan d'action soit élaboré avec les collectivités et les partenaires afin d'y déployer "plus massivement" le Srav. Un tel plan d'action, précise encore le texte, peut également être élaboré pour les autres territoires afin de faciliter la mise en synergie des acteurs. En 2024, la cible nationale est de 350.000 écoliers formés. À partir de 2027, le dispositif sera généralisé à l'ensemble d'une classe d'âge, soit 800.000 jeunes formés par an.

Des subventions pour les collectivités

Lancé en 2019, le Srav vise à accompagner le développement de la pratique du vélo en toute sécurité chez les enfants de six à onze ans. L'État, les clubs sportifs, les associations promouvant l'usage du vélo, les professionnels de l'encadrement, les associations de prévention et les collectivités peuvent intervenir conjointement dans la mise en place du dispositif et contribuer à l'organisation des séances d'apprentissage dans un  cadre scolaire, péri ou extrascolaire.

Le volume global minimum nécessaire à l'acquisition des compétences est fixé à dix heures réparties en trois blocs : savoir pédaler en milieu fermé, savoir circuler en milieu sécurisé de type Sécurité routière et, enfin, rouler en autonomie sur la voie publique. Les intervenants peuvent être des professionnels ou bénévoles d'une structure partenaire du SRAV, des enseignants de l'Éducation nationale, des Etaps (éducateurs territoriaux des activités physiques et sportives), des animateurs jeunesse ou certains éducateurs sportifs professionnels indépendants. Dans le cadre péri ou extrascolaire, l'activité est encadrée par tout membre permanent de l'équipe pédagogique, sans qualification sportive particulière.

Les frais de formation peuvent s'élever jusqu'à 50 euros par enfant pour couvrir la rémunération ou le défraiement des intervenants ainsi que l'équipement (casques, panneaux de signalisation, gilets de visibilité, etc.). Les vélos peuvent être prêtés ou apportés par les enfants. En annexe, l'instruction présente les possibilités de financement dont peuvent bénéficier les collectivités, que ce soit au titre de l'encadrement des enfants, de la formation à l'encadrement ou de l'aménagement du territoire.

Présentant il y a un mois ses priorités pour 2024, le Club des villes et territoires cyclables et marchables (CVTCM) plaidait pour la généralisation du Srav dans toutes les écoles. "Nous avons besoin pour cela de toutes les ressources disponibles car il existe des financements pour les associations, qui ne sont pas présentes partout, alors que les collectivités qui disposent des compétences ne peuvent y accéder et mettent en œuvre le dispositifs sur leurs propres moyens", expliquait la présidente du Club, Françoise Rossignol (voir notre article du 17 janvier).