Une nouvelle étape pour le "régionalisme économique" breton

Après plusieurs mois d'ateliers entre chefs d'entreprises et acteurs locaux, la Bretagne a dévoilé son "pacte" économique, lors du Forum économique breton (FEB) qui s'est tenu à Saint-Malo les 10 et 11 septembre 2025. Un engagement qui repose sur quatre priorités : la croissance et le développement, la recherche et la formation, la durabilité et l'identité et la culture.  

L'idée de créer un "pacte breton" avait germé lors des précédentes éditions du Forum économique breton (FEB). C'est maintenant chose faite, avec une quarantaine de mesures affichées lors de la sixième édition de cette manifestation, qui s'est tenue les 10 et 11 septembre 2025, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Ce pacte repose sur quatre thématiques particulières, la croissance et le développement, la recherche et la formation, la durabilité, l'identité et la culture. Il a été élaboré dans le cadre d'ateliers menés depuis début 2025 entre élus, institutionnels et acteurs économiques et à partir d'une étude réalisée par le cabinet d'audit Forvis Mazars, un des participants au FEB (voir notre article du 23 juin). Fruit de toutes ces réflexions, le pacte ne formule pas de programmes spécifiques dans les domaines identifiés mais propose des pistes d'actions. Il répond aux demandes des dirigeants que le cabinet d'audit a recueillies dans son étude menée auprès de 400 dirigeants en mars 2025, et dont les résultats ont été présentés en début de forum le 10 septembre.

La solidité du tissu entrepreneurial régional

Premier constat : il y a bien une singularité bretonne. Ainsi, 80% des dirigeants interrogés jugent la situation de leur entreprise bonne, c'est 35 points au-dessus de la moyenne nationale. "Un niveau de satisfaction notable, indique le cabinet, qui témoigne de la solidité du tissu entrepreneurial régional." Et cette perception est plus particulièrement marquée dans des secteurs comme la construction (90%) et l'industrie (85%) qui souffrent pourtant au niveau national de grandes difficultés liées à la conjoncture économique actuelle. 96% des dirigeants interrogés estiment que la Bretagne est une région économiquement dynamique. "C'est marquant, c'est une vraie spécificité de la région, détaille Eve Martineau, associée Forvis Mazars. Il y a quelque chose d'historique dans ce dynamisme, les entreprises sont confiantes, et cela vient aussi de certaines caractéristiques du territoire, comme une économie diversifiée avec de l'agroalimentaire, des services, du numérique, de l'industrie, et une forte capacité de résilience, y compris dans des secteurs qui sont chahutés au niveau national." D'après Laurence Fortin, vice-présidente aux finances et à la prospective, "il y a un fort ancrage territorial en Bretagne, on fait confiance à notre territoire donc on ose agir".

La compétitivité et les ressources humaines au premier rang des préoccupations

Des différences territoriales existent toutefois, avec des départements (Ille-et-Vilaine, Morbihan) plus optimistes, car portés par des écosystèmes dynamiques (Rennes et Vannes notamment) et des atouts en matière d'innovation, d'infrastructures et d'attractivité résidentielle, quand d'autres affichent des niveaux de satisfaction plus modérés. En l'occurrence, les Côtes-d'Armor sont davantage exposées aux mutations industrielles et aux tensions sur l'emploi qualifié, notamment dans les zones rurales ou littorales moins bien desservies. Ils sont aussi 83% à percevoir l'identité bretonne comme un atout. Et parmi les défis majeurs qu'ils identifient : les ressources humaines, qui correspondent à leur première préoccupation (68% de ces entrepreneurs font face à des difficultés de recrutement) et les freins qui brident la compétitivité.

Une population vieillissante

"Dans les défis cités par les dirigeants, l'un des sujets prioritaires concerne les ressources humaines, il s'agit d'adapter les formations, d'anticiper les transitions", explique à Localtis Eve Martineau. Pour la région, c'est en effet d'un sujet central, le territoire étant attractif mais également vieillissant. "À l'horizon 2050, nous devrions avoir 250.000 Bretons de plus, ce n'est pas rien, a noté Laurence Fortin. Mais la pyramide des âges évolue vers des personnes de plus en plus âgées, on va manquer d'actifs, même en augmentant la population."

Parmi les mesures avancées lors des ateliers : intensifier les programmes de formation professionnelle, faciliter leurs conditions d'accès, renforcer les recherches sur les ressources marines et l'alimentation durable, faire preuve d'agilité et de réactivité dans l'adaptation des programmes de formation pour satisfaire les besoins changeants du marché du travail, renforcer les partenariats entre institutions et acteurs économiques pour promouvoir les filières stratégiques de la région (cybersécurité, agroalimentaire, énergies renouvelables,...) et créer une stratégie régionale de développement des talents.

Mieux orienter les achats

Le deuxième défi majeur est centré sur la croissance et le développement de la compétitivité des entreprises, avec en première ligne, la nécessité de développer une stratégie industrielle régionale et de favoriser la croissance et la résilience des PME et ETI bretonnes. Il s'agit aussi de proposer une nouvelle approche de l'aménagement du territoire, pour équilibrer zones industrielles, résidentielles, naturelles, dans un contexte de sobriété foncière et de développer l'innovation. Autres mesures : favoriser l'implantation ou le développement d'activités industrielles, permettre l'appropriation de l'IA par toutes les entreprises, mieux accompagner les entreprises pour se développer à l'étranger et mieux orienter les achats, l'idée étant de favoriser les entreprises bretonnes. Un plan d'actions pour une relocalisation décarbonée a été lancé sur le sujet en 2023 (voir notre article du 16 septembre 2024).

Les deux autres thématiques se centrent sur la durabilité et l'identité et la culture. Pour le premier thème, des mesures sont ainsi proposées dans le domaine des transports, de la décarbonation, et de la souveraineté territoriale, et de la résistance des infrastructures et des entreprises face aux aléas climatiques. En matière d'identité et de culture, les participants à la réflexion proposent notamment de préserver le patrimoine bâti et immatériel, de mettre en avant la diversité des expressions culturelles et artistiques bretonnes, de faciliter l'accès à la culture et aux loisirs.

› L'agence Bretagne développement innovation devient "Bretagne Next"

Un nouveau président et un nouveau nom. L'agence Bretagne développement innovation devient "Bretagne Next", pour "Nouvelle Economie, eXpertise et Transitions", indique la région dans un communiqué. Sa présidence a été confiée à Loïc Hénaff, conseiller régional et patron du groupe agro-alimentaire Jean Hénaff. Il succède à Hugues Meili qui a présidé la BDI pendant huit ans.

 

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