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SRDEII : en Centre-Val de Loire, les acteurs de l'ESS veulent peser dans la balance

Comment intégrer de manière transversale et automatique l'économie sociale et solidaire dans le schéma régional de développement économique, d'innovation et d'internationalisation (SRDEII) du Centre-Val de Loire ? C'est ce sur quoi a planché l'Union des employeurs de l'économie sociale et solidaire (Udes) et la Cress Centre-Val de Loire. Au programme : accompagner les structures de l'ESS durant leurs phases de développement, professionnaliser les acteurs de l'ESS et reconnaître le secteur au-delà de ses thèmes de prédilection, comme l'innovation technologique, le numérique ou la transition énergétique.

Alors que les schémas régionaux et développement économique, d'innovation et d'internationalisation (SRDEII) pour la période 2022-2026 sont en cours de finalisation (voir notre article du 6 mai 2022), quelle va être la place accordée à l'économie sociale et solidaire (ESS) ? En région Centre-Val de Loire, présidée par François Bonneau, l'Union des employeurs de l'économie sociale et solidaire (Udes) a pris les devants en apportant une contribution spécifique sur le sujet, avec un objectif clair : poser l'ESS d'une manière transversale et automatique dans le schéma régional. "Nous devons être présents aux réunions importantes, car c'est là où on peut avancer nos spécificités, rappeler ce que nous sommes et faire de la pédagogie auprès des uns et des autres, explique ainsi à Localtis Benoît Colin, délégué régional Centre-Val de Loire de l'Udes. La crise nous a aidés car elle a montré que l'ESS est très résiliente et que nos missions sont au plus proche des citoyens, notamment les actions d'accompagnement en matière sociale et sanitaire."

Avec plus d'un emploi sur dix (83.011 postes salariés employés, 6.274 entreprises de l'ESS, 8.833 établissements employeurs) et entre 480.000 et 510.000 bénévoles dans les associations, l'ESS pèse lourd en région Centre-Val de Loire. Cette économie est prédominante dans l'action sociale et dans les secteurs des sports et loisirs, mais aussi, dans une moindre mesure, dans les activités financières et d'assurances, l'enseignement, le soutien aux entreprises, la santé et le commerce.

Accompagner les structures ESS dans leurs phases de développement

L'Udes et de la Cress (chambre régionale de l'ESS) Centre-Val de Loire ont présenté le 18 mai plusieurs préconisations visant à mieux intégrer l'ESS dans les SRDEII. Il leur semble tout d'abord important d'accompagner les structures de l'ESS sur l'ensemble des phases de leur développement, en utilisant notamment un outil de diagnostic de territoire pour faire émerger les projets, comme les fabriques à initiatives. Ces entités, créées par l'Avise en 2010 et déployées sur le territoire national, permettent d'accompagner des porteurs de projets d'ESS. L'Udes propose aussi de permettre la professionnalisation des acteurs de l'ESS en favorisant la formation professionnelle, en valorisant la formation bénévole et en renforçant l'attractivité des métiers de l'ESS.

Autre préconisation : favoriser le développement des coopérations territoriales, avec notamment la création de guichets uniques dédiés aux intercommunalités sur la politique de l'ESS faisant relais dans les territoires. Enfin, l'Udes estime qu'il faut "faire de l'ESS un acteur connu et reconnu hors de ses frontières traditionnelles". Ce qui implique de créer les cadres de développement des politiques locales favorables à l'ESS, développer une commande publique en faveur des entreprises inclusives sur les territoires, développer les achats socialement et écologiquement responsables (Aser), et instaurer un lieu "totem" en région pour l'ESS. Investir des sujets plus éloignés de l'ESS, comme le numérique, la transition énergétique ou encore l'innovation technologique doit en effet permettre aux acteurs de l'ESS de faire valoir à la fois leurs spécificités et leurs contributions à ces thèmes. "C'est en démontrant que nous ne sommes pas des entreprises comme les autres, mais que nous sommes des entreprises qui ont les mêmes réalités économiques, sociales, d'investissement qu'on arrivera à compter davantage. Parfois on a tendance à prévoir des actions et des cadres, et, pour y avoir accès, on nous oublie un peu", détaille le délégué régional.

Reste à savoir comment la région se servira de la contribution de l'Udes. "Nous n'avons pas de garantie à ce stade, précise Benoît Colin, mais à nous aussi de réagir si on trouve que la stratégie n'englobe pas assez nos propositions."