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Culture - Les agences régionales du spectacle vivant : quarante ans et un bon bilan

L'Inspection générale des affaires culturelles dresse un état des lieux des agences régionales du spectacle vivant, dont la plus value "est incontestable". Les collectivités y jouent un rôle croissant, y compris en termes de financement.

Dans un rapport qui vient d'être mis en ligne, l'Inspection générale des affaires culturelles (Igac) se penche sur "Les agences régionales : un atout pour le spectacle vivant". Ces institutions originales sont apparues dans les années 1970, à l'époque à l'initiative du ministère de la Culture. Calquées sur le modèle des organismes similaires dans le domaine du livre et, dans une moindre mesure, du cinéma, elles sont aujourd'hui au nombre de vingt, couvrant près des trois quarts des régions métropolitaines.
Le rapport - qui en dresse un état des lieux - considère que ces agences "se sont, au cours des dernières décennies, enracinées au sein de l'espace régional". A l'inverse, le nombre des associations départementales intervenant dans le même domaine "a fortement chuté au cours des deux dernières décennies". La situation des agences régionales du spectacle vivant s'est toutefois sensiblement transformée au cours de la période, en particulier sous l'effet de la décentralisation. Après avoir été portées par l'Etat dans un premier temps, la moitié de leurs conseils d'administration sont aujourd'hui présidés par un élu régional. De même, les régions ont consacré à ces agences, en 2010, quatre fois plus de crédits que l'Etat (24,2 millions d'euros contre 6,15 millions). En dépit de cet affaiblissement progressif de la part de l'Etat, le rapport relève que "la participation financière de l'Etat conditionne l'existence de la majorité des agences". Il distingue d'ailleurs trois groupes : un premier groupe (60% des agences) qui bénéficie d'une subvention significative des directions régionales des affaires cultuelles (entre 25 et 60% du total des financements publics), un second groupe dans lequel les Drac interviennent surtout en accompagnement des activités (entre 6 et 14% du financement) et un dernier groupe composé de trois agences financées exclusivement par les régions.
Les agences ont connu également des évolutions dans leur positionnement. Elles ont ainsi réorienté leurs activités vers les professionnels - en abandonnant progressivement le soutien aux amateurs - et ont élargi leur champ d'intervention à l'ensemble du spectacle vivant. Globalement, le rapport considère "que ces agences apportent une plus value incontestable au service du spectacle vivant". Celle-ci prend plusieurs formes : professionnalisation des équipes artistiques, formation, consolidation de l'emploi, soutien à la diffusion, mise en réseau... Le rapport relève toutefois que "si le bilan d'activité des agences est largement positif, il a été constaté tout au long de la mission qu'elles pâtissent souvent d'une grande méconnaissance de leur rôle effectif", y compris au sein du ministère de la Culture. Cette situation a conduit la commission culture de l'Association des régions de France (ARF) à s'interroger sur l'évolution, voire la pérennité de ces organismes. Mais, pour les rapporteurs, "il apparaîtrait bien paradoxal que, contrairement à ceux du livre ou du cinéma et de l'audiovisuel, le secteur du spectacle vivant se prive des compétences, des moyens et des services offerts par ses agences". Conscient de la nécessité d'une évolution, les rapporteurs proposent plusieurs mesures d'ajustement, comme la création d'une charte nationale signée par l'Etat et les régions et servant de cadrage aux agences, la participation de ces dernières aux enjeux de l'éducation artistique et culturelle dans les lycées et "la mobilisation de leurs compétences pour contribuer à la réforme des collectivités territoriales et à la relance du partenariat avec l'Etat".