Le village de Baladou relance un commerce multiservice (46)

Elus et habitants de Baladou (Lot, 412 habitants) se sont démenés pour rouvrir le dernier commerce de la commune, fermé depuis 2006. Fortement mobilisée, l’équipe municipale a su monter un projet ambitieux et faire venir en 2014 un exploitant compétent qui a ouvert un restaurant. En un an, il a doublé son prévisionnel.

Le bar-tabac du village de Baladou dans le Lot afermé en 2006. La municipalité rachète la licence IV ainsi qu'une maison et des hangars à proximité de cet ancien commerce. La maison est transformé en bibliothèque municipale, les hangars démolis, il est alors décidé d’y aménager un équipement multiservice en construisant un bâtiment neuf. Un pari réussi !

Pré-projet élaboré en écoutant les habitants

En 2010, un pré-projet est élaboré qui tient compte des souhaits des habitants. "Nous n’avons pas eu à organiser des réunions de concertation spécifiques : le village est petit, tout le monde se connaît, nous dialoguons en permanence avec les habitants qui avaient eu connaissance de nos projets dans notre profession de foi lors des élections de 2008", explique le maire, Jean-Philippe Pageot. Le projet prévoit d’ouvrir un bar équipé d’un espace restaurant, d’une épicerie de dépannage et d’une salle où les jeunes de la commune pourront se retrouver. Le bâtiment devra s’intégrer au bâti local et être économe en énergie (orientation, chaudière à granulé...).

Cahier des charges établi par le conseil municipal

Quatre architectes répondent à l’appel à projets lancé par la commune sur la base d’un cahier des charges établi par l’équipe municipale. "Nous n’avons pas de personnel spécifique sur ces questions. Nous avons donc utilisé dans un premier temps les compétences complémentaires des différents conseillers qui sont agriculteur, artisan, commerçant, salarié...", poursuit l’édile. C’est au moment de dépouiller les offres des architectes que le CAUE et la chambre de commerce et d’industrie (CCI) sont consultés.

Longue étape de recherche de financements

Le temps de recherche de financement a été l’étape la plus longue. "Il a fallu être très convaincant auprès des financeurs potentiels comme la région, le département, pour montrer que notre projet pouvait fonctionner, même dans un petit village situé à seulement 5 km du premier supermarché. Nous avons en outre découvert que certaines aides n’étaient pas cumulables avec d’autres", témoigne le maire.
Le budget total s’élève à 700.000 euros dont 480.000 euros pour le commerce, et le reste pour l’aménagement extérieur. Le projet a pu bénéficier de 100.000 euros de l’État (DETR), 50.000 euros de la région, 10.000 euros de la réserve parlementaire et 15.000 euros du département. La commune avait prévu d’emprunter le reste, remboursé par le loyer. Un legs inattendu d’un habitant décédé allège la facture de 350.000 euros. La première pierre est posée en 2013, le nouveau commerce ouvre début 2014.

Soutien de la CCI pour la sélection du futur exploitant

Quelques mois avant l’ouverture, l’équipe municipale se tourne de nouveau vers la CCI du Lot pour rechercher les futurs exploitants du commerce. "Nous avons défini le cahier des charges ensemble. Les conseils d’un administrateur de la CCI, restaurateur de métier, ont été précieux. Il nous a fait prendre conscience que nos critères de choix n’étaient pas toujours les bons. A nos yeux par exemple, un restaurateur qui change souvent de poste est instable, alors que cette mobilité est justement signe de dynamisme et de compétence", explique le maire. L’annonce a été diffusée dans des journaux professionnels, le réseau des CCI, le site de la commune et la presse locale.

47 candidatures, 5 lauréats reçus sur place, une famille alsacienne retenue

La municipalité a reçu 47 propositions. Parmi eux, les élus ont sélectionné 5 lauréats en provenance de toute la France pour les rencontrer. C’est une famille alsacienne avec cinq enfants qui est choisie, une arrivée précieuse pour l’école du village. Ils emménagent dans une maison attenante libérée quelques semaines avant l'ouverture.

Exploitant plutôt que gérant

"Nous avons choisi le statut d’exploitant plus que celui de gérant pour s’assurer une certaine stabilité. L’exploitant paie le loyer à la commune via un bail commercial, mais le fonds de commerce lui appartient. S’il part, il doit donc parvenir à le valoriser pour le vendre. Un gérant n’a pas ces contraintes. S’il ne réussit pas, il ne paie plus son loyer et finit par partir sans plus d’obligations..." Le nouvel occupant devait aussi investir dans le mobilier, le couvert et les éléments mobiles de la cuisine, ce qui a représenté environ 100.000 euros.

Restauration familiale et ouvrière

L’exploitant développe une restauration familiale et ouvrière en semaine, et fidélise rapidement une clientèle locale. "Il a doublé son prévisionnel dès la première année", se félicite l’édile. Quant à la salle réservée aux jeunes dans l'enceinte de l'établissement, elle leur est libre d'accès aux heures d'ouverture et leur permet de se retrouver dans un lieu sécurisé.

Le secret de la réussite ? "Un suivi de A à Z du projet, une force de conviction du conseil municipal et le respect strict de l’enveloppe budgétaire, qui demande d’entretenir des relations de confiance avec les artisans."

Commune de Baladou

Le bourg
46600 Baladou
mairiebaladou@gmail.com

Jean-Philippe Pageot

Maire

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