Un "service civilo-militaire universel" serait "adapté à notre temps", pour le haut-commissaire au plan

Le service national universel est voué à évoluer. Pour le haut-commissariat au plan – France Stratégie, plusieurs scénarios se dessinent : deux voies obligatoires et deux voies volontaires, chacune étant soit civile soit militaire. Ou encore deux voies "hybrides" : un service civil obligatoire suivi d’une période volontaire de service militaire, ou bien un "service obligatoire pour tous, avec options civile et militaire". Le coût annuel d’un tel dispositif est estimé à 5 milliards d’euros. 

Les débats sur l'avenir du service national universel (SNU) portaient, il y a peu, principalement sur deux dimensions : l'intérêt du dispositif pour les jeunes eux-mêmes et pour la cohésion sociale d’une part, la dépense publique associée d’autre part (voir nos articles ci-dessous). Le contexte international remet sur le devant de la scène une dimension longtemps oubliée : celle de la sécurité. En janvier 2025, Emmanuel Macron a déclaré vouloir proposer "un engagement fort" aux jeunes volontaires pour permettre à ces derniers de "servir" - en excluant le rétablissement d'un service national obligatoire mais en mentionnant attendre des propositions du gouvernement et de l'état-major des armées. "Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix", avait ensuite affirmé le chef de l’État le 5 mars 2025, en appelant à la "force d’âme" et à l’"engagement" des Français. 

La ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative travaille actuellement à ce "nouveau modèle d'engagement qui n'est pas le SNU" (voir notre article). Marie Barsacq pourra s'appuyer sur les scénarios dévoilés le 5 mai 2025 par le haut-commissariat au plan et France Stratégie. Un "service civilo-militaire universel dessinerait un modèle français original, adapté à notre temps", estime Clément Beaune, qui dirige ces deux instances appelées à fusionner. Deux scénarios "hybrides" sont proposés. Le premier est un service civil obligatoire (proche du SNU : un séjour de cohésion puis cinq mois de mission de type service civique) suivi d'un service militaire volontaire de trois mois. Ce dispositif coûterait de l'ordre de 5 milliards d'euros (hors coût des infrastructures) si 600.000 jeunes étaient concernés et que 60.000 d'entre eux optaient pour la prolongation militaire, est-il estimé.  

"Le second scénario hybride reposerait sur un service obligatoire pour tous, avec options civile et militaire" : un séjour de cohésion, puis le choix entre un service civil de cinq mois ou un service militaire de trois mois. L'estimation du coût est similaire à celle du premier scénario "si 20% des 600.000 jeunes optaient pour un service militaire et 80% pour le service civil". 

La nécessité d'incitations fortes, quel que soit le scénario retenu 

Sont présentés par ailleurs quatre autre scénarios, "suivant deux axes (service civil ou militaire, engagement volontaire ou obligatoire)",  aux cibles et aux coûts estimés très différents : "un SNU 'vitaminé'", soit une amplification du dispositif actuel (objectif 200.000 jeunes, coût estimé de 600 millions d’euros), un service militaire volontaire (objectif 70.000 jeunes pour un 1,7 milliard d’euros par an), un service civil universel (objectif 600.000 jeunes pour 1,7 à 3,5 milliards d'euros par an) et enfin le retour du service militaire obligatoire (600.000 jeunes pour 14,5 milliards d’euros s’il est mixte, la moitié s’il est réservé aux seuls garçons). 

Le haut-commissariat au plan - France Stratégie expose les choix réalisés en la matière par d'autres pays européens, évoquant notamment la stratégie de défense finlandaise, la "conscription semi-obligatoire et très ciblée" en Suède ou encore les débats sur la réintroduction du service militaire en Allemagne, au Royaume-Uni, en Pologne et en Belgique. Et rappelle que dix pays de l'UE "ont aujourd’hui un service militaire obligatoire", à la fois pour les hommes et les femmes dans deux de ces pays – mais ces dispositifs recouvrent des réalités très différentes puisque la part des jeunes concernés "varie de près de 80% des jeunes hommes en Grèce à moins de 8% des hommes et des femmes en Suède". 

En France, "quel que soit le scénario retenu", la réussite du futur dispositif d’engagement nécessitera "une mobilisation et des incitations fortes" (valorisation dans les parcours scolaires et universitaires, validation des acquis de l’expérience, valorisation dans le calcul de la retraite et le parcours des fonctionnaires, dimension européenne…), souligne l’institution placée auprès du Premier ministre. 

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis