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Accueil des réfugiés : l'État et les élus de 21 grandes villes se concertent pour des actions coordonnées

Christophe Castaner et Julien Denormandie ont rencontré les élus de 21 villes concernées par l'accueil des réfugiés "afin d'échanger avec eux sur l'accueil des réfugiés sur le territoire national". Selon les deux ministres, "les échanges ont permis de souligner la complexité des enjeux et la nécessité d'avoir des réponses coordonnées et à la hauteur des défis".

Parfois sujet de tension entre l'État et les maires lors de la décision d'implanter un centre d'accueil, la question des réfugiés et des demandeurs d'asile devient un sujet de concertation. Le 14 octobre, Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, et Julien Denormandie, le ministre de la Ville et du Logement, ont en effet rencontré 21 élus locaux représentants des grandes villes et des métropoles, mais également de villes moins peuplées mais très concernées par l'accueil des réfugiés, à l'image de Grande-Synthe près de Dunkerque(*). Cette rencontre s'inscrit clairement dans le prolongement du récent débat sur l'immigration à l'Assemblée nationale et au Sénat. Elle répond aussi, de façon indirecte, à la lettre de treize maires de grandes villes qui, en avril dernier, dénonçaient la "situation indigne" des migrants et demandaient la création de places d'hébergement supplémentaires (voir notre article ci-dessous du 25 avril 2019).

Un dispositif "sous pression"

Selon le communiqué commun publié par les deux ministres à l'issue de cette réunion, "les échanges ont permis de souligner la complexité des enjeux et la nécessité d'avoir des réponses coordonnées et à la hauteur des défis". Comme le soulignait récemment une étude de l'OCDE (voir notre article ci-dessous du 19 septembre 2019), la France connaît, depuis 2017, "une situation migratoire inédite notamment au regard de l'augmentation de la demande d'asile". Celle-ci a progressé en effet de 21% en 2018, soit un total de 120.000 demandes d'asile, alors qu'elle a reculé nettement dans la plupart des pays de l'Union européenne. Christophe Castaner a expliqué que cette situation exceptionnelle "met sous pression notre capacité collective à bien traiter les demandes de celles et ceux qui ont un réel besoin de protection et qui sont les premières victimes d'un système en tension".

Face à cette situation, le ministre de l'Intérieur a aussi rappelé que le gouvernement ne restait pas inactif avec, depuis le début du quinquennat, la création de 7.500 places pour demandeurs d'asile et de 5.000 places dédiées à l'hébergement de certains réfugiés. Soit, pour les demandeurs d'asile, une hausse des capacités d'accueil de 14% depuis deux ans et un doublement depuis cinq ans (autrement dit depuis la crise migratoire de 2015) et, pour les réfugiés, une multiplication des capacités dédiées par plus de trois en deux ans.

"L'État ne peut agir seul"

Ces efforts ne suffisent pas à faire face à la progression du flux de réfugiés et n'empêchent donc pas le développement des campements sauvages, auxquels sont confrontées certaines villes. Sur ce point, Christophe Castaner a réaffirmé "la détermination de l'État à agir, comme ce fut récemment le cas à Calais, Grande-Synthe ou Saint Herblain et la nécessité d'une action coordonnée avec les collectivités, en matière de salubrité publique, comme de prévention des installations de voie publique".

Pour sa part, Julien Denormandie a plutôt insisté sur l'intégration des réfugiés – une fois admis à l'asile – en expliquant qu'"avec la maîtrise de la langue et l'accès à l'emploi, le logement est une des trois conditions clés de l'intégration. C'est pour cela que le relogement des réfugiés est un axe prioritaire du plan Logement d'abord". Depuis janvier 2018, près de 33.000 réfugiés – dont plus de 13.000 depuis janvier 2019 – ont pu accéder à une solution de logement pérenne ou adaptée, "sous l'action coordonnée des services de l'État en lien avec les élus locaux et les acteurs associatifs et en veillant à ce que cela ne se fasse sans concurrence avec d'autres publics".

Car là se situe le message principal de cette réunion : selon le communiqué final en effet, "l'État continuera de prendre pleinement ses responsabilités, mais ne peut agir seul" et si "le défi migratoire est immense, la mobilisation doit être à la hauteur et ne sera efficace que si elle collective". Les deux ministres invitent donc les collectivités "à poursuivre/intensifier leur engagement, notamment en se fixant des objectifs à la hauteur du défi de la crise migratoire, comme le fait l'État, notamment en Île-de-France avec l'objectif fixé par le préfet de région de 600 personnes réfugiées à reloger dans le parc social sur le contingent préfectoral d'ici la fin de l'année".

S'exprimant ce 15 octobre lors d'une conférence de presse (centrée sur d'autres sujets d'actualité, voir notre article de ce jour), François Baroin, le président de l'Association des maires de France, a tenu à rappeler que l'enjeu des migrants est bien "un problème national et une prérogative de l'Etat"  mais que face à "la réalité humaine" souvent dramatique, "ce sont nous, les maires, qui faisons face". "Nous avions lancé un cri d'alarme il y a dix-huit mois déjà, demandant collectivement que l'Etat soit à la hauteur". S'agissant des places d'hébergement, François Baroin appelle à "une répartition territoriale en fonction des capacités de chaque territoire", sachant qu'au-delà de l'hébergement, le rôle de la collectivité est évidemment plus large. Il s'agit d'être en mesure de "secourir, accueillir, intégrer", résume-t-il, déclarant "attendre la suite".

 

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