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Culture - Les organisations du spectacle vivant lancent une pétition, mais les Français préfèrent le patrimoine

Sept organisations représentant principalement le secteur du spectacle vivant lancent une "pétition nationale en faveur de la création artistique à partir de 2012". Au rang des signataires figurent notamment le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), le Syndicat national des scènes publiques (SNSP), le Syndicat national des orchestres et des théâtres lyriques subventionnés (Synolyr) ou encore la Fédération CGT du spectacle. Ces organisations estiment en effet que "depuis 2002, l'art et la culture, particulièrement le spectacle vivant et les arts plastiques dont la souffrance des personnels est connue, et le ministère de la Culture sont l'objet d'attaques répétitives, infondées". Comme le veut l'exercice, la pétition s'apparente à un catalogue de revendications en faveur de ce secteur de la culture. Les signataires demandent tout d'abord des mesures de première urgence, déjà évoquées par le Syndeac, par le Sénat et - dans une moindre mesure - par la Fédération nationale des collectivités pour la culture (FNCC, voir nos articles ci-contre du 24 février et du 9 mars 2012).
Ces mesures d'urgence concernent la levée du gel de précaution de 6% mis en place dans le cadre des mesures de rigueur budgétaire, "l'abrogation des différentes coupes budgétaires opérées en 2011 et en 2012" et la suppression de l'augmentation de la TVA sur les produits culturels (passage de 5,5% à 7%). La pétition réclame également des mesures de moyen et long terme : plan de développement pour la création doté d'une enveloppe de 350 millions d'euros, organisation d'Etats généraux de la culture, diverses mesures à caractère social (dont bien sûr la pérennisation des modalités actuelles du régime des intermittents du spectacle) et - surtout - "l'écriture d'une loi d'orientation qui précise, dans le cadre d'une exception culturelle et d'un service public, la place primordiale de l'art et de la culture dans notre société". Cette loi devrait notamment prévoir que "la compétence culturelle [des collectivités, ndlr] doit être obligatoire et les financements croisés clairement assurés". Elle devrait aussi créer "un statut nouveau dit de 'bien commun et d'intérêt public' pour les entreprises artistiques et culturelles, associé à des propositions de statuts juridiques et un statut fiscal spécifique, hors du champ concurrentiel au niveau européen".

Les Français restent à convaincre

Les signataires devront bien sûr convaincre le président et le gouvernement issus des prochaines échéances. Mais ils devront également convaincre les Français. Un sondage BVA sur la politique culturelle et l'élection présidentielle - présenté le 9 mars et réalisé pour le compte de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) et d'Orange - montre en effet que les Français ne voient pas le soutien à la création comme une mission prioritaire. Ils ne sont en effet que 17% à citer le soutien à la création contemporaine comme une mission prioritaire. En revanche, l'entretien du patrimoine recueille 70% de citations, l'accès des citoyens à la culture 62% et l'éducation artistique à l'école 43%. Le soutien aux jeunes artistes, qui n'est pas sans lien avec la création, obtient toutefois 36% de citations comme mission prioritaire. L'étude de BVA demandait également : "Parmi les différents moyens de financer les activités culturelles et artistiques en France, lequel devrait selon vous être développé prioritairement dans les années à venir ?". Les réponses montrent de fortes attentes des Français vis-à-vis du financement privé. "Les financements privés de mécènes, de personnalités ou de grandes entreprises" recueillent ainsi 29% de citations, contre 24% pour "l'autofinancement grâce au succès rencontré auprès du public", 18% pour les financements publics de l'Etat, 15% pour "la taxation des fournisseurs d'accès et opérateurs internet" et seulement 11% pour les financements publics des collectivités territoriales.

 

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