Travaux d’isolation des logements : une étude révèle un fossé avec les gains espérés

Quel est l’impact des gestes d’isolation aidés (par MaPrimeRénov’ ou les certificats d’économies d’énergie-CEE) sur la consommation d’électricité ou de gaz des ménages propriétaires occupants ? C’est à cette question que s’est attelé l’Observatoire national de la rénovation énergétique, dans une étude conduite avec l’Insee, à partir de données issues de compteurs communicants (Linky, Gazpar) sur un échantillon d’environ 80.000 maisons individuelles représentatif d’environ 260 communes françaises, entre le 1er janvier 2018 et le 31 décembre 2023. 

Résultats : les économies d’énergie réalisées ne représentent en moyenne que 36% des projections ex ante pour l’électricité et 47% pour le gaz, confirmant l’existence d’un "energy performance gap", autrement dit d'un fossé en termes de performance énergétique. Les travaux d’isolation subventionnés (hors systèmes de chauffage) ont permis, en moyenne, de diminuer de 5,4% la consommation pour les maisons chauffées à l’électricité, et 8,9% pour celles chauffées au gaz. Avec toutefois un effet beaucoup plus prononcé pour les maisons initialement plus consommatrices, qui affichent une réduction de leur consommation post-rénovation de 9,2% pour l’électricité et 16,6% pour le gaz. Les estimations conduisent à une réduction de la facture d’énergie en moyenne de 114 euros par an pour l’électricité (91 euros pour le gaz). Autrement dit, l’investissement nécessaire pour la réalisation des travaux d’isolation "n’est rentabilisé financièrement qu’à très long terme" (sachant que pour les ménages ayant bénéficié de MaPrimeRénov' le coût moyen de l'isolation est de 14.200 euros) , relève l’étude, qui fait malgré tout valoir d’autres bénéfices en termes de confort, de réduction du bruit, de santé et de réduction des émissions CO2. 

Comment expliquer cet écart avec les gains espérés ? Plusieurs facteurs sont avancés : les modélisations initiales peuvent se révéler trop optimistes, et les travaux de rénovation effectivement réalisés être "de moindre ampleur" - ce que l’étude déduit d'ailleurs de la prédominance des CEE par rapport à MaPrimeRénov’ - ou bien mal réalisés. Les ménages peuvent par ailleurs adapter leur comportement, par exemple en augmentant la température de chauffage, à facture constante, avec un "effet rebond". L’étude constate que la réduction de la consommation pour les maisons isolées est plus importante lors des mois de chauffe (automne et hiver), ce qui concorde avec une diminution des besoins en énergie pour le chauffage. Les économies d’énergie varient aussi en fonction du type d’isolation réalisé. Pour l’électricité, seule l’isolation des murs ou des combles induit une réduction significative de la consommation (respectivement de 7,4% et 5,4%), tandis qu’aucun effet significatif n’est observé pour l’isolation des fenêtres, "ce qui peut venir d’un manque de précision dans l’estimation du fait du faible nombre de ménages ayant réalisé ce geste". Pour le gaz, l’essentiel de ces gains provient également des gestes d’isolation des murs, planchers, combles et toitures.

 

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