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L'USH passe au scanner la demande de logement social

A l'approche de son 81e congrès, l'Union sociale pour l'habitat intitule son traditionnel rapport : "Mieux connaître la demande pour mieux orienter les politiques publiques". Ce rapport passe au crible les caractéristiques des quelque 2,2 millions de ménages ayant une demande de logement social en attente, sachant qu'il n'existe pas de profil-type. Et se penche sur les demandeurs prioritaires. Sachant que le nombre de logements sociaux a progressé nettement moins vite que la demande.

A l'approche de son 81e congrès, prévu du 28 au 30 septembre à Bordeaux, l'USH (Union sociale pour l'habitat) publie son traditionnel "Rapport au congrès". Cette année, celui-ci est consacré au thème "Mieux connaître la demande pour mieux orienter les politiques publiques". Le document "propose une objectivation et une analyse de la demande, à partir de données et de portraits illustratifs". L'enjeu est d'autant plus important qu'environ 2,2 millions de ménages ont une demande de logement social en attente, recensée dans le système national d'enregistrement (SNE). Ce chiffre a progressé de 20% depuis 2013, alors que la population n'a cru que de 2,8% sur la même période et le nombre de ménages de 4%. Par ailleurs, l'USH rappelle que "la question de la demande, pour le locatif social comme pour l'accession sociale à la propriété, est la motivation même de notre activité".

Une demande qui s'accélère depuis 2015

Le rapport s'ouvre sur une vingtaine de pages présentant, à travers des portraits, la diversité des parcours résidentiels, celle des attentes et des profils des demandeurs. L'étude aborde ensuite le vif du sujet. Depuis 2013, le nombre de logements sociaux a progressé de 9%, soit nettement moins vite que la demande. La hausse de cette dernière s'est encore accélérée depuis 2015, avec la mise en œuvre de la demande en ligne (10% des demandes en 2015, 35% à la fin de 2020). Sur le plus long terme, il apparaît que la demande a été multipliée par 2,5 en près de 40 ans.
Conséquence : même si un grand nombre de demandes sont assez récentes (50% datent de moins d'un an), l'ancienneté du stock tend à s'accroître (+2 mois en moyenne depuis 2015) et, à la fin de 2020, 10% des ménages demandeurs le sont depuis au moins 58 mois, soit près de 5 ans. Sur la période, la part des demandes de mutation (changement de logement au sein du parc social) est assez stable, autour d'un tiers du total. En termes géographiques, les écarts sont importants et les trois régions les plus peuplées concentrent le plus grand nombre de demandes : un tiers en Ile-de-France (pour 20% de la population), 10% en Auvergne-Rhône-Alpes et Paca et 8 dans les Hauts-de-France. En termes d'intensité (nombre de demandes par rapport à la population), la demande est particulièrement forte en région parisienne, sur le littoral atlantique, la côte méditerranéenne, le Genevois français et la métropole lilloise.

Pas de profil type, mais un certain nombre de tendances

L'étude de l'USH montre que "le profil des demandeurs est divers et il n'existe pas de profil type du demandeur de logement social". Il se dégage néanmoins un certain nombre de tendances. Ainsi, moins de la moitié (42%) des demandeurs de logement social déclarent une situation d'emploi stable, tandis que les situations d'emploi plus précaires concernent 13% des demandeurs (apprentis, CDD, stagiaires, intérimaires, étudiants). Les chômeurs et les retraités représentent respectivement 15% et 9% des demandeurs, 21% relevant d'un autre statut. Parmi les demandeurs déclarant un emploi précaire, près de la moitié (46%) n'ont pas accès à un logement autonome.
L'âge moyen des titulaires d'une demande est de 43 ans et les personnes âgées (plus de 65 ans) sont proportionnellement moins présentes parmi les demandeurs que dans la population française. Ainsi, seuls 9% des demandeurs sont des retraités. Autre point fort ressortant de l'étude : un ménage demandeur sur quatre est une famille monoparentale, contre 10% dans l'ensemble des ménages français. De façon plus large, les personnes seules représentent 45% des demandes, les familles monoparentales 24%, les couples avec enfants 20% et ceux sans enfant 9%. Ainsi, 69% des ménages demandeurs sont constitués d'un seul adulte (contre 46% en population générale). Cette proportion est toutefois beaucoup plus faible (29%) parmi les demandes de mutation, catégorie au sein de laquelle les familles avec enfants sont particulièrement nombreuses (agrandissement du ménage). 
Autre caractéristique : moins de la moitié (49%) des ménages demandeurs comptent au moins un actif occupé, proportion qui atteint 54% si on exclut les ménages comptant un retraité. De même, 12% de demandes de mutation émanent d'un ménage comptant au moins une personne en situation de handicap ou en perte d'autonomie. 

Un tiers des demandeurs avec un revenu fiscal égal à zéro

En termes de niveau de vie (et à partir des ressources déclarées dans le formulaire de demande), le revenu fiscal de référence médian des ménages demandeurs est de 9.500 euros par an. Il est légèrement plus élevé (11.500 euros) pour les ménages demandeurs déjà locataires du parc social ou privé. La moitié des ménages, quelle que soit la composition familiale, disposent de ressources mensuelles déclarées inférieures à 1.474 euros et près de la moitié des ménages demandeurs se situent sous le seuil de pauvreté local. Au total, trois demandes sur quatre émanent de ménages sous le plafond PLAI (prêts locatifs aidés d'insertion) et près d'un tiers (29%) déclarent un revenu fiscal égal à zéro. 
En termes de localisation antérieure, un tiers des ménages demandeurs est déjà locataire du parc HLM (ce qui correspond aux mutations), environ 28% sont locataires du parc privé, environ 14% vivent chez des parents ou enfants, 4% occupent un logement temporaire, 3% sont propriétaires occupants, 2,5% sans abri... La principale motivation indiquée pour justifier la demande d'un logement social est le souhait de disposer d'un logement à soi, cité par plus d'un tiers des demandeurs. Viennent ensuite la taille du logement (trop petit), le fait d'être hébergé, en logement temporaire ou sans logement, le coût du logement, des raisons de santé ou de handicap, des motifs professionnels, des problèmes de voisinage... 
En termes de demande, près d'une demande sur deux (47%) porte – sans surprise au regard de la situation familiale des demandeurs – sur des T1 ou T2. Cette proportion monte aux trois quarts si on y ajoute les T3 (surfaces moyennes). Néanmoins, un ménage demandeur sur trois recherche un logement plus grand que celui qu'il occupe. Et, en termes géographiques, moins d'un ménage demandeur sur cinq souhaite quitter le secteur géographique où il réside actuellement, tandis que les demandes de mobilité régionale (changement de région) ne dépassent pas 6%.

Quel profil pour les demandeurs prioritaires ?

L'étude de l'USH se penche aussi sur les demandeurs prioritaires : ménages reconnus prioritaires au titre du Dalo (droit au logement opposable), ménages relevant du plan Logement d'abord, demandeurs dits du premier quartile de ressources (sans priorité au sens juridique, mais généralement reconnus comme tels dans les politiques locales de l'habitat)... Les ménages relevant du Dalo sont largement surreprésentés en Ile-de-France. Ces derniers constituent en effet les trois quarts du total. Les ménages "Dalo" sont moins jeunes que la moyenne des demandeurs et plus présents dans la tranche d'âge 40-65 ans (53% contre 43%). Ils sont plus souvent des familles avec 3 enfants ou plus (en couple ou non) et sont en moyenne en attente depuis plus longtemps que les autres demandeurs (59 mois contre 22 mois). 
Les ménages du premier quartile de revenus sont également surreprésentés dans la tranche d'âge 40-65 ans (48% contre 45%). Ce sont plus souvent des familles monoparentales ou des couples avec 3 enfants ou plus et ils figurent moins souvent dans la catégorie des ménages en emploi stable (16% contre 42%). Le délai d'attente moyen de ces demandeurs (24 mois) est en revanche très proche de celui de l'ensemble des demandeurs. Enfin, les ménages relevant du plan Logement d'abord (13% des demandeurs) sont tous, par définition, en situation de précarité de logement. Près du quart d'entre eux vivent en structure d'hébergement, 21% sont sans abri, 31% sont en logement temporaire, et le dernier quart dans une autre situation d'habitat précaire, notamment en logement-foyer.
A noter : l'étude de l'USH consacre un dernier chapitre à un thème voisin, mais différent : celui de l'accession sociale à la propriété. Cette partie "apporte un éclairage sur la demande des ménages en matière de propriété de leur résidence principale et sur l'action des organismes HLM, en matière d'accession sociale à la propriété".

 

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