Plus de places en crèche dans les quartiers prioritaires : une réponse sociale à un besoin urgent
Pour renforcer l’égalité des chances dès la petite enfance, près de 100 nouvelles crèches verront le jour d’ici 2028 dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Soutenue financièrement par la Banque des Territoires, cette initiative de justice sociale change la donne pour des milliers d'enfants et leurs parents.

© Adobestock - Halfpoint
Petite enfance : une pénurie d'offres d'accueil
En France, l'offre d'accueil des enfants de moins de 3 ans est insuffisante pour faire face aux besoins, malgré une natalité en berne. Le rapport de 2024 de l’Observatoire national de la petite enfance révèle qu’en 2021, 49 % des enfants de moins de 3 ans étaient confiés à au moins un mode d'accueil financé par la Caf, comme les crèches, les assistantes maternelles ou les gardes à domicile. On comptabilise en fin d’année 2022 1 312 000 places d'accueil, soit un taux de couverture de 60,3 places pour 100 enfants de moins de 3 ans. Des chiffres qui dénotent la réalité de la pénurie de places disponibles en crèches.
Aujourd’hui, on compte environ 1,3 million de places dans un mode d’accueil formel réparties ainsi :
- 52 % auprès des assistantes maternelles ;
- 39 % en crèche ;
- 5 % via la scolarisation précoce (moins de 2 ans) ;
- 4 % par la garde au domicile des parents.
Un secteur en crise et des disparités territoriales dans l’accès aux crèches
À cette pénurie s’ajoute une inégalité de répartition. En Seine-Saint-Denis, par exemple, on compte moins de 4 places pour 10 enfants, contre 7 sur 10 en Bretagne ou dans les Pays de la Loire.
Cette fracture territoriale recoupe une fracture sociale. Seuls 23 % des enfants issus des familles les plus modestes sont accueillis dans un mode de garde formel, contre 74 % des enfants des familles aux revenus plus élevés.
Dans les secteurs les moins favorisés, le manque de places est plus fort. Un Quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) sur trois ne possède aucune crèche.
Ces écarts ont des conséquences lourdes : freins au développement de l’enfant, accès à l’emploi plus difficile pour les parents, perte d’attractivité des quartiers… Un cercle vicieux qu’il devient urgent d’enrayer.
Le manque de solutions de garde freine également le retour à l'emploi avec 40 % des demandeurs d'emploi qui sont confrontés à un problème de garde. C’est encore plus vrai dans les quartiers prioritaires où les familles monoparentales sont sur-représentées. Enfin, cela impacte l’attractivité et le dynamisme de ces territoires dont les habitants n’ont pas accès aux services qui sont pourtant essentiels à leur quotidien.
Quartiers prioritaires de la Politique de la ville : 100 nouvelles crèches d’ici 2028
Pour contribuer à l'égalité des chances, favoriser l'inclusion sociale et professionnelle, et redonner de l'attractivité aux quartiers prioritaires, Yci Enfance mise sur la création de 100 nouvelles crèches en Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) d'ici 2028. Le projet devrait permettre la création de près de 4 000 places.
Les projets de crèches, de 24 à 60 berceaux, seront financés par des emprunts de la société à mission Yci Enfance, co-fondée par Meridiam et le fonds d'investissement de l'ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine) auprès de la Banque des Territoires via le Prêt Renouvellement Urbain (PRU AM). Cette initiative est soutenue par le Gouvernement – plus précisément par la ministre chargée de la ville, Juliette Méadel, qui en a fait une des mesures du dernier Comité Interministériel des villes du 6 juin dernier.
La Banque des Territoires octroie une enveloppe de 151 M€ sur deux ans par le biais du Prêt Renouvellement Urbain (PRU AM). Ce prêt, au taux du Livret A + 0,60 % sur une durée de 28 ans, permet à Yci Enfance de construire ou de réhabiliter des crèches dans les secteurs sous-équipés.
Des crèches pérennes grâce à une stratégie d’investissement responsable
En lien étroit avec les collectivités, Yci Enfance pilote chaque étape du projet. L'objectif : concevoir et mettre en œuvre des projets de qualité et soutenables pour les territoires concernés.
Parmi ses missions :
- identifier des territoires prioritaires au regard du taux de couverture en modes de garde, du taux de pauvreté et de la densité de population ;
- rechercher un foncier à acquérir ou mis à disposition par la collectivité dans le cadre d'un bail emphytéotique ;
- porter l'investissement et assurer l'ingénierie et la maîtrise d'ouvrage des projets ;
- confier l'exploitation de la crèche à une des cinq associations à but non lucratif pré-sélectionnées – Léo Lagrange, Crescendo, Auteuil Petite Enfance, les adhérents de la Mutualité Française et Synergie Family – d'autres associations (plus locales) pourront rejoindre le consortium porté par Yci Enfance ;
- proposer le loyer le plus faible possible pour sécuriser le modèle économique sans impacter la qualité de l'accueil et des soins aux enfants ;
- restituer à la collectivité les bâtiments après 30 ans pour assurer la pérennité du projet.
Nous levons le frein à l'investissement et permettons à des projets de voir le jour dans des quartiers où le taux de couverture en modes de garde varie de 20 % à 40 % alors que la moyenne nationale est à 60 %.
Éclosion des premières crèches dès 2026
Les premières crèches issues de ce programme verront le jour début 2026. Dix projets ont déjà été validés, dont trois sont en travaux :
- à Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, une crèche de 30 berceaux est en construction au rez-de-chaussée d'un bâtiment d'habitation et ouvrira en janvier 2026 ;
- à Tourcoing dans le Nord, une crèche de 39 berceaux prendra place dans une ancienne crèche vétuste en cours de réhabilitation pour une ouverture en janvier 2026 ;
- à Chenôve en Côte-d'Or, une crèche de 39 berceaux entrera en service en 2027 sur un terrain mis à disposition par la SPLAAD (Société Publique Locale Aménagement de l'Agglomération Dijonnaise).
Les sept autres projets sont en cours de développement à Montpellier (deux crèches), à Besançon, à Orly, à Rillieux-la-Pape, à Romainville, et à Marseille pour des mises en service annoncées entre 2027 et 2028. Enfin, une trentaine d'autres projets sont en phase d'étude de viabilité.
En facilitant l’implantation de crèches dans les quartiers les plus en difficulté, la Banque des Territoires agit dès le berceau pour réduire les inégalités et offrir à tous les mêmes chances de s'épanouir et de réussir. Une politique d’investissement social au long cours, au service d’un développement plus inclusif et plus équitable.

© Laure Burellier
Laure Burellier
Responsable de l'équipe Politique de la Ville de la Banque des Territoires
Après avoir fait, Hypokhâgne, Khâgne et Sciences Po Lyon, Laure Burellier a exercé en collectivité locale puis au ministère chargé de l'Éducation nationale avant d'intégrer en 2016 le groupe Caisse des Dépôts au poste de responsable de service RH. Depuis un an et demi, elle a rejoint la direction des prêts et vient de prendre la fonction de responsable de l’équipe chargée de la Politique de la Ville.

© Thomas Marin
Thomas Marin
Chef de projet Secteur Public Local à la direction des prêts de la Banque des Territoires
Diplômé de Sciences Po Lille, Thomas Marin a ensuite effectué un apprentissage à la DRH d'Air France dans le cadre de sa scolarité à l'ESCP Business School avant d'exercer comme consultant en optimisation du BFR. Depuis 10 ans, il travaille à la direction des Prêts de la Banque des Territoires. Il y occupe actuellement le poste de chef de projet Secteur Public Local.

© Cécilie Cristia-Leroy
Cécilie Cristia-Leroy
Directrice générale d'Yci Enfance et ancienne commissaire à la lutte contre la pauvreté
Cecilie Cristia-Leroy est la directrice générale d’Yci Enfance. Aujourd’hui en détachement, elle est fonctionnaire du corps des ponts, eaux et forêts. Son parcours l’a conduite à piloter de nombreux projets dans le champ de la lutte contre la pauvreté. Elle a précédemment occupé les postes de Commissaire à la lutte contre la pauvreté en Auvergne-Rhône-Alpes et d’adjointe au délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement.