EPS au collège : le Snep-FSU toujours à la recherche de l'héritage olympique

Lors de sa conférence de presse de rentrée, le syndicat des enseignants d'EPS a fustigé l'absence d'héritage olympique. Baisse des effectifs enseignants, enseignement de la natation inégalitaire, carence d'équipements : les griefs ne manquent pas.

Après le mouvement sportif et les élus locaux, c'est au tour des enseignants en éducation physique  et sportive (EPS) du second degré de déplorer "l'abandon de la parole donnée pour un héritage ambitieux" des Jeux olympiques de 2024. Lors d'une conférence de presse tenue le 17 septembre, les responsables du Snep-FSU – syndicat très largement majoritaire – ont fustigé "une grande opération de communication sans perspective concrète pour le développement du sport".

Après avoir rappelé qu'il manquait un enseignant d'EPS dans 9% des établissements à la rentrée de septembre 2025 – alors que les candidats ne manquent pas pour cette matière – et que 1.371 postes avaient disparu entre 2017 et 2024 malgré une hausse du nombre d'élèves, Coralie Benech et Benoît Hubert, les deux cosecrétaires généraux du syndicat, sont revenus sur les grands marqueurs de l'EPS et du sport à l'école de ces dernières années.

Le "savoir nager" boit la tasse

Ils ont d'abord ciblé le "savoir nager", affiché comme une priorité des ministères de l'Éducation nationale et des Sports. Le constat est cinglant : "Rien n'est mis en place pour aider les établissements scolaires", "les moyens dans les dotations des établissements ont tellement diminué que les élèves ne peuvent plus y aller [à la piscine]". Résultat : selon la dernière enquête du syndicat, dans 14% des établissements, les élèves (soit environ 450.000) ne fréquenteront pas la piscine au cours de leur scolarité dans le second degré faute d'équipements disponibles ou à proximité. Les élèves des réseaux d'éducation prioritaire renforcée (REP+) s'avèrent particulièrement lésés : en fin de sixième, ils sont 63% à savoir nager, contre 86% parmi les élèves hors éducation prioritaire.

Autre priorité affichée par le gouvernement : la mutualisation des équipements sportifs scolaires pour la pratique en club qu'une récente circulaire interministérielle invite à rendre effective (lire notre article du 12 septembre). Les représentants du Snep-FSU se montrent favorables à cette mesure : "On manque d'équipements et cela ne sert à rien de cloisonner." Mais ils ajoutent aussitôt que cette mutualisation "se fait déjà dans de nombreux endroits". Ils précisent également les conditions qui, selon eux, conditionnent la réussite de tels projets : "Il faut une convention tripartite sérieuse et assurer la sécurité des infrastructures." Mais bien entendu, la première condition pour mutualiser des équipements est que ceux-ci existent et soient en bon état. Or une enquête du Snep-FSU, baptisée Gymnascore, a révélé en juin dernier que les équipements sportifs destinés aux scolaires étaient "insuffisants, souvent vétustes", que les inégalités territoriales étaient "profondes" en la matière et que 49% des établissements scolaires étaient "en situation d'urgence" au regard de leurs propres équipements sportifs (lire notre article du 24 juin).

Municipales 2026 : les équipements sportifs au cœur du débat

Autre point noir de l'éducation au sport : la mise en place, depuis 2022, du dispositif "Deux heures de sport au collège" (2HSC) en complément de l'EPS obligatoire afin de lutter contre un "décrochage significatif de la pratique sportive" chez les enfants de onze ans à quatorze ans. "On n'est pas contre, commentent les responsables du Snep-FSU, mais pas comme ça. C'est arrivé comme un cheveu sur la soupe. Il y a eu des difficultés à trouver des associations sportives partenaires, et cela est parfois venu en concurrence directe avec les équipes d'EPS et les associations sportives scolaires." Coralie Benech et Benoît Hubert jugent par ailleurs que le 2HSC "ne peut pas fonctionner sur la base du volontariat alors que le dispositif visait particulièrement les décrocheurs en EPS. Or, seuls les élèves déjà sportifs y participent." Leur constat a trouvé un écho (partiel) du côté de la rue de Grenelle : la mesure va être abandonnée et ne perdurera que dans les établissements classés en REP. Le Snep-FSU avance toutefois sa solution pour faire bouger les adolescents français face à une "sédentarité galopante" : "Augmenter le temps d'EPS obligatoire" en le portant à quatre hebdomadaires. Et effectives...

Enfin, à l'approche des élections municipales de mars 2026, le Snep-FSU souhaite que la question des équipements sportifs soit "au cœur du débat démocratique" et appelle les candidats à inscrire dans leurs programmes "des engagements concrets en matière de rénovation et de construction des installations sportives".

 

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