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Risques naturels - Tempête Xynthia : la publication des cartographies des zones de danger suscite de vives réactions

Comme annoncé à l'issue du Conseil des ministres du 7 avril, les préfectures de Vendée et de Charente-Maritime ont publié le lendemain les périmètres précis des zones de danger en matière d'inondation. Selon la préfecture de Charente-Maritime, la définition de ces zones a été réalisée selon une méthode établie au plan national combinant quatre critères : la hauteur et la vitesse de l'eau constatée pour chaque zone lors de la tempête Xynthia ; la proximité d'un endiguement exposant certaines habitations à une inondation brutale ; la topographie des sites lorsqu'elle aggrave les effets de l'inondation (les cuvettes, par exemple) ou rend impossible les évacuations d'urgence et enfin la possibilité de se protéger, soit par un aménagement des bâtiments exposés (refuge dédié), soit par l'établissement de zones de repli accessibles par des chemins hors d'eau.

1.510 habitations (595 en Charente-Maritime et 915 en Vendée) présentant un "danger de mort avéré " ont ainsi été classées en "zone noire". Elles seront détruites pour permettre un retour à l'état naturel et leurs habitants seront relogés. En Vendée, 674 habitations sont condamnées à La Faute-sur-Mer et 241 à L'Aiguillon-sur-Mer. Il s'agit dans la grande majorité des cas de résidences secondaires. En Charente-Maritime, les "zones noires" sont plus disséminées : on en trouve sur le territoire de douze communes.
Les "zones jaunes", qui présentent "un risque pouvant être maîtrisé par des prescriptions complémentaires", vont faire l'objet d'un programme de protection (systèmes d'alerte et d'évacuation, prescriptions techniques sur les bâtiments ou protections collectives). Quant aux "zones orange", elles nécessitent une expertise complémentaire qui sera établie dans un délai d'un mois pour déterminer leur classement en "zone noire" ou "jaune".

La préfecture de Charente-Maritime a assuré le 8 avril qu'une cellule d'acquisition des habitations et des terrains situés en "zone noire" était d'ores et déjà opérationnelle. Ces acquisitions se feront "à hauteur du prix du marché avant la tempête" et chaque bien sera évalué par le service des Domaines. Une première tranche de financement sera apportée par les assurances dans le cadre des dispositifs contractuels liés aux situations de catastrophe naturelle. L'Etat fournira le complément via le Fonds de prévention des risques naturels majeurs ou Fonds Barnier. Dans le même temps, une cellule de relogement est chargée de prendre en charge les sinistrés. Elle doit veiller à "une prise en compte des situations individuelles (assurances, mobilisation des aides, situation financière…)". Elle établira un diagnostic par foyer et accompagnera les familles dans leurs projets de relogement. En appui de ces projets, l'Etat assure que les conditions d'accès au crédit seront facilitées pour les sinistrés souhaitant y faire appel. Ils pourront notamment bénéficier d'un prêt à taux zéro et des aides du 1% logement.

 

Les élus font de la résistance

Comme on pouvait s'y attendre, la présentation des zones de danger a provoqué de vives réactions sur le terrain. Alors que les habitants des "zones noires" étaient partagés entre colère et résignation, de nombreux élus sont montés au créneau pour contester les choix de l'Etat. Les quinze maires de Charente-Maritime concernés, réunis jeudi après-midi à Châtelaillon-Plage, ont déploré le "manque de dialogue et d'équité" qui a prévalu à la préparation des cartes, a relaté le maire d'Yves, Didier Roblin. "Pour chaque commune", on dit que la limite est une hauteur d'eau d'un mètre, "mais chacune a été impactée différemment car chacune est différente, a expliqué l'élu. On ne peut pas appliquer la même règle de la Vendée à la Charente-Maritime quand on sait qu'il y a des îles, des baies, des topographies et des origines d'inondations différentes". "Pour moi, ces zonages ont été établis d'une manière trop rapide, expéditive", a pour sa part estimé Jean-Louis Léonard, député-maire UMP de Châtelaillon-Plage. Selon lui, "la méthode est à l'inverse de ce qu'il faut faire. (...) On commence par déplacer les gens et puis on va voir si on peut protéger ceux qui restent. C'est stupide". De son côté, Léon Gendre, maire et conseiller général UMP de La Flotte, située sur l'île de Ré, affirme qu'"on va commencer à dire qu'il y a deux poids deux mesures". "Il y a un gros débat aux Portes. Qui sont les personnes qui ont téléphoné où il fallait pour qu'il n'y ait pas de zone noire ?", se demande le maire, faisant allusion à ce village typique de la pointe nord de l'île particulièrement prisée par les vacanciers.
A Charron, où la réunion de présentation du zonage aux habitants a été particulièrement houleuse, le maire, Jean-François Faget a annoncé ce 9 avril qu'il allait demander au préfet une révision de la cartographie des "zones noires". "On me dit que ce n'est pas négociable mais je me rends compte que ça l'est" dans certaines communes, a-t-il déclaré, "je veux que la définition du zonage soit logique pour tous". "Je ne conteste pas certaines parties des zones noires, les gens le demandent et je le comprends parfaitement", a-t-il dit mais "il y a aussi des endroits qui sont inacceptables (…). Je n'appliquerai pas les décisions sur la commune dans l'état actuel des choses, tant que nous n'avons pas réglé le problème".
En Vendée, si le maire de L'Aiguillon-sur-Mer, Maurice Milcent, a affiché une relative solidarité avec les choix de l'Etat, son homologue de La Faute-sur-Mer va lui aussi demander la révision du zonage pour en réduire l'ampleur. Il considère qu'"il faut analyser au cas par cas" la situation des maisons. "Je reste persuadé qu'en zone inondable, il existe tout un arsenal de moyens techniques" pour prévenir les risques, a-t-il déclaré.


Anne Lenormand avec AFP

 

Le récapitulatif des communes concernées 

En Charente-Maritime
- communes comportant des "zones jaunes" : Chaillevette, La Tremblade, Saint-Clément-des-Baleines, Sainte-Marie-de-Ré ;
- communes comportant des "zones noires" et des "zones jaunes" : Charron, Saint-Trojan, Saint-Pierre-d'Oléron/Saint-Georges d'Oléron (Boyardville), Port des Barques, La Rochelle ;
- communes comportant des "zones noires", des "zones jaunes" et des "zones orange" : La Flotte, Loix, Aytré, Fouras et Yves/Chatelaillon (Les Boucholeurs) ;
- commune comportant des "zones jaunes" et des "zones orange" : Nieul-sur-Mer.
En Vendée
- communes comportant des "zones noires" : La Faute-sur-Mer et L'Aiguillon-sur-Mer.

 

 

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