Équipements sportifs scolaires : le Snep-FSU distribue les mauvaises notes
Une enquête du Snep-FSU met en lumière les manques criants d'installations sportives pour les scolaires. Des lacunes qui font du sport à l'école le grand oublié de l'héritage olympique, selon le premier syndicat d'enseignants d'EPS.

© Dossier de presse SNEP/ FSU
Un an après le rendez-vous olympique, l'éducation physique et sportive (EPS) à l'école a la gueule de bois. Dans une enquête présentée le 23 juin 2025, le Snep-FSU tire la sonnette d'alarme. "L'an dernier, on a entendu parler tous les jours de l'héritage des Jeux olympiques, mais en fait, il ne s'est rien passé à l'école, alors qu'il s'agit du premier lieu de pratique sportive pour tous les élèves", fustige Coralie Benech, sa cosecrétaire générale.
Le seul syndicat représentatif des enseignants d'EPS fait d'abord état de la suppression de plus de 1.000 postes depuis 2017. Il rappelle également que les élèves de primaire n'ont en moyenne que 1h45 à 2h15 d'EPS à l'école, alors que les programmes en exigent trois. Quant aux dispositifs 30' APQ (trente minutes d'activité physique quotidienne), lancé en 2020 dans le primaire, et Deux heures de sports en plus au collège, expérimenté depuis 2022, Coralie Benech estime qu'ils "ne marchent pas". Mais c'est surtout sur la question des équipements que le Snep-FSU a porté ses critiques. Et pour cause, sa cosecrétaire générale soutient que "nos gymnases sont nos salles de classes et qu'on ne peut pratiquer que si l'on a des installations sportives qui permettent de bien pratiquer".
L'EPS "empêchée" dans la moitié des établissements
L'enquête du Snep-FSU, basée sur 3.744 réponses représentant 48% des établissements du second degré, ne laisse guère de place au doute. Dès son titre, on apprend que le bilan post-olympique est "alarmant". Sans détour, ce bilan fait état d'une réalité crue : seuls 29% des établissements "peuvent répondre aux exigences des programmes", tandis que 49% des établissements sont classés D ou E, selon le barème du Snep-FSU, ce qui signifie que l'enseignement de l'EPS y est "empêché" en raison d'équipements sportifs en nombre insuffisant, souvent vétustes et très éloignés.
Cette situation "creuse des inégalités territoriales profondes", pointe le syndicat. Ainsi, 36,4% des communes rurales ne sont pas équipées en infrastructures sportives. Pour autant les campagnes ne sont pas moins bien dotées puisque trois départements ruraux se partagent le plus fort taux en la matière : les Hautes-Alpes (208 équipements pour 10.000 habitants), les Alpes-de-Haute-Provence (103) et l'Ariège (90). À l'inverse, deux départements très urbanisés figurent parmi les trois territoires les moins dotés : Paris (14,2 équipements pour 10.000 habitants) et la Seine-Saint-Denis (15,3).
Dans le contexte scolaire, cette situation se traduit par des chiffres éloquents : 4% des établissements n'ont aucun accès à un gymnase, ce qui correspond à 230.000 élèves, tandis que 450.000 élèves perdent plus de trente minutes à chaque cours d'EPS en raison de l'éloignement des équipements sportifs.
80% des équipements à rénover
En ce qui concerne l'enseignement spécifique de la natation, l'enquête avance que 14,2% des établissements n'ont pas accès à une piscine. Le Snep-FSU traduit cela en une formule choc : "En réalité, 14% des élèves n'iront jamais à la piscine dans le cadre de l'école."
Quant aux associations sportives scolaires, qui accueillent 1,2 million de collégiens et lycéens principalement le mercredi après-midi, elles ne sont pas mieux loties : 49% d'entre elles ont un accès limité aux équipements sportifs.
Au-delà de la disponibilité des équipements, c'est aussi leur qualité que le Snep-FSU remet en cause. En s'appuyant sur de nombreux rapports comme sur le décret Tertiaire de 2019, le syndicat rappelle la nécessité de rénover 80% des gymnases et des piscines afin de les rendre plus sobres en énergie d'ici 2030, à commencer par ceux construits avant l'an 2000, comme c'est le cas pour plus de 70% des piscines publiques.
Le plan 5.000 inadapté
En matière d'installations sportives, le Snep-FSU pointe un dernier écueil : le plan 5.000 équipements, déployé depuis 2022 pour construire des équipements "innovants et de proximité" et doté d'une enveloppe annuelle d'environ 100 millions d'euros, n'est pas la solution. Si 66% de ces équipements sont utilisés par des établissements scolaires, dont 88% d'écoles primaires, selon un bilan de l'Agence nationale du sport (lire notre article du 7 février 2025), le Snep-FSU les juge "non adaptés aux pratiques scolaires et fédérales".
"Quelques scolaires utilisent ces équipements, faute d'autre chose, mais c'est très limité, pointe Sylvain Quirion, responsable des équipements sportifs au Snep-FSU. Il faut rappeler que l'ultra majorité des équipements du plan 5.000 ont été construits sans accès à l'eau, sans vestiaires, sans toilettes, sans éclairage, sans sécurisation des lieux, ce qui n'est pas acceptable pour une classe. Comment peut-on décemment mettre des élèves sur ces équipements ? Nous, nous utilisons des équipements référencés, que l'on peut réserver via la commune. Or, les équipements du plan 5.000 n'en font pas partie, c'est premier arrivé, premier servi."
1.000 gymnases et 1.000 piscines
En conséquence, le Snep-FSU demande la construction de 1.000 gymnases d'ici 2030, avec une participation financière de 50% de l'État pour des raisons d'équité territoriale. "On voit très bien qu'en fonction des départements ou des communes, les investissements sont complètement différents", insiste Coralie Benech, pour qui les nouveaux équipements devront par ailleurs être implantés prioritairement dans l'enceinte des établissements scolaires ou en bordure de ceux-ci et être accessibles depuis l'extérieur pour permettre l'accès à d'autres utilisateurs en dehors des horaires scolaires.
Enfin, pour favoriser l'enseignement de la natation, le Snep-FSU estime qu'il manque 250.000 mètres carrés de bassins couverts, soit 1.000 piscines, reprenant les doléances de la Fédération française de natation. Ici, les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), où le taux d'équipement par habitant est inférieur de 40% à la moyenne nationale, sont particulièrement visés.