Futurs médecins : les communes du Cauvaldor misent sur leur jeunesse (46)

Plutôt que de courir après des médecins, la communauté de communes Cauvaldor a décidé de miser sur une ressource humaine essentielle de son territoire : sa jeunesse. En espérant qu’au bout du compte, certains, une fois diplômés, reviendront s’installer là où ils sont nés ou ont grandi. 

Après avoir eu l’idée de créer une option santé au lycée pour encourager des vocations médicales, une initiative aujourd’hui reprise à l’échelle régionale, et bientôt nationale (cf. encadré), les élus de la communauté de communes Causses et Vallée de la Dordogne ont décidé au début des années 2020 d’accompagner ceux qui choisissaient des études de médecine. 

Seuls 10 % des étudiants réussissent à passer le cap de la première année de médecine, rappelle Raphaël Daubet. L’ancien président de la communauté de communes, aujourd’hui sénateur, en sait quelque chose, pour avoir lui-même suivi des études de médecine. « Il faut s’accrocher, à tous points de vue. Alors si on peut donner le petit coup de pouce qui les aide à avoir confiance, et se sentir soutenu... ». 

Trois bourses adaptées à la progression des études

Le coup de pouce est financier, baptisé « ParcoursM’aides ». « On participe à ouvrir ces études à des jeunes qui se le seraient interdit, car le déterminisme social est particulièrement fort dans ce domaine », relève Thierry Chartroux, vice-président en charge des services à la population de la communauté de communes. 

Ce dispositif a été travaillé avec les médecins du territoire « pour calibrer les aides aux besoins ». « Il nous fallait savoir à partir de quand nous pouvions demander aux étudiants, en retour, un engagement à s’installer sur le territoire. Les médecins nous ont expliqué que c’était illusoire de l’imposer trop tôt, car les études sont longues », explique le vice-président. Les aides s’échelonnent donc suivant le niveau de l’étudiant en médecine.

Dès l’année de préparation (PASS), une aide « d’encouragement », de 800 euros, est proposée. Cette première bourse est sans contrepartie. « Cela permet de payer une caution pour un logement ou pour des billets de train pour rentrer plus souvent chez soi pour s’oxygéner ou se ressourcer », explique le sénateur. 

Ensuite, la collectivité aide aux frais de logement et de transport, de la 2e à la 6e année : 200 euros les deux premières années, puis 300 les suivantes. À une condition cette fois : l’étudiant doit réaliser un stage d’externat auprès d’un médecin du territoire. Quasi tous les médecins du territoire sont devenus maîtres de stage. 

Enfin, les étudiants peuvent obtenir une « bourse d’engagement à l’installation », de la 7e à la 9e année. Le montant de l’aide s’élève à 2 500 ou 5 000 euros pour chaque année d’internat, selon l’engagement du futur doctorant : effectuer des remplacements sur le territoire ou s’installer pour une durée minimum de six ans.

Premiers diplômés

Vingt étudiants ont été accompagnés sur l’année universitaire 2022-2023 et 21 sur l’année 2023-2024. Pour cette année, la collectivité compte 22 boursiers. « Nous avons des étudiants dans toutes les strates de formation, certains en internat, et nous faisons en sorte de rester en contact avec eux pour les inciter à rester boursier jusqu’à la fin de leurs études », explique le vice-président. En avril, une première boursière a été diplômée. Elle fait depuis des remplacements sur le territoire.

Le nombre de boursiers pourrait augmenter dans les années à venir si l’on suit la courbe, croissante, des jeunes suivant la cordée « ambition études santé ». De 19 élèves en 2021, ils sont, pour cette nouvelle année scolaire, trente-huit à suivre cette option. « Avec ce dispositif, nous allons pouvoir suivre ces jeunes, voir où ils s’installent in fine, et apprendre comment ils ont vécu ces années », reprend le vice-président. 

Sans condition de ressources

Ces bourses sont accessibles à tous les jeunes résidant sur l’une de 77 communes de Cauvaldor, quels que soient les revenus de leurs parents. « Car ce sont les jeunes et leur ambition que l’on soutient », justifie le vice-président. Et aussi parce que les élus souhaitaient un dispositif simple à gérer. Enfin, dès la rentrée prochaine, le dispositif est étendu à d’autres spécialités en médecine : pédiatrie, psychiatrie, gynécologie, dermatologie, gériatrie, pharmacie ou encore en kinésithérapie ou dentaire.

Une politique financée sur fonds propres

Chaque année, la communauté de communes vote une ligne budgétaire maximum pour ce programme. 59 000 euros pour les années 2024 et 2025. Financée entièrement sur fonds propres. En moyenne, l’enveloppe est consommée à hauteur de 90 %.

Une initiative aujourd’hui reprise à l’échelle nationale

La collectivité a innové en lançant à la rentrée 2022 une « option santé » au lycée général Jean Lurçat. Une idée « faite maison » entre la communauté de communes, la direction et l’équipe pédagogique du lycée, et les professionnels de santé du territoire (médecins, hôpitaux, SAMU, etc.). L’idée a tellement bien fait ses preuves qu’elle a été étendue à neuf autres lycées, labellisés « cordée ambition études santé » de l’Éducation nationale. Elle fait aujourd’hui partie des pistes retenues par le gouvernement dans son plan présenté en avril 2025 pour lutter contre les déserts médicaux. 

Communauté de communes Causses et Vallée de la Dordogne

Nombre d'habitants :

47337

Nombre de communes :

77
Bramefond
46 200 Souillac

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