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Emploi - Le tertiaire concentre désormais 77% de l'emploi en France

Les métiers du tertiaire sont en forte augmentation depuis 1980, d'après une étude de la Dares (ministère du Travail) publiée le 13 janvier 2017. A l'inverse, les métiers de l'industrie et de l'agriculture sont en forte baisse : près de deux millions d'emplois perdus sur la période.

Les métiers du tertiaire représentent 77% des emplois en France. C'est ce qu'indique une étude de la Dares (ministère du Travail) publiée le 13 janvier 2017, analysant l'évolution de l'emploi au cours des trente dernières années. La part du tertiaire est  ainsi en forte augmentation mais elle représentait déjà 65% en 1980. Les métiers du tertiaire ont gagné 5,3 millions d'emplois en trente ans et sont exercés par 19,8 millions de personnes en 2012-2014 sur un total de 25,8 millions en moyenne. A l'inverse, les métiers industriels, agricoles et artisanaux ont fortement reculé.
Côté tertiaire, ce sont les métiers du domaine de la santé et de l'action sociale, culturelle et sportive qui contribuent le plus à cette évolution, avec 1,35 million d'emplois supplémentaires en trente ans. "En moyenne en 2012-2014, ces métiers occupent 2.671.000 personnes, soit deux fois plus qu'il y a trente ans et représentent désormais plus de 10% de l'emploi total", détaille la Dares citant les métiers d'aide-soignant, d'infirmier, de sage-femme, les médecins, les professions paramédicales, les professionnels de l'action sociale et de l'orientation, de l'action culturelle et sportive.
Viennent ensuite les métiers des services aux particuliers dont les effectifs ont augmenté de 1,03 million pour atteindre 3.084.000 en 2012-2014, soit 12% de l'emploi total. On compte ainsi un million d'aides à domicile, aides ménagères et assistantes maternelles, soit trois fois plus qu'au début des années 1980.
Une évolution qui s'explique par des facteurs socio-démographiques, comme le vieillissement de la population, le niveau de fécondité élevé, la hausse de la part de la santé dans les dépenses, ou encore la mise en place de politiques publiques visant à favoriser l'embauche dans ces secteurs (exonérations de cotisations sociales, réductions fiscales, simplification des formalités administratives, création d'organismes agréés de services à la personne). Les métiers du commerce et des services administratifs et de support participent aussi à cette dynamique : les premiers rassemblent 2.738.000 personnes en 2012-2014, soit 655.000 de plus qu'il y a trente ans (11% de l'emploi total).

La chute des métiers de l'industrie et de l'agriculture

Pour l'industrie, l'évolution est bien moins positive. La plupart des métiers de ce secteur ont connu une baisse d'effectifs marquée et régulière. En jeu : l'automatisation des procédés et la concurrence des pays à bas coût de la main d'œuvre. Le nombre de personnes occupant un emploi industriel est passé de 4.010.000 il y a trente ans à 3.184.000 en 2012-2014, soit une perte de 826.00 emplois. Le secteur ne représente plus que 12% de l'emploi en France, contre 18% en 1980…
Les domaines les plus touchés sont les matériaux souples, le bois, les industries graphiques (- 468.000), les activités du textile et du cuir, le domaine de la mécanique et du travail des métaux, et celui des industries de process (transformation des matières premières).
"Au total, ce sont 853.000 emplois d'ouvriers non qualifiés et 306.000 emplois d'ouvriers qualifiés qui ont disparu dans l'ensemble des métiers de l'industrie, signale l'étude, en contrepartie le nombre d'emploi de techniciens et agents de maîtrise du domaine de la maintenance (+222.000) ainsi que d'ingénieurs et cadres de l'industrie (+171.000), a fortement progressé". Pour la Dares, cette nouvelle structure de l'emploi est issue de l'organisation de la production industrielle depuis trente ans : délocalisations, mécanisation, complexification des méthodes de production, développement des démarches qualité…

L'évolution à la baisse est encore plus marquée pour les métiers de l'agriculture : début des années 1980, plus de 2 millions de personnes exerçaient un emploi lié à l'agriculture, l'élevage et la pêche. Elles ne sont plus que 958.000 en 2012-2014. "Cette destruction a été particulièrement forte jusqu'au début des années 1990, avec la destruction de 688.000 emplois en dix ans", détaille la Dares.

Féminisation et vieillissement de la population en emploi

Les effectifs de la construction sont quant à eux stables (1.866.000 personnes en 2012-2014) mais des disparités existent selon les métiers : les métiers d'ingénieurs et de cadres, de techniciens et d'agents de maîtrise, et d'ouvriers qualifiés sont à la hausse alors que les métiers d'ouvriers non qualifiés ont connu de fortes baisses d'effectifs.
Globalement, en trente ans, il y a une forte progression des métiers les plus qualifiés : les effectifs des métiers de cadres et professions intellectuelles supérieures (+2,4 millions) et de professions intermédiaires (+2,0 millions) ont fortement augmenté mais "il serait cependant faux de conclure à un recul généralisé de l'emploi non qualifié", affirme l'étude. En effet, les métiers les plus dynamiques sont les plus qualifiés, mais les effectifs des métiers d'employés non qualifiés ont également progressé (+1,1 million). Une progression due à la forte augmentation des effectifs d'aides ménagères, d'aides à domicile, et d'assistantes maternelles. L'hypothèse retenue par la Dares est celle de la "polarisation" avec des métiers routiniers qui auraient tendance à disparaître, plus facilement remplacés par des machines, et des qualifications qui se polarisent autour de métiers très qualifiés, mais aussi de métiers peu qualifiés de services qui sont difficilement remplaçables par des machines.
Autres évolutions notées par la Dares sur les trente ans : une féminisation de l'emploi, surtout dans les métiers très qualifiés, la hausse globale du niveau de diplôme, la chute des effectifs non-salariés, le développement du travail à temps partiel et le fort vieillissement des personnes en emploi, notamment dans la fonction publique. Sur ce dernier point, l'évolution est importante : la part des 50 ans et plus dans l'emploi est en augmentation depuis les années 1990 pour atteindre 29% en 2012-2014. A l'inverse, les jeunes de moins de 30 ans sont beaucoup moins représentés dans l'emploi qu'il y a trente ans : 19% des personnes en emploi sont âgées de moins de 30 ans en 2012-2014 contre un tiers au début des années 1980…

 

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