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Fractures territoriales - Une douzaine de métropoles concentrent 46% des emplois en France

Les créations d'emplois se concentrent depuis le début des années 2000 dans les aires urbaines de plus de 500.000 habitants où les métiers sont les plus dynamiques au détriment des petites et moyennes villes, d'après une note d'analyse de France Stratégie publiée le 21 février 2017. Une douzaine de métropoles se partagent presque la moitié des emplois en France.

Le mouvement de concentration de l'emploi dans les métropoles françaises se confirme étude après étude. Amorcé depuis le début du 21e siècle, il devrait se poursuivre, d'après une note d'analyse de France Stratégie, "Dynamique de l'emploi et des métiers : quelle fracture territoriale ?", publiée le 21 février 2017.
Sur la période 2006-2013, les créations d'emploi se concentre ainsi sur les aires urbaines de plus de 500.000 habitants. Une douzaine de métropoles françaises rassemblent près de 46% des emplois, dont 22% pour la seule aire urbaine de Paris, et 24% pour celles de province. "Globalement, les villes moyennes, les petites villes et les communes isolées - en dehors de l'influence des pôles urbains - subissent quant à elles des pertes sur la même période", précise la note de France Stratégie : - 0,8% pour les moyennes et petites aires, et les communes isolées, - 0,6% pour les aires de moins de 100.000 habitants. Il s'agit d'un mouvement "inédit" dans la mesure où la croissance de l'emploi a bénéficié jusqu'en 1999 à l'ensemble du pays. La crise de 2008 semble aussi avoir amplifié la tendance amorcée dès les années 2000.

Effets d'agglomération

Ce mouvement s'explique par le fait que les aires de plus de 500.000 habitants sont positionnées sur des métiers structurellement dynamiques. "En 2011, 85% des ingénieurs de l'informatique, 75% des professionnels de l'informatique et de la communication et 69% du personnel d'études et de recherche y sont localisés", souligne la note, soit principalement les fonctions de production abstraite, les métiers aux tâches non répétitives, l'économie de la connaissance et la tertiarisation.
Autre atout des métropoles : les effets d'agglomération, c'est-à-dire les gains de productivité offerts par la proximité physique des entreprises les unes avec les autres, qui permettent des synergies, des rendements d'échelle, et des externalités positives (diffusion de l'innovation). Les métropoles bénéficient aussi de la complémentarité entre leur pôle urbain, ou centre, et l'espace péri-urbain, qui offre des terrains disponibles, un foncier moins cher, et un espace résidentiel présentant moins de contraintes (notamment moins de congestion urbaine).
A l'inverse, les villes petites et moyennes concentrent des métiers qui perdent des emplois au niveau national ou qui sont peu dynamiques (métiers d'ouvriers, d'employés, agriculteurs). Elles ont subi fortement les effets de la désindustrialisation.
Quant aux communes isolées, elles suivent une dynamique différente, signale France Stratégie. Si les métiers agricoles et d'ouvriers y sont surreprésentés et ont tendance à diminuer, les métiers industriels résistent mieux et les professions de santé, les professionnels des arts, spectacles et les informaticiens s'y développent davantage.

Quel rôle d'entraînement pour les métropoles ?

D'après France Stratégie, ce mouvement de métropolisation "n'est pas néfaste en lui-même", car ces "spécialisations métropolitaines traduisent la formation de grands pôles de compétences, construits sur la complémentarité des appareils productifs locaux et sources de création de richesses". France Stratégie parie ainsi sur des canaux d'irrigation ou des moyens de susciter la richesse produite additionnelle dans la périphérie (économie résidentielle) et de redistribuer une partie de la richesse produite dans les métropoles, à travers notamment la fiscalité. Mais l'institut peine toutefois à savoir si la croissance constatée dans les métropoles peut se diffuser vers le tissu économique environnant. "Il est difficile, à première vue, de savoir si les métropoles jouent ou non un rôle d'entraînement", signale ainsi France Stratégie. Les trajectoires sont très diverses : certains territoires non métropolitains, comme en Bretagne ou en Provence-Alpes-Côte d'Azur, tirent partie de l'économie résidentielle et/ou d'un tissu productif plus résistant ; d'autres, dans le Grand Est, le Centre-Val de Loire ou les Hauts-de-France, continuent de subir les conséquences de la désindustrialisation. Les pourtours des métropoles de Nantes, Rennes, Montpellier créent des emplois tandis que ceux de Lille et Rouen en perdent… La question "mérite des travaux d'investigation supplémentaires", assure pour conclure France Stratégie.

 

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