Petite enfance : La Motte-Servolex (73) forme ses baby-sitters
Comme de nombreuses villes, La Motte-Servolex (11.500 habitants) est confrontée à des besoins croissants en matière de mode de garde de la petite enfance, notamment en dehors des plages horaires habituelles. Mais pour une petite commune de Savoie aux moyens limités, le développement de la capacité d'accueil représente un coût non-négligeable et la réalisation d'une structure adaptée exige souvent un long délai. D'où la nécessité de rechercher en premier lieu des solutions immédiates, innovantes et peu coûteuses, quitte à sortir des missions habituelles confiées à une commune dans le domaine de l'accueil de la petite enfance. C'est justement l'option choisie par La Motte-Servolex, avec le montage d'une opération originale permettant de répondre aux besoins des parents en matière de garde à temps partiel, tout en proposant un service de qualité. "En liaison avec le service jeunesse et le relais d'assistantes maternelles, nous proposons aux jeunes baby-sitters de la commune une formation sur la prise en charge des enfants au domicile de leurs parents", explique Daniel Falzi, directeur du Ccas. Les jeunes âgés de 16 à 25 ans peuvent ainsi bénéficier d'une formation sur l'accueil d'un enfant. Si le terme formation est un peu exagéré, estime Daniel Falzi, "dans la mesure où celle-ci n'aboutit pas à l'obtention d'un diplôme", le travail réalisé par la commune permet aux jeunes - souvent inexpérimentés - d'acquérir une expérience minimum et de bénéficier de précieux conseils.
Oublier le portable et la télé
Pour bénéficier de cette opportunité, les adolescents et les jeunes adultes doivent tout d'abord s'inscrire auprès du service jeunesse de la marie. Ils prennent tout d'abord connaissance du règlement intérieur du service "Baby-sitter", qui définit précisément le cadre de cette activité et son déroulement. Une fois inscrit, la formation est organisée en session regroupant chacune une dizaine de jeunes. Elle débute tout d'abord par une information sur les gestes de premiers secours, la prévention des accidents domestiques et les dangers de la maison. Un agent municipal, par ailleurs pompier volontaire, assure cette partie théorique. Puis, l'animatrice du relais d'assistantes maternelles coordonne la suite des opérations. "Chaque jeune passe deux demi-journées au domicile d'une assistante maternelle, afin de découvrir toutes le facettes de la prise en charge d'un enfant", explique Catherine Donjon, responsable du relais. Cette expérience opère souvent comme un révélateur : "Les jeunes, notamment les moins âgés, ne se rendent pas toujours compte de la responsabilité qui pèse sur eux. Ils doivent être attentifs en permanence. Ils découvrent alors que la garde d'un enfant, même pour quelques heures, ne consiste pas à allumer la télé ou à passer son temps suspendu à son portable", remarque Catherine Donjon. A cette occasion, les assistantes maternelles abordent les questions relatives à la garde d'un enfant (sécurité, sommeil, repas, relations avec les parents...).
Un suivi individualisé
A l'issue de cette première immersion en situation réelle, la responsable du relais rencontre chaque assistante maternelle participant pour effectuer un premier bilan. Débute ensuite la seconde phase de l'immersion. Les apprentis baby-sitters suivent deux stages d'une demi-journée chacun au sein du centre de loisirs de la commune. Le premier auprès des enfants âgés de 4 à 6 ans et le second au milieu des 6-8 ans. Cette partie nécessite un fort investissement de la part de la directrice du centre, qui accueille individuellement chaque jeune, en plus de son activité auprès des enfants et des parents. Une fois le parcours de formation terminé, chaque baby-sitter est reçu individuellement par la responsable du relais pour effectuer un bilan sur son parcours. Les jeunes sont alors inscrits sur une liste mise à la disposition des familles intéressées par ce mode de garde. "Notre rôle s'arrête là", explique Daniel Falzi. "Le Ccas n'a pas vocation à se substituer aux parents en tant qu'employeur", ajoute-t-il. Quoi qu'il en soit, cette formation constitue un "plus" pour les jeunes, valorise leurs atouts et rend compte de leur implication réelle dans l'exercice de cette activité d'appoint. Pour les parents, le recours à un baby-sitter inscrit sur la liste constitue un gage de confiance supplémentaire lors de l'embauche. Depuis le lancement de cette opération, au mois de décembre 2003, trois groupes d'une dizaine de baby-sitters ont bénéficié de ce parcours original.
Pascal Clouet / PCA pour Localtis
"Le baby-sitting a sa place parmi les modes de garde"
Daniel Falzi dirige le Ccas de La Motte-Servolex. A ce titre, il coordonne le projet de formation des baby-sitters mis en place par la commune depuis la fin de l'année dernière.
Quelles raisons vous ont conduit à proposer un service de baby-sitting ?
Notre commune est confrontée à une situation difficile en matière d'accueil de la petite enfance. En à peine plus de 20 ans, la population a plus que doublé, pour atteindre aujourd'hui près de 12.000 habitants. Les nouveaux arrivants et leurs enfants sont venus chercher une certaine qualité de vie et un environnement agréable. Mais dans le même temps, nos moyens n'ont pas permis de faire face aux importants besoins des familles en matière d'accueil de la petite enfance. Nous disposons actuellement d'une halte-garderie de 30 places - même si sa capacité va passer 40 places au mois de septembre 2004 - et d'un réseau de 70 assistantes maternelles agréées regroupées au sein du relais des assistantes maternelles. Dans ces conditions, il nous fallait trouver une solution pour répondre à la demande des parents qui souhaitent faire garder leur enfant à des horaires atypiques, tard le soir ou tôt le matin. Le service de baby-sitting que nous avons mis en place répond en partie à cet objectif.
Quelles sont les ressources mobilisées en interne ?
Malgré le caractère expérimental de cette action, nous avons voulu procéder de manière professionnelle et cohérente. Ainsi, nous avons mis en place une cellule de veille dotée de plusieurs attributions. Placé sous l'autorité du maire et comprenant notamment les élus en charge de la jeunesse et de la petite enfance, la responsable du centre de loisirs, la directrice du centre de loisirs et l'éducatrice chargée d'animer le relais d'assistantes maternelles, cette structure a tout d'abord défini le règlement intérieur du service. Elle est aussi chargée de valider l'inscription des jeunes sur la liste remise aux parents et d'effectuer le bilan d'activité du service. D'un point de vue financier, cette activité n'entraîne pas de dépenses particulières, dans le mesure où les actions de formation sont assurées gracieusement sur le temps de travail des personnes impliquées.
Après quelques mois de fonctionnement, ce service répond-il à vos attentes ?
Il est encore trop tôt pour le dire, mais les réactions des baby-sitters et des familles sont plutôt positives. Cela ne veut pas dire que tous les problèmes de garde sont résolus. En effet, nous sommes confrontés à des demandes importantes sur des horaires atypiques. C'est le cas, par exemple, des familles monoparentales, dont le parent exerce une activité professionnelle débutant très tôt le matin ou s'achevant tard le soir. Dans ces situations, le baby-sitting peut être la solution. Il a sa place parmi les modes de garde de la petite enfance, même s'il est parfois difficile de trouver des baby-sitters acceptant de travailler durant ces horaires, sachant qu'ils exercent par ailleurs eux-mêmes une activité. Ils sont, pour la plupart, lycéens ou étudiants. Pour notre part, nous avons pris la décision de réserver ces horaires atypiques aux personnes majeures. C'est un gage supplémentaire de sécurité pour les parents.
Le relais des assistantes maternelles
Conseils, échanges, information... le relais des assistantes maternelles (RAM) de La Motte-Servolex constitue un lieu ressource pour les 75 assistantes maternelles de la commune. Il est aussi un espace de rencontre ouvert à tous les parents.
Le relais fonctionne comme un véritable réseau. Il met en relation des assistantes maternelles - ou des personnes qui souhaitent le devenir - et des familles, le tout animé par une professionnelle de la petite enfance : en l'occurrence Catherine Donjon, titulaire d'un diplôme d'éducatrice de jeunes enfants (EJE). "Mon objectif est de proposer des actions permettant d'améliorer la qualité de l'accueil des enfants", explique Catherine Donjon. Pour cela, elle intervient de plusieurs manières. Des réunions collectives d'information sont régulièrement proposées en soirée. Elles permettent d'aborder différents thèmes relatifs au développement de l'enfant (sommeil, alimentation, hygiène) ou d'évoquer les relations entre assistantes maternelles et parents. Récemment, avec l'aide d'une psychologue de PMI, la responsable du relais a organisé une rencontre sur le thème de l'autorité et de l'agressivité des enfants. Autre fonction du relais : faciliter la socialisation des enfants et rompre l'isolement des assistantes maternelles. Pour cela, des ateliers d'éveil regroupant quelques unes d'entre elles sont proposées tous les quinze jours. "Ils se déroulent généralement dans les locaux du centre de loisirs, mais je réfléchis actuellement à la possibilité d'organiser un atelier d'éveil à la bibliothèque municipale, centré sur le thème de la lecture", précise Catherine Donjon. Côté familles, le RAM fournit de nombreux renseignements pratiques aux parents intéressés par ce mode de garde. De la recherche d'une assistante maternelle au calcul de son salaire, en passant par les démarches administratives préalables à l'emploi, le contenu du contrat de travail, la présentation des aides versées par la CAF, ou encore l'explication du mécanisme de déduction fiscale, l'éventail des thèmes abordés avec les parents est plutôt large. Sans oublier les habituelles questions sur le développement de l'enfant et les relations avec les assistantes maternelles qui en ont la charge durant la journée.
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