Un premier accord avec les pharmaciens
Les pharmaciens d'officine ont obtenu la suspension temporaire de la mesure (arrêté du 4 août dernier) réduisant les remises commerciales possibles sur les génériques, contre laquelle ils protestaient depuis cet été, ont annoncé mercredi 24 septembre Matignon et la principale organisation syndicale du secteur. Est par ailleurs prévu un "accompagnement" des "missions de santé publique" de pharmacies situées dans les territoires ruraux et/ou "fragiles".

© Pharmacie de Paste
"Le gouvernement suspend partiellement, pour une durée minimale de trois mois, l'application de l'arrêté" abaissant le plafond des remises commerciales sur les médicaments génériques, ont indiqué dans un communiqué les services du Premier ministre à l'issue d'une rencontre avec la présidente du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens et les syndicats représentatifs de la profession (FSPF et Uspo).
L'arrêté publié le 6 août avait plafonné dès début septembre les remises commerciales sur les médicaments génériques à 30% du prix de ces produits au lieu de 40% auparavant. Ce plafond devait encore diminuer progressivement pour atteindre 20% début juillet 2027. Le texte avait déclenché une levée de bouclier chez les pharmaciens pour qui les remises, qui ont pour but d'encourager la dispensation de médicaments génériques, moins chers que les originaux, génèrent une source significative de revenus.
Matignon s'est félicité d'"un accord équilibré, combinant des réponses immédiates et des engagements structurants pour l'avenir des officines". "C'est une victoire d'étape pour les pharmaciens dont la forte mobilisation a, dans l'immédiat, porté ses fruits", s'est de son côté réjouie la FSPF.
"Les représentants des pharmaciens, des groupements et des étudiants saluent l’écoute du Premier ministre, qui a entendu nos alertes sur l’érosion du maillage territorial de l’officine et de l’accès aux soins de proximité. Nous avons donc unanimement accepté ce protocole d’accord", écrit pour sa part l'Uspo dans un communiqué. En précisant que le protocole d'accord proposé par Matignon "prévoit, outre la suspension de l’arrêté et le rétablissement provisoire du plafond de 40%, un ensemble de mesures de sauvegarde des officines situées dans les territoires fragiles et de développement des missions des pharmaciens".
Prendre en charge les "maux du quotidien"
Il a en effet été convenu par ailleurs que "l'offre de soins de proximité sera renforcée grâce à l'accompagnement de missions de santé publique dans 900 pharmacies rurales et plus globalement dans les territoires fragiles", selon les services du Premier ministre. Les pharmaciens se sont engagés à prendre en charge des patients se présentant en officine pour "les maux du quotidien", comme des petites plaies ou brûlures, dans des communes dénuées de médecins, selon le président de la FSPF, Philippe Besset. Il s'agirait en fait visiblement de généraliser de l’expérimentation Osys (orientation dans le système de soins), sachant qu'une généralisation était déjà envisagée, entre autres par la proposition de loi du sénateur Philippe Mouiller.
Selon le communiqué de Matignon, les pharmaciens concernés pourront proposer de "réaliser des tests d'orientation diagnostique" pour les angines ou les cystites (ce qui est en fait déjà possible depuis fin 2023), avec prescription d'un traitement si nécessaire. Ils pourront également "renouveler les ordonnances de contraceptifs oraux jusqu'à six mois après leur expiration" et "prolonger, jusqu'à trois mois, le renouvellement de traitements chroniques stables (comme l'hypertension ou le diabète), afin d'éviter toute rupture de soins".
Autre décision prise mercredi, "une mission est lancée sur les flux financiers de la distribution du médicament", selon Matignon. Les conclusions de cette mission, confiée à l'inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l'inspection générale des finances (IGF), "donneront lieu à de nouvelles propositions du gouvernement" concernant le modèle économique officinal, selon la FSPF. " Cette réflexion doit être menée dans des conditions apaisées et donner lieu à des propositions constructives pour garantir la solidité du réseau officinal. Nous appelons donc à suspendre les actions de mobilisation engagées depuis le 1er juillet, en particulier la grève des gardes pharmaceutiques", déclare l'Uspo.
L'optique globale de Matignon en termes de missions des pharmaciens n'est guère nouvelle puisque le "Pacte de lutte contre les déserts médicaux" présenté en avril dernier par François Bayrou mettait déjà l'accent sur la nécessité de "permettre aux pharmaciens d’officine d’assurer directement des premiers soins et de délivrer directement des traitements pour certaines affections courantes". Sur la nécessité, aussi, de "garantir le maillage territorial des pharmacies", notamment en facilitant la création à titre dérogatoire d’une officine dans une petite commune où la dernière pharmacie a récemment fermé.