Saint-Omer : une maison des internes pour attirer de nouveaux talents (62)

À Saint-Omer, 16 % de la population de 17 ans et plus n’a pas de médecin traitant. Pour attirer de nouvelles installations, il faut que le territoire et les conditions de logement soient favorables. Or, jusque-là, les internes logeaient dans des chambres près de l’hôpital, à l’extérieur de la ville et n’avaient pas l’occasion de découvrir le centre de Saint-Omer. D’où l’idée du maire, François Decoster et de la communauté médicale, de rénover une maison de maître, en cœur de ville, tout près de la gare, du théâtre, du cinéma et des commerces. 

Transformée en trois logements T3 de 70 m², meublés et équipés tout confort, la maison, ouverte début 2025, accueille les internes et les médecins remplaçants. « Ces T3 sont beaucoup plus proches d’un logement classique que d’une chambre d’interne. La chambre d’amis permet de recevoir des invités et de rester le week-end pour découvrir la ville, et plutôt que de retourner systématiquement dans la métropole lilloise. Ainsi, les internes et remplaçants peuvent devenir les promoteurs de la ville », expose le maire. 

22 contributions possibles 

En contrepartie du loyer et des charges offerts, les internes et remplaçants signent une lettre auprès du Centre communal d’action sociale (CCAS) dans laquelle ils s’engagent à mener des contributions en faveur de la santé sur le territoire. Une liste de 22 actions réparties en six thématiques a été dressée. Les signataires doivent réaliser une à deux actions par mois de résidence. La première vague d’internes, qui a séjourné dans la maison de janvier à mars 2025, est intervenue dans les foyers de personnes âgées pour mener des actions de sensibilisation aux risques liés au diabète et aux maladies cardiovasculaires. Objectif : connaître une éventuelle future patientèle et s’intégrer dans le tissu sanitaire et social de la commune.

Une deuxième vague d’internes ou remplaçants occupe la maison depuis avril. « Le bouche-à-oreille fonctionne, relate François Decoster. Nous avons de plus en plus de candidatures » Un comité de sélection composé d’élus de la ville et de la communauté médicale vérifie l’adéquation entre le projet de formation, les vocations professionnelles et une éventuelle installation sur le territoire.

Ouverture d'une maison de santé

Un loyer fictif – puisque les logements appartiennent à la collectivité - de 700 euros par logement a été défini ; les deux tiers sont pris en charge sous forme de subvention de fonctionnement par la communauté d’agglomération du Pays de Saint-Omer, ce qui permet notamment de financer la consommation des fluides et de l’énergie. Le CCAS gère la maison et finance ainsi, en quelque sorte, le dernier tiers du loyer fictif (sous la forme de temps passé par les agents dans l’animation des contributions fournies par les internes). Et pour poursuivre cette action, en 2025, une maison de santé pluriprofessionnelle de six médecins va ouvrir à Saint-Omer : un lieu d’installation possible pour les candidats à un enracinement dans le territoire audomarois.

Un impératif s’impose dans ce genre de démarche, selon François Decoster : le maire doit faire preuve d’un fort pouvoir de conviction pour obtenir des subventions et répartir les charges financières nécessaires pour aménager une maison confortable et attrayante.