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Pesticides : leur présence fréquente dans l'air se confirme

L'association Générations futures a présenté le 18 février une étude qui contribue à approfondir la connaissance, très lacunaire en France, de l'exposition par voie aérienne à des pesticides interdits ou reconnus comme dangereux. 

Lindane, fenpropridine, atrazine… ces insecticides et substances actives sont au menu de la base de données de mesures des concentrations de pesticides dans l’air extérieur (PhytAtmo). Mise en ligne en décembre dernier par Atmo France, qui chapeaute les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Aasqa), elle est ouverte aux parties prenantes et au public. Les données diffusées correspondent à des mesures effectuées de 2002 à 2017. 
C'est à partir d'elles que l'association Générations futures a travaillé en étudiant, dans une double approche, les rapports d'analyse de ces Aasqa, à la fois par département et pour une année type (2017). "Ces deux approches souffrent chacune de certains biais. Soit les données datent mais couvrent tout le territoire, soit elles sont récentes mais valables dans seulement six Aasqa", prévient François Veillerette, directeur de cette ONG. Autre lacune, la liste des molécules recherchées en laboratoire diffère selon les Aasqa.

Ce manque d'harmonisation nationale des données représente un frein connu à la connaissance de cet enjeu sanitaire. Quand sera-t-il levé ? "La fédération Atmo réclame un appui pour que ces données soient consolidées. C'est une demande que nous soutenons également", ne peut qu'ajouter François Veillerette. Sans cette vision globale, difficile d'établir des comparaisons valables entre régions, ou de comparer à plusieurs années d'intervalles les résultats d'une même Aasqa. "Ni même d'intégrer ces résultats dans l'outil cartographique que nous proposons pour pister les perturbateurs endocriniens dans les eaux de surface"(voir notre article du 16 avril 2019),complète Nadine Lauverjat, coordinatrice de Générations futures. 

L'association s'est donc contentée d'évaluer la proportion de perturbateurs endocriniens (PE) suspectés ou de cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR) qu'on retrouve dans ces pesticides présents dans l’air. Une cinquantaine de molécules ont été retrouvées au moins une fois dans l'air d'une des régions étudiées. La pendiméthaline, molécule herbicide, domine le pavé : "C'est le pesticide le plus fréquemment retrouvé dans l'air en 2017." On retrouve aussi, en abondance, du lindane, un insecticide utilisé par les agriculteurs jusqu'en 1998. Il était aussi très employé comme antiparasitaire ou pour traiter les poux. Vingt ans après, sa persistance dans l'environnement, non seulement dans les sols, mais aussi dans l'air ambiant, se vérifie. Pour François Veillerette, "ces résultats témoignent du fait que l’air est une voie d’exposition réelle des populations à des pesticides PE et/ou CMR". L'association préconise notamment d'accélérer le retrait de ces substances CMR et PE, "celles qui sont reconnues comme telles mais également celles suspectées". Et de mieux "informer et protéger les populations les plus exposées en milieu rural en introduisant des zones tampons réellement protectrices d’au moins 100 mètres".