Eoliennes Flottantes du Golfe du Lion : zoom sur un projet pilote pour la transition énergétique
Après plusieurs semaines d’assemblage à Port-la-Nouvelle, le projet EFGL vient de franchir une étape décisive avec la mise à l’eau de ses 3 éoliennes flottantes. Remorquées à 16 km au large des côtes de Leucate et du Barcarès, les éoliennes flottantes doivent encore être reliées entre elles par un câble électrique sous-marin, avant leur mise en service prévue pour la fin de cette année. Zoom sur un projet innovant, au cœur de la transition énergétique.

© V.Bedos-OCCIDRONE
Les Eoliennes Flottantes du Golfe du Lion : un projet pilote pour décarboner l’énergie
Lauréat de l’appel à projet éolien flottant de l’ADEME en 2016, le projet EFGL prévoit l’installation d’une ferme pilote de 3 éoliennes flottantes au large de Leucate et du Barcarès.
Porté par la société EFGL, dont les actionnaires sont Ocean Winds et la Banque des Territoires, le projet des Eoliennes Flottantes du Golfe du Lion est l’un des 3 projets pilotes d’éolien en mer flottant en France et fait partie de la dizaine de projets pilotes en construction ou en exploitation dans le monde.
Installées à 16 km au large des côtes, les éoliennes affichent une puissance de 10 MW chacune, les plus puissantes jamais installées en France, et permettront de couvrir les besoins en électricité de plus de 50 000 habitants du littoral pendant 20 ans.
Ce projet constitue un formidable vivier d’apprentissage de la technologie de l’éolien flottant et permet de valider sa viabilité technique et économique, avant le déploiement de fermes commerciales.
EFGL : un projet d’éolien flottant en mer au service de la transition énergétique

© Banque des Territoires
Investir dans l’éolien flottant : parole d’experte
Magali Parrenin, Investisseure Banque des Territoires
Pourquoi la Banque des Territoires a-t-elle choisi d’investir dans ce projet ?
Pour la Banque des territoires, investir dans un projet pilote, innovant et risqué, destiné à faire la démonstration d’une technologie inédite n’allait pas de soi ! Mais nous avons des objectifs ambitieux : accroitre le parc EnR installé et accompagner ainsi le développement d’un mix énergétique décarboné ; contribuer au développement économique local et accompagner l’implantation des moyens de production EnR au plus près des territoires ; contribuer à la réindustrialisation de notre pays en participant à la structuration d’une filière industrielle française et européenne des énergies marines performante et compétitive. Pour atteindre de tels objectifs, l’innovation est une nécessité et l’éolien en mer flottant coche toutes les cases. Il est clé pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. Il répond également aux enjeux de développement industriel français et européen. Enfin, ce projet contribue à la dynamique économique de la région Occitanie qui considère l’éolien flottant comme un axe majeur du développement industriel de son territoire.
En quoi ce projet peut-il servir de modèle pour le développement de l’éolien en mer en France ?
Ce projet pilote est une étape nécessaire pour valider la viabilité technique et économique de l’éolien en mer flottant. Le projet consiste à installer, à l’échelle 1 et en conditions réelles d’exploitation, un petit ensemble d’éoliennes, avant le déploiement des fermes commerciales. Ce projet apporte plusieurs innovations significatives et amorce une première étape d’industrialisation de la technologie de flotteur et de son process de fabrication, sur la base d’un nombre suffisamment représentatif d’unités et l’utilisation d’éoliennes parmi les plus puissantes du marché. Un pas ultime et décisif vers le commercial est franchi !
Comment ce projet s’inscrit-il dans le développement économique du territoire ?
Au cours de la phase d’assemblage sur le Port de Port-la-Nouvelle, une dizaine d’entreprises et plus de 70 personnes ont été mobilisées. Puis au cours de sa phase d’exploitation, prévue sur une durée de 20 ans, ce projet mobilisera des entreprises régionales et une quinzaine d’emplois seront générés. Et puis, il est important de signaler également que la Banque des Territoires est actionnaire de la Semop du Port de Port-la-Nouvelle, qui a engagé depuis plusieurs années un ambitieux projet d’extension et de modernisation avec l’objectif de devenir le futur port de la transition énergétique en Méditerranée.
Peut-on concilier lutte contre le changement climatique et préservation de la biodiversité ?
Oui, et particulièrement lorsque l’on a un projet situé au sein du Parc naturel marin du golfe du Lion. Au-delà de l’engagement réglementaire à mettre en œuvre des mesures d’évitement, de réduction et de compensation conformes au Code de l’environnement, ce projet a été utilisé pour mieux connaitre l’environnement marin : pendant 4 ans une bouée d’observation de la biodiversité a été installée par la société montpelliéraine Ecocean (soutenue également par la Banque des Territoires dans le cadre d’un de ses mandats), et placée sous la conduite de scientifiques du Centre de Recherche sur les Écosystèmes Marins de l’université de Perpignan. Des études de suivi de plusieurs espères d’oiseaux ont été menées en partenariat avec le CNRS ou encore le Conservatoire des espaces naturels d’Occitanie. Enfin, une quarantaine de cameras ont été installées sur les flotteurs. Et puis, plus récemment, des biohuts – sortes d’habitats artificiels jouant le rôle de nurseries pour poissons – ont été installés sur un des flotteurs. L’éolien flottant peut participer de manière significative au développement de la biodiversité marine tout en répondant aux enjeux majeurs de transition énergétique.
Chiffres clés
- Installation des 3 éoliennes flottantes à 16 km au large des côtés
- Une puissance unitaire de 10 MW pour chaque éolienne
- Production de l'équivalent des besoins annuels en électricité de plus 50 000 habitants
- Une durée d’exploitation du parc estimée à 20 ans
- 186 mètres de hauteur en bout de pale
Cap vers la mise en service des éoliennes flottantes
Après plusieurs semaines d’assemblage au port de Port-la-Nouvelle, le projet vient de franchir une étape décisive. Montées sur leur flotteur en acier respectif, les 3 éoliennes viennent d’être remorquées en mer jusqu’à la zone d’installation de la ferme éolienne, à 16 km au large des côtes de Leucate et du Barcarès.
Prévues dans les prochaines semaines, les ultimes étapes de cette installation consistent à :
- connecter les éoliennes entre elles via des câbles électriques dynamiques, d’une longueur de 800 mètres chacun, pour transmettre l’électricité d’une éolienne à l’autre jusqu’au flotteur accueillant la turbine la plus proche des côtes ;
- relier l’éolienne de tête au rivage via un câble de raccordement électrique sous-marin d’une longueur de 18 km, pour transférer l’électricité produite par les éoliennes jusqu’au réseau terrestre.