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Environnement - Seine-et-Marne : des zones humides pour piéger les pesticides avant la nappe

Le 9 octobre, l'association Aqui'Brie a inauguré des zones humides artificielles conçues pour épurer l'eau des pesticides avant leur infiltration dans la nappe du Champigny.

Il y a deux ans déjà, l'association Aqui'Brie présidée par Jean Dey, premier vice-président du conseil général de Seine-et-Marne en charge de l'environnement et de l'aménagement durable, annonçait la création des premières zones humides artificielles chargées d'épurer les eaux de surface agricole avant de rejoindre la nappe phréatique de Champigny. Ces zones représentaient alors une surface de 1,2 hectare. Aqui'Brie, financée par l'agence de l'Eau Seine-Normandie, le département de Seine-et-Marne et la région Ile-de-France, a poursuivi le développement de ces zones qui s'étendent aujourd'hui sur 3 hectares sur la commune de Rampillon, au hameau de la Charité. "Nous sommes exactement dans la même logique de mise en œuvre du processus de phytoremédiation. Nos premiers aménagements ont souffert d'un manque de pluie pour les végétaux plantés. 2012 est la réelle première année de fonctionnement", explique Jean Dey.

Des zones humides situées à un endroit stratégique

Il existe de nombreuses zones humides chargées d'épurer les eaux, mais celles-ci ont la particularité de se situer juste avant l'engouffrement dans la nappe, un endroit stratégique. C'est cette particularité qui intéresse beaucoup les scientifiques. Le projet est d'ailleurs suivi de près depuis le début par le Cemagref, devenu Irstea, et une convention a été passé avec Aqui'Brie. Le réglage hydraulique du dispositif (temps de contact avant infiltration notamment) est encore à affiner. "Ces zones sont également importantes en terme de biodiversité et de continuité écologique pour mailler le territoire", souligne ainsi l'élu.
La nappe phréatique de Champigny alimente près d'un million de Franciliens. Les eaux superficielles représentent par endroit jusqu'à 70% du taux de recharge de cette nappe. Or, ces eaux qui transitent par des zones cultivées peuvent être chargées en pesticides. Les eaux de surface en sortie de parcelle agricole sont chargées de 15 à 30 microgrammes de pesticides par litre : l'objectif est d'atteindre 0,1 microgramme par litre.
Sur les 400 ha de terres agricoles concernées, plus des trois quarts sont couvertes par des mesures agroenvironnementales (MAE), dont Aqui'Brie a la charge. L'association conseille directement les dix agriculteurs présents sur ce territoire. "Ce dispositif n'est pas un droit à polluer, bien au contraire, nous travaillons avec ces agriculteurs car ce sont des éléments moteurs", indique Jean Dey. Les agriculteurs partenaires sont donc maîtres d'oeuvre et gèrent l'ouverture des vannes, qui se situent sur leurs terrains, en accord avec le syndicat intercommunal qui gère localement l'aménagement et l'entretien du bassin.
L'ensemble du projet (acquisition du terrain, études préalables, travaux) représente un budget de 233.000 euros, financé pour moitié par l'agence de l'Eau Seine-Normandie, à 30% par le département et 20% par la région. Selon les résultats de la campagne de prélèvement de l'Irstea attendus pour le printemps 2013, le département pourrait choisir de multiplier ces zones humides.

Des résultats positifs pour le premier plan départemental de l'eau

Ce projet rentre dans un cadre plus vaste de reconquête de la qualité des eaux, dont le premier plan a été signé en 2006. Outre les acteurs institutionnels précités, il regroupe l'Union des maires de Seine-et-Marne et la chambre locale d'agriculture. En 2005, 235.000 habitants du département reçevaient de l'eau non conforme. Près de 82 communes (soit 68.200 habitants) étaient en restriction d'usage suite à des dépassements constatés sur les pesticides (en particulier l'atrazine et ses métabolites malgré leur interdiction), les nitrates, le sélénium ou le fluor. En 2011, à la fin du premier plan départemental de l'eau (PDE 1), 50% des taux de non-conformité avaient été résolus. Et 37 communes avaient complètement stoppé le recours aux produits phytosanitaires pour l'entretien des espaces verts. Aujourd'hui, le PDE 2 est en cours sur la période 2012-2016. "A la fin de ce programme, 75% des problèmes de non-conformité seront pris en charge", espère Jean Dey.