Funéraire - Une inhumation est en moyenne trois fois plus polluante qu'une crémation
Selon une récente étude, l'inhumation dans un caveau génère en moyenne 3,6 fois plus de gaz à effet de serre que la crémation. Un bilan qui plaide en faveur de cette seconde solution... mais qui, aussi, donne tout leur sens aux cimetières naturels, très peu développés en France.
La crémation a concerné plus de 36% des défunts en 2016. Quasi inexistante en France au début des années 1980, cette pratique a connu, depuis, une forte hausse. Au point qu'elle pourrait dans quelques années faire connaître des chiffres comparables à l'inhumation. 51% du millier de personnes représentatives des plus de 15 ans sondées en juillet 2015 par l'institut Ipsos pour les services funéraires de la Ville de Paris ont exprimé leur préférence pour la crémation (dans le cas de leur propre décès). Mais cette pratique est-elle plus écologique, comme le font valoir certains de ceux qui la promeuvent ? La fondation des services funéraires de la Ville de Paris a voulu le savoir. Les résultats de l'étude (voir ci-dessous) qu'elle a confiée à la start up Verteego spécialisée dans la réalisation de bilans carbone, ne laissent pas de place au doute. Une inhumation génère en moyenne 3,6 fois plus de gaz à effet de serre à l'origine du réchauffement climatique, qu'une crémation. La première solution équivaut en moyenne à 11% des émissions d'un Français moyen sur un an, quand la seconde n'en représente que 3%.
Le gaz utilisé pour la crémation est à l'origine à lui seul de 56% des émissions de gaz à effet de serre dans cette solution, tandis que, pour l'inhumation, 88% des émissions proviennent de la réalisation d'un caveau en béton et éventuellement d'un monument. Les conséquences négatives de l'inhumation pour l'environnement peuvent donc être considérablement réduites par le renoncement à ces options-là. Une inhumation en pleine terre s'avère au total un peu plus écologique qu'une crémation.
Ni caveau, ni pierre tombale
Mais il faut bien reconnaître que cette pratique d'un genre minimaliste est très peu répandue en France, contrairement à ce que l'on peut observer en Europe du Nord. Le cimetière naturel de Souché, que la ville de Niort a inauguré en 2014, fait encore figure de pionnier. Le visiteur n'y trouve ni caveau, ni pierre tombale, mais un pupitre de 30 centimètres en calcaire local. L'inhumation y est pratiquée en pleine terre avec des cercueils en bois non-traité ou en matériaux recyclés. Les vernis sont certifiés sans solvants et les fleurs sont naturelles.
En attendant que les cimetières naturels se développent, il est possible de réduire l'empreinte environnementale de l'inhumation en réalisant des cercueils et des monuments funéraires plus légers et en privilégiant les produits locaux, souligne l'étude qui a été réalisée à partir de données concernant la seule Ile-de-France.
Informer les familles
Le bilan carbone de la crémation pourrait aussi être amélioré en utilisant des cercueils en bois sans vernis ni teintes. Certains crématoriums, comme celui du Père Lachaise à Paris, ont également mis en place un système de récupération de la chaleur des fours pour chauffer les bâtiments. L'obligation pour les 183 crématoriums français de mettre en oeuvre d'ici février de nouvelles normes en matière de filtration des rejets polluants (dioxine, mercure...) devrait de plus contribuer à rendre la crémation un peu moins polluante.
Il reste aux opérateurs funéraires à "guider" les familles dans leur choix, en les informant sur l'impact social et environnemental des différentes solutions funéraires, tout en tenant compte du coût des funérailles et des traditions religieuses et culturelles, conclut l'étude. Quant au fait d'orienter les élus et les gestionnaires pour les inciter à faire évoluer les pratiques, on mentionnera notamment le guide tout récemment publié par Plante & Cité avec l'appui de Villes de France et de la Fédération nationale des conseils d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (voir notre article du 27 octobre).