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Lutte contre l'exclusion - Dans son rapport statistique 2015, le Secours Catholique pointe la "fracture mobilité"

Comme chaque année, le Secours Catholique publie son "Rapport statistique" sur l'état de la pauvreté en France. Celui-ci fait toujours l'objet d'une attention particulière, dans la mesure où l'association a été la première à se doter d'un véritable service statistique et que la fiabilité de ses publications en la matière est très largement reconnue. Comme chaque année également, le rapport est placé - outre les données générales - sous le signe d'une thématique particulière : la "fracture mobilité".

Premier mode de déplacement : la marche à pied

Cette étude thématique s'appuie sur une enquête, menée entre avril et juin 2015, auprès de personnes fréquentant des accueils ou participant à des activités que propose le Secours Catholique, mais aussi auprès des salariés de structures d'insertion ou des résidents de structures d'hébergement qui lui sont liées (4.355 questionnaires retournés). L'enquête s'appuie également sur la comparaison avec des groupes témoins, non concernés par la précarité.
Parmi les personnes précaires, les raisons de déplacement sont liées, d'une part, au lieu de résidence - "car vivre dans un lieu isolé oblige à plus de mobilité" - et, d'autre part, aux motifs de déplacement. A l'inverse, la vie sociale et les loisirs tiennent moins de place dans les déplacements des personnes en situation de précarité. Ces dernières sont ainsi nettement moins nombreuses à utiliser un moyen de transport, quel qu'il soit. Autre élément mis en évidence par l'étude : les plus âgés sont les moins mobiles.
Le premier mode de déplacement chez les personnes précaires est la marche à pied. Les moyens de déplacement mécanisés - jugés pratiques, mais chers - ne sont pas pour autant absents chez les personnes précaires, mais dans des proportions moindres qu'au sein des populations de référence. Par exemple, le taux de possession d'une voiture est de 82,5% chez les moins de 60 ans en population de référence, contre 56,1% chez les personnes précaires. Cette perception d'un moyen de transport coûteux s'étend aussi au permis de conduire. Le taux de possession du permis est donc, là aussi, inférieur chez les moins de 60 ans précaires (50%) par rapport à celui observé dans la population de référence (plus de 85%).

Un usage non distinctif des transports en commun

Face à ces coûts - et contrairement à ce que l'on pourrait penser -, le deux-roues motorisé reste peu répandu, tandis que l'usage du vélo comme moyen de transport pâtit de son image de loisirs. D'autres solutions restent aussi d'un usage relativement marginal, à l'image du covoiturage.
En dehors de la marche à pied, le mode de transport le plus utilisé par les personnes en situation de précarité demeure donc les transports en commun, même lorsqu'elles sont éloignées. En termes d'usage, les précaires et les populations de référence présentent des taux d'utilisation quasi identiques. En revanche, l'étude relève que relativement peu de personnes bénéficient d'aides ou de réductions en matière de transports en commun (celles des personnes âgées précaires étant liées à l'âge plus qu'à la précarité). Point positif : les usagers des transports en commun s'en déclarent satisfaits, même si la proportion de personnes précaires est un peu plus faible qu'en population générale.
Conséquence de ce tableau général : "les personnes en situation de précarité sont davantage contraintes de limiter leurs déplacements"'. Ces restrictions de mobilité impactent en premier lieu la vie sociale et ont donc pour premier effet un accroissement de l'isolement.
 

 

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