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Transport.data.gouv.fr place les "petites" AOM au cœur de sa feuille de route

Désormais rattaché au ministère des Transports, le point d’accès national aux données de mobilité a réaffirmé son souhait d’outiller et d’accompagner les territoires dans l’ouverture de leurs données. Parallèlement, le Groupement des autorités responsables de transport (Gart) et l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP) ont publié une première version de la "licence mobilité" afin de mieux maîtriser la réutilisation des données produites par les autorités organisatrices de la mobilité (AOM).

Le 6 mars a eu lieu le passage de relais entre Etalab, à l’origine du projet transport.data.gouv.fr et le ministère des Transports. Une transition en douceur, a-t-on affirmé conjointement du côté de la Dinsic (direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État) et de la DGTIM (direction générale des infrastructures, des transports et de la mer), cette dernière étant désormais aux manettes pour piloter le "point d’accès national" (PAN) aux données de mobilité. "Notre mission est d’apporter un accompagnement quotidien aux producteurs de données, avec une attention particulière aux 'petites AOM'", a déclaré Benoit Queyron, "l’intrapreneur" au sein de la DGTIM en charge du projet aux côtés de deux profils techniques et d’une responsable de l’accompagnement à l’ouverture des données.

Contribuer au report modal

Le PAN, résultante d’obligations européennes traduites dans la loi d’orientation des mobilités (LOM), ambitionne de devenir le socle technique "pour améliorer le report modal vers les mobilités douces, notamment dans les zones moyennement et peu denses". Concrètement, il s’agit d’ouvrir les données nécessaires à la création de calculateurs d’itinéraires multimodaux (transports en commun, véhicules partagés ou en libre-service, vélo…) et de solutions billettiques MaaS (mobilité en tant que service). Point de contact entre les producteurs et les réutilisateurs de données de mobilité, le PAN s’engage à proposer une "donnée ouverte et accessible", "des conditions techniques et juridiques propices à la réutilisation" en vue de "faire bénéficier les voyageurs de services performants". Et au-delà d’une bibliothèque de données, le PAN entend peser sur toute la chaîne de valeur, de la production des données à leur valorisation, en se plaçant au coeur de l'écosystème..

Standardisation des données du vélo

Pour atteindre ses objectifs, le volet standardisation tient ainsi une place centrale car sans formats standardisés, il n’y a pas d’applications d’envergure nationale (voire internationale) possibles. Ceux-ci sont désormais stabilisés pour les horaires et les points d’arrêt des transports publics. Ils permettent à une application comme Mybus de proposer un calcul d’itinéraire sur 375 réseaux de transports publics locaux. En revanche, l’essentiel reste à faire sur les mobilités douces, au cœur du plan de travail du PAN pour 2021. Chaque jeu candidat à l’ouverture fait l’objet d’un chantier balisé de quatre étapes : identification des réutilisations possibles, investigation sur le mode de collecte des données, définition d’un standard avant publication des premiers jeux sur le portail national. Les données du vélo sont ainsi en cours de consolidation : aménagements cyclables, stationnement et comptage. L’équipe projet va également se pencher sur la fréquentation des transports en commun, le comptage routier et les données "temps réel" pour lesquelles ses infrastructures techniques vont être adaptées. 

Services aux collectivités

Le PAN souhaite enfin s’ouvrir à d’autres sources de données issues de collectivités, d’entreprises, d’associations voire de particuliers. Une expérimentation est ainsi en cours sur le crowdsourcing des lieux de covoiturage. Un financement décroché dans le cadre de France Relance va enfin permettre au PAN d’élargir son offre de services, notamment à destination des collectivités. Parmi les pistes étudiées : une aide à la création des plans de mobilité des territoires (sur le volet data), la mise à disposition d’un script en marque blanche pour connaître les prochains passages de bus à un arrêt déterminé ou encore la création d’espaces pour faire remonter les erreurs sur les données… une liste non exhaustive soumise dans les prochaines semaines à l’avis des intéressés.

  • Une licence de réutilisation adaptée aux données de mobilité

La réutilisation des données est conditionnée par une licence définissant les droits et devoirs de réutilisateurs. Depuis plusieurs années, le Groupement des autorités responsables de transport (Gart) et l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP) souhaitent disposer d'une licence adaptée au secteur des transports publics, pour le protéger de tout pillage et notamment des visées prédatrices des grandes plateformes (Google, Uber…). Le groupe de travail mis en place par les deux associations vient de rendre public une première version d'une "licence mobilités". Élaborée sur la base de la licence dite OdBL – celle-ci impose notamment de reverser les améliorations apportées aux données à la communauté –, elle a été nourrie des réflexions de 80 contributeurs. Concrètement, la licence mobilités pose le principe d’identification du réutilisateur (non exigé par la licence standard Etalab) et prévoit "un engagement de compatibilité à la stratégie de mobilité définie par l’autorité publique compétente sur son territoire".