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Rapport Zulesi : encourager les mobilités actives pour préserver l'autonomie

Dans son rapport remis au gouvernement le 17 mars, le député Jean-Marc Zulesi formule 21 propositions "pour maintenir l'autonomie et vivre en bonne santé". Il invite notamment les collectivités à promouvoir un environnement favorable à la pratique de l'exercice physique des personnes âgées.

Le 17 mars, Jean-Marc Zulesi, député (LREM) des Bouches-du-Rhône et coprésident du comité national stratégique de France Mobilités, a remis au gouvernement son rapport intitulé "Marcher, bouger, pédaler : 21 propositions pour maintenir l'autonomie et vivre en bonne santé". La lettre de mission du 28 octobre dernier, signée du Premier ministre, fixait deux axes principaux de travail : d'une part, évaluer les mobilités actives comme outil de prévention de la perte d'autonomie ; d'autre part, définir les perspectives de développement des mobilités actives auprès d'un public qui n'y a pas nécessairement eu recours lors de tout ou partie de sa vie (voir notre article du 8 novembre 2021). Des pistes que conforte notamment le tout récent rapport de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire, de l'environnement et du travail), constatant que l'organisation de la vie de 95% des adultes français les exposerait à une détérioration de leur santé, risques encore majorés par le cumul du manque d'activité physique et de la sédentarité.

Développer une véritable culture de la prévention

A ce jour, la promotion des mobilités actives comme vecteur majeur de préservation de l'autonomie se heurte à plusieurs obstacles : l'investissement insuffisant de la France en matière de prévention "en dépit de progrès récents", la nécessité d'une action sur les mentalités et les comportements et d'un accompagnement individualisé des seniors pour lever les freins à l'engagement dans la pratique de ces mobilités, ou encore la perception d'un espace public ressenti comme peu sécurisant pour les personnes âgées.

Face à ces constats et à l'enjeu des mobilités actives dans la prévention de la perte d'autonomie, le rapport formule 21 recommandations "issues des échanges avec les acteurs du grand âge, du handicap et de la mobilité" et organisées en trois axes. Le premier d'entre eux correspond à "la nécessité de s'inscrire dans une logique globale de prévention et de sensibiliser l'ensemble des acteurs, jeunes retraités, personnes du troisième et quatrième âge en perte d'autonomie, professionnels de santé, personnel médicosocial etc. à l'importance des mobilités actives". A  ce titre, Jean-Marc Zulesi préconise notamment de créer et de déployer un "rendez-vous de la prévention" ciblant en priorité les publics fragiles (bénéficiaires de l'allocation de solidarité aux personnes âgées) et de renforcer les actions de prévention déjà menées par les caisses de retraite ou l'assurance maladie (voir notre article du 11 février 2022). Il s'agit aussi de développer la culture de la prévention chez les professionnels de santé et de capitaliser sur les réseaux locaux de professionnels de santé et ceux de formateurs sportifs, afin de valoriser la pratique des mobilités actives. En parallèle, il conviendrait d'engager une négociation avec les acteurs de l'assurance pour enrichir leur offre "dépendance".

Une image à changer

Le second axe du rapport consiste à agir sur les facilitateurs et les freins à l'engagement dans la pratique des mobilités actives. Cela suppose, en premier lieu, de mieux identifier ces facilitateurs et ces freins. Il convient également de travailler sur des représentations positives de la mobilité des seniors. Dans le même esprit, le rapport suggère de favoriser le partage et les pratiques intergénérationnelles, en lien avec l'Agence du service civique, et de développer des incitations et des outils spécifiquement dédiés à une pratique sécurisée de l'activité́ physique : tricycles, objets connectés (surveillance du pouls), élargissement du financement des aides techniques à l'achat d'équipements sportifs favorisant les mobilités actives, mise en place d'un Pass'Sport pour les plus de 65 ans bénéficiaires de l'Aspa... Cette action devrait se doubler de l'expérimentation de modalités innovantes de sécurisation de l'activité physique des personnes âgées et du développement des pratiques de location de matériel spécifique pour ces dernières.

Les territoires, premiers acteurs de la promotion des mobilités actives

Enfin, le troisième axe est celui qui concerne le plus directement les collectivités territoriales, puisqu'il vise à "faire des territoires les premiers acteurs de la promotion et de la sécurisation des mobilités actives". Pour cela, il conviendrait notamment de sensibiliser les collectivités à la nécessité de promouvoir un environnement favorable à la pratique de l'exercice physique (par exemple à travers des formations de type D-Marche) et de mieux intégrer l'offre de pratique sportive au sein des maisons du troisième âge, tout en encourageant le développement des maisons sports et santé.

Le recours aux bonnes pratiques et à l'exemplarité constitue également un vecteur de mobilisation. Jean-Marc Zulesi recommande donc de valoriser les pratiques exemplaires via la création d'un label "Mobilités actives" et le lancement d'un appel à manifestation d'intérêt (AMI), en élargissant pour cela le fonds d'appui pour les territoires innovants seniors, créé par le ministère des Solidarités et de la Santé et confié au réseau francophone des Villes amies des aînés. De la même façon, la concertation autour des plans d'accessibilité des voiries et des espaces publics (PAVE) devrait s'ouvrir aux professionnels de santé et aux associations représentant le grand âge.

Enfin, une série de préconisations visent l'aménagement urbain, à l'image de l'ouverture des Ehpad sur l'extérieur (en les implantant davantage en centre-ville) ou du développement de modes d'hébergement alternatifs et de l'habitat inclusif. De même, il conviendrait de "garantir des cœurs de ville et des environnements périurbains agréables et sécurisés pour les personnes âgées". Plusieurs mesures sont préconisées à ce titre : réglementation plus respectueuse du partage des espaces et des mobilités actives, continuité des parcours pédestres et cyclistes aux abords des cœurs de ville, lancement d'un "plan banc"... Le rapport reprend également une proposition directement issue des demandes des élus rencontrés : sortir les pistes cyclables de la mesure l'artificialisation des sols, afin de faciliter le développement de ces mobilités sécurisées.

 

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