Déchets ménagers : une hausse de 4% des volumes collectés par habitant mais plus de tri et de valorisation

Le service public de gestion des déchets ménagers a collecté 615 kg par habitant en 2021, soit une hausse de 4% par rapport à 2011, selon une étude publiée le 4 juin par l’Insee. Mais le tri a progressé de 21% en dix ans tandis que la production d’ordures ménagères résiduelles a régressé de 14%. Les déchets sont davantage destinés au réemploi ou au recyclage ainsi qu’au compostage ou à la méthanisation. Le document met aussi en évidence des disparités territoriales. Dans les zones touristiques, particulièrement le long du littoral, les quantités de déchets ménagers collectées par habitant sont plus élevées qu’ailleurs. A l’opposé, elles sont moindres, et les déchets davantage triés, dans les intercommunalités ayant mis en place une tarification incitative.

En 2021, 41 millions de tonnes de déchets ménagers et assimilés ont été collectés par le service public de gestion des déchets en France métropolitaine et à La Réunion, soit 615 kg par habitant, selon une étude publiée le 4 juin par l’Insee. Ce chiffre est en hausse de 4% depuis 2011 alors que l’objectif fixé par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) de 2015 prévoyait une diminution de 10% en 2020 par rapport à 2010 et de 15% en 2030.

Si les quantités de déchets collectées ont globalement augmenté, de plus en plus de déchets sont recueillis par le tri, via les collectes séparées et les apports en déchetterie, relève toutefois l’Insee. En 2021, ces déchets s’élèvent à 370 kg/hab., soit 65 kg/hab. de plus qu’en 2011. Leur quantité par habitant a augmenté de 21% en dix ans alors que celle des déchets non triés, les ordures ménagères résiduelles, a baissé de 14%. Ces dernières représentent 245 kg/hab., soit 41 kg de moins qu’en 2011.

Plus de valorisation matière ou organique

Les principaux déchets triés sont les matériaux recyclables (papiers, cartons, verre, métaux, plastiques, textiles, etc.) qui constituent 34% des déchets issus de la collecte séparée et des déchetteries en 2021. La performance de collecte des déchets triés a augmenté de 17% en dix ans pour atteindre 126 kg/hab. Les performances de collecte sur les déblais et gravats (66 kg/hab.) et les biodéchets (85 kg/hab.) ont connu une évolution comparable.

Le développement du tri permet d’envoyer à la valorisation matière ou à la valorisation organique davantage de déchets et ainsi de réduire l’impact sur l’environnement, souligne l’Insee. En 2022, la France dispose de près de 1.800 installations de traitement des déchets dont 710 procèdent au tri, 670 au compostage, 120 à l’incinération avec récupération d’énergie et 170 au stockage.

En 2021, près de la moitié des tonnages collectés étaient orientés vers la valorisation matière ou organique, soit un pourcentage en hausse de 11 points par rapport à 2011. Il reste cependant en deçà de l’objectif de 55% fixé pour 2020 par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte alors que l’objectif de 65% fixé pour 2025 apparaît difficilement atteignable. La quasi-totalité des déchets verts et biodéchets sont destinés à être transformés en compost ou, par méthanisation, en énergie renouvelable. Tous les matériaux recyclables sont envoyés également en valorisation, essentiellement pour une récupération de matière. Mais dans les centres de tri des déchets ménagers et assimilés, le taux de refus de tri peut atteindre 30%. Des déchets mal triés au départ ou ne pouvant pas être pris en charge sur le site où ils sont envoyés sont alors incinérés ou stockés.

Plus de la moitié des déblais et gravats sont orientés vers la valorisation matière ou organique, presque le double qu’en 2011. Une part moindre des encombrants est orientée vers la valorisation (39 %), nettement plus cependant qu’en 2011 (19 %), grâce à une meilleure séparation des matériaux, mais aussi, à davantage de réutilisation et de recyclage.

Incinération avec récupération d'énergie

Les ordures ménagères résiduelles collectées via les poubelles classiques sont surtout destinées à être incinérées avec récupération d’énergie (68%). Seules 8% bénéficient d’une valorisation matière ou organique dans les quelques territoires proches d’installations permettant de les trier mécaniquement.

Les déchets, de tous types, qui ne sont pas orientés vers la valorisation matière ou organique sont envoyés à l’incinération ou stockés, autrement dit enfouis. En dix ans, la part des déchets ménagers destinés à l’incinération est restée stable, autour de 30%, mais l’incinération est désormais réalisée presque exclusivement avec récupération d’énergie, indique l’étude. Par ailleurs, la part des déchets ménagers stockés décroît – de 23% en 2011, elle n’atteint plus que 16% en 2021.

Disparités territoriales

L’étude fait aussi apparaître des différences territoriales marquées. Les régions où les quantités collectées par habitant sont les plus faibles sont l’Île-de-France (450 kg/hab.), Auvergne-Rhône-Alpes et le Grand Est (500 kg/hab. pour chacune). Les volumes les plus élevés sont collectés en Corse (720 kg/hab.), dans les Hauts-de-France, en Normandie et en Provence-Alpes-Côte d’Azur (640 kg/hab. pour chacune des trois régions). Cette collecte dépasse 679 kg/hab. dans dix départements alors qu’elle est inférieure à 471 kg/hab. dans les onze qui en collectent le moins. Les départements concernés par la tarification incitative, particulièrement nombreux dans le Grand Est, les Pays de la Loire et la Bourgogne-Franche-Comté, se caractérisent par des collectes plus faibles. Le sud de la France, particulièrement à l’est, affiche des collectes plus importantes, comme en Corse-du-Sud (770 kg/hab.) ou dans le Var (740 kg/hab.), en lien avec des quantités d’ordures ménagères résiduelles plus importantes (respectivement 460 kg/hab. et 390 kg/hab. dans ces deux départements). Dans les Landes (890 kg/hab.), les Côtes-d'Armor (760 kg/hab.) et le Finistère (710 kg/hab.), la collecte est plus élevée en raison d’apports importants en déchetterie (plus de 300 kg/hab.).

Spécificités des zones touristiques

Pour l’Insee, ces différences territoriales s’expliquent pour partie par des facteurs socioéconomiques et géographiques. Le tourisme, d’abord, tend à augmenter les quantités de déchets collectés par habitant, notamment parce que ces dernières sont rapportées à la seule population résidente. Ainsi, une augmentation d’un point de la part des résidences secondaires dans le parc de logement des intercommunalités est associée à une hausse de 4 à 6 kg/hab. des quantités de déchets ménagers collectés. "La proportion de résidences secondaires, qui est en moyenne de 10%, atteint souvent 30% dans les territoires touristiques, ce qui y génère, toutes choses égales par ailleurs, 80 à 120 kg/hab. de déchets collectés supplémentaires, indique l’étude. À cela s’ajoute un effet propre au littoral, qui pourrait notamment s’expliquer par la fréquentation touristique qui lui est spécifique : toutes choses égales par ailleurs, les intercommunalités situées sur le littoral collectent entre 58 et 105 kg/hab. de déchets ménagers de plus." En revanche, ces quantités sont inférieures de 9 à 33 kg/hab. dans les intercommunalités ayant plus de 20% d’habitants vivant dans une zone soumise aux dispositions de la loi Montagne.

Le rôle de la tarification incitative dans la baisse de la collecte

"Toutes choses égales par ailleurs, les quantités de déchets ménagers collectés sont inférieures de 36 à 55 kg/hab. dans les intercommunalités qui ont mis en place une tarification incitative, quelles qu’en soient ses modalités", observe aussi l’Insee.

Dans l’ensemble des intercommunalités concernées par la tarification incitative – soit plus de 300 intercommunalités et plus de 6,5 millions d’habitants en 2021 -, les quantités de déchets issues de la collecte séparée sont en moyenne supérieures de 10%. Totalement absent en Corse ou à La Réunion, et très marginal en Île-de-France et en Provence-Alpes-Côte d’Azur,  ce dispositif concerne près d’un tiers des habitants dans les Pays de la Loire, en Bourgogne-Franche-Comté ou dans le Grand Est, rappelle l’étude.

Autre constat : les quantités collectées augmentent avec le niveau de vie et la densité de l’offre commerciale mais aussi avec le type de logement, les maisons générant des déchets supplémentaires, pour l’entretien du jardin par exemple.

 

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