A Ajaccio, un téléphérique urbain face au tout-voiture

Ajaccio a inauguré ce 18 octobre son téléphérique urbain, le quatrième en France, qui ne fait pas l'unanimité mais est destiné à désengorger les routes face aux difficultés quotidiennes de déplacements dans la ville la plus peuplée de Corse.

Après Brest, Saint-Denis à La Réunion et Toulouse en 2022, Ajaccio, qui compte 75.000 habitants, est devenue ce 18 octobre la première ville du bassin méditerranéen à mettre en service un téléphérique urbain.

Baptisé "Angelo" du nom du mont Sant'Anghjulu où il est construit, le téléphérique d’Ajaccio part du front de mer pour franchir, après 54 mètres de dénivelé, une colline avec, au sommet, l'hôpital. Ouvert de 6h30 à 22h00, il va relier en 12 minutes le quartier Saint-Joseph en bord de mer au pôle économique et résidentiel en pleine expansion de Mezzavia, avec deux arrêts intermédiaires, l'un donnant accès à un parc de 8 hectares, encore en travaux, avec un belvédère sur la ville et l'autre situé à proximité de l'hôpital, d'un collège, de la principale salle de concert et d'un stade. 

Remédier à la pollution 

Le "téléporté" vise "à désenclaver une entrée de ville asphyxiée, où se sont construits un palais des sports et des spectacles, un collège de 700 élèves, un hôpital avec plus de 2.000 agents, des milliers de logements, des centres commerciaux...sans jamais anticiper les flux et les contraintes d'accessibilité", défend Stéphane Sbraggia, le maire divers droite de la ville.

Sa mise en service doit "améliorer la santé publique" : les déplacements en Corse sont aujourd'hui "l'un des premiers postes de pollution", d'où la nécessité de "diminuer l'usage de la voiture" en favorisant les mobilités durables, indique la communauté d'agglomération du pays ajaccien (Capa). Car, selon une étude de l'agglomération, 75% des trajets de moins de trois kilomètres se font en voiture.

Critiques à l'approche des municipales

D'un coût de 38 millions d'euros financé à 70% par l'État, ce téléphérique doit permettre de transporter sur trois kilomètres, entre 1.000 et 1.500 passagers par heure et par sens, dans 34 cabines. Il comporte un marché d'exploitation de 23,8 millions d'euros sur 10 ans, avec 28 emplois permanents, indique la Capa.

Mais depuis le départ, ce projet soulève des critiques, exacerbées à l'approche des municipales de 2026 : les autonomistes de Femu a Corsica parlent d'"un projet insensé, démesuré et très largement impopulaire", les indépendantistes de Core in Fronte de "chronique d'un échec annoncé" et le Rassemblement national s'inquiète d'un "saccage" environnemental lié au déboisement sous le tracé.

Plus de 20.000 usagers potentiels dénombrés

Un abonnement multimodal (bus + future navette maritime + tram-train + téléporté), à 30 euros par mois a été mis en place et l'équipement serait rentable à partir de 3.600 voyageurs par jour alors que plus de 21.000 usagers potentiels ont été dénombrés, selon la Capa.

A Toulouse, depuis la mise en service en mai 2022, Tisséo, la régie publique des transports, a enregistré plus de 5,2 millions de validations, soit en moyenne, 6.000 validations par jour en semaine. A Brest, où l'opposition de droite avait beaucoup critiqué ce choix en 2016, le premier téléphérique urbain de France, qui relie en trois minutes les rives du fleuve Penfeld, a effectué plus d'un million de voyages en 2024, contre 864.000 en 2017, soit une hausse de 17%, précise Bibus qui gère l'équipement.

 

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