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Culture - Les objectifs et le calendrier des Entretiens de Valois se précisent

En novembre 2007, la perspective d'une réduction des enveloppes budgétaires avait suscité de très vives réactions dans le monde du spectacle vivant : manifestations, mobilisation des médias, lettre ouverte au président de la République, "rassemblement unitaire" à Paris le 19 novembre... Soucieux d'éviter un conflit sur le modèle de celui des intermittents, le ministère avait alors consenti une rallonge budgétaire de 34,8 millions d'euros. Mais les représentants du spectacle vivant réclamaient aussi un "Grenelle de la culture", sur le modèle de celui alors en cours sur l'environnement. Le gouvernement a finalement préféré s'en tenir à une approche plus modeste et potentiellement moins coûteuse : les Entretiens de Valois. En dehors de son impact apaisant sur les tensions, la démarche s'est d'abord révélée assez nébuleuse dans ses objectifs, l'ambition très générale affichée étant "de dégager des points de consensus et des propositions concrètes pour orienter l'action des collectivités publiques dans le domaine du spectacle vivant". Les collectivités territoriales, devenues des acteurs clés du financement du spectacle vivant, sont l'une des composantes de cette concertation tripartite, notamment à travers la participation de leurs organisations et de la Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture (FNCC).
A ce stade, le premier résultat concret des Entretiens de Valois les concerne d'ailleurs très directement. Répondant à une demande des collectivités, Christine Albanel vient ainsi de réactiver, le 10 juillet, le Conseil des collectivités pour le développement de la culture, qui ne s'était plus réuni depuis 2002 (voir notre article ci-contre). Dans un communiqué du 28 juillet, le ministère apporte des précisions sur le calendrier et l'état d'avancement des travaux des six groupes de travail, consacrés respectivement à la place du service public de la culture, de l'artiste et de la création dans les politiques publiques, à l'articulation création-production-diffusion et aux liens "public-privé", aux missions des réseaux, à la politique culturelle de l'emploi artistique, aux politiques culturelles européennes et internationales et, enfin, à l'observation et la connaissance du spectacle vivant.
Les groupes se sont mis d'accord sur quatre objectifs. Le premier consiste à mieux répartir les interventions de l'Etat en fonction des disciplines et du maillage territorial, en coordination avec les collectivités. Le second vise à créer, au niveau régional, une instance de concertation, chargée "d'harmoniser" les politiques culturelles des différentes collectivités publiques. Troisième objectif : développer les "outils de structuration et de professionnalisation" des entreprises culturelles, afin de stabiliser l'emploi dans ce secteur. Enfin - présidence française de l'Union européenne oblige -, le dernier objectif entend inscrire la politique culturelle dans un cadre communautaire et international. Le calendrier se fait également plus précis, avec une nouvelle assemblée plénière au début du mois de septembre afin d'organiser le travail du dernier trimestre et une remise du rapport définitif le 15 décembre.
Selon le ministère, "la réforme du spectacle vivant devra s'engager dès 2009 pour produire ses effets à compter de l'année 2010". Elle devra toutefois composer avec la rigueur budgétaire annoncée pour tous les ministères. Intervenant au Festival d'Avignon, le 18 juillet, Georges-François Hirsch - le directeur de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles (DMDTS) - a indiqué que Christine Albanel "n'acceptera aucune diminution du budget". Une position défensive qui ne laisse pas augurer des moyens supplémentaires pour la mise en oeuvre des propositions des Entretiens de Valois.

 

Jean-Noël Escudié / PCA