Les conseillers numériques France Services devraient passer de 4.000 à 8.000 d'ici la fin du quinquennat

Stanislas Guerini s'est adressé à 500 conseillers numériques France Services (CNFS) rassemblés à Lens à l'occasion de la Journée des conseillers numériques. Outre son intention d'investir davantage sur la formation des 4.000 CNFS dont on sait que les postes sont pérennisés, il a confirmé l'objectif du président de la République de recruter 20.000 aidants numériques et de doubler le nombre de CNFS d'ici la fin du quinquennat. 

"L’élaboration de cette politique publique est fondamentale car nous sommes dans une période, je pèse mes mots, une période historique", a déclaré, solennel, le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques en s'adressant à 500 conseillers numériques France Services (CNFS) réunis au stade Bollaert-Delelis à Lens à l'occasion d'une journée dédiée, le 27 septembre 2022. C'est que, conformément au voeu du président de la République, il entend "donner une nouvelle dimension" à cette "politique publique" de la "formation numérique" et "de l'inclusion" qui vise à ne "laisser personne sur le bord du chemin". Deux chiffres sont souvent cités pour illustrer l’ampleur du défi à relever : trois-quarts des interactions des citoyens avec les services publics se font au travers du numérique alors que 13 millions de Français sont en situation d'illectronisme. Une situation à l'origine d'une fracture sociale grandissante sur laquelle alerte régulièrement la défenseure des Droits (voir notre article du 6 juillet 2022).

Près d'1 million de Français déjà accompagnés

Au 1er septembre 2022, ils étaient 3.578 conseillers numériques, au service des Français dans les 2.937 structures employeuses, qu'elles soient associatives, publiques ou parapubliques. Le 27 septembre, le ministre a confirmé un cap annoncé pendant la campagne d'Emmanuel Macron d'atteindre les 20.000 aidants numériques d'ici la fin de son quinquennat. Une annonce qui mérite toutefois quelques éclaircissements. La notion d"aidant numérique" est en effet une notion très générique qui recouvre une grande diversité d’acteurs. D'après une définition de l'ANCT, elle désigne "les professionnels en première ligne face aux usagers en difficulté avec le numérique alors même que l’accompagnement des publics dans leurs usages numériques ne constitue pas toujours le cœur de leurs missions". Et de citer que, "par exemple, les travailleurs sociaux, les agents d’accueil en collectivité territoriale ou dans des agences de services publics (Pôle emploi, CAF, etc.), les animateurs jeunesse sont des aidants numériques". Les conseillers numériques France Services, quant à eux, sont recrutés et formés par l'État et ont pour mission spécifique "d’accompagner les Français dans leur appropriation des usages numériques quotidiens", toujours d'après une définition qu'en donne l'ANCT. 

Fruit de l'accompagnement d'aidants numériques ou des CNFS, Stanislas Guerini se félicite : "Cette politique, elle marche : près d'1 million de Français déjà accompagnés, et on va accélérer encore […]", a-t-il annoncé dans un tweet du 27 septembre. Concrètement, le gouvernement entend poursuivre et amplifier cette politique publique en s’appuyant sur la formation, actuellement obligatoire et de 3 mois avant prise de poste. L'ambition est de "faire monter en gamme l’offre de formation pour l’adapter aux besoins et aux situations", a affirmé le ministre avant d'ajouter "un peu moins de robotique et plus d’animation d’ateliers de formation par exemple - je crois savoir que ce ne sera pas pour déplaire à nombre d’entre vous…". Le ministre exprime aussi son intention d'aller "plus loin dans la mise en réseau" en travaillant en "cohérence" avec les ministres Jean-Noël Barrot (Transition numérique) et Christophe Béchu (Transition écologique et Cohésion des territoires) afin de faire le "lien avec les territoires et les collectivités, essentielles pour implanter des conseillers partout en France". Stanislas Guerini veut garder "ce modèle hybride, qui repose sur une multitude d’acteurs locaux et un soutien de l’État" car "la force de ce modèle, c’est de faire travailler ensemble le local et le national, et de s’adapter aux spécificités de chaque territoire".

Pérennisation des 4.000 postes actée dans le PLF 2023

Dans cette logique, le choix a été fait à l’été 2022 de pérenniser les postes de CNFS. Une enveloppe de 44 millions d’euros destinée à leur financement est ainsi prévue dans le PLF 2023 présenté en début de semaine. "Cela veut dire continuer à financer, sur plusieurs années, ces postes", a précisé le ministre. Un préalable nécessaire à la reconnaissance de ce nouveau métier… "Il nous faudra engager une réflexion sur le métier même de conseiller numérique, comme d’ailleurs sur le métier d’agents France Services, de façon à mieux reconnaître vos compétences et votre profession", a précisé Stanislas Guerini.

Une attention particulière sera également prêtée à ce qu'il y ait "plus de commun" entre les France Services où près de 800 conseillers numériques exercent, les opérateurs de services publics et les associations de la médiation numérique, pour pouvoir "travailler de concert à accompagner les concitoyens". Cela passera notamment par des outils de partage tels que l’Espace Coop et un développement des outils à disposition ( Aidants Connect, Pix, cartographie de l'ANCT). L'entourage du ministre souligne enfin qu'il faudra développer des indicateurs permettant de mieux mesurer l'impact de l'activité des conseillers numériques.

  • Lancement du premier accélérateur dédié à l’inclusion numérique à échelle nationale


À l’occasion de Numérique en Commun(s) (NEC) qui se déroule à Lens les 28 et 29 septembre 2022, la Banque des Territoires lance un nouveau dispositif national qui vise à identifier et accompagner la réussite de huit projets innovants d’associations ou de start-up de l’inclusion numérique sur tout le territoire. "Les structures seront sélectionnées sur la base de leur caractère innovant, leur impact extrafinancier, leur pertinence pour les territoires et leur potentiel de soutien aux autres dispositifs mis en œuvre par la Banque des Territoires, à savoir France services, conseillers numériques France Services, Hubs territoriaux pour un numérique inclusif, Numérique inclusif Numérique éducatif", détaille la Banque des Territoires dans son communiqué du 28 septembre. Ce nouveau programme est né du "constat que le marché de l’inclusion numérique, chiffré à 374 millions d'euros, est encore trop peu mature et nécessite de mobiliser des outils financiers et stratégiques adaptés à des structures en développement", poursuit la Banque des Territoires. La sélection sera faite sur dossier dès novembre 2022, pour un accompagnement début 2023. Pour être informés de l’avancement du calendrier, les porteurs de projets sont invités à consulter le site dédié. Les dossiers seront réceptionnés entre novembre 2022 et janvier 2023.