Infrastructures de transport : l'association T&E déplore les choix de l'UE
C'est peu dire que l'association de lobbying environnemental T&E ne goûte guère les choix de l'UE en matière d'aides aux infrastructures de transport. L'association vient coup sur coup de dénoncer la politique de prêts de la Banque européenne d'investissement (BEI) et les choix de financement de la Commission européenne en matière ferroviaire.
S'agissant de la BEI, T&E déplore dans une nouvelle étude que l'établissement, "qui s'affiche comme la banque européenne du climat", ait accordé, entre 2021 et février 2025, plus de 7 milliards d'euros de prêts (sur 61 milliards d'euros au total accordés au transport) à la création de routes (6,08 milliards d'euros), à l'extension d'aéroports et à d'autres projets (comme le soutien aux biocarburants) "qui augmenteront les émissions de C02". Au moment où la BEI doit déterminer sa feuille de route 2026-2030, T&E demande donc que cette dernière arrête de financer ce type de projets pour privilégier le soutien aux industries nationales de technologies propres, notamment la chaîne de valeur des batteries et les carburants électroniques, l'électrification du transport routier et des ports, les e-carburants et l'hydrogène pour les avions et les navires, le transport urbain 0 émission ou encore la remise à niveau du ferroviaire. Un dernier secteur loin d'être ignoré, puisqu'il a reçu sur la période examinée plus d'un tiers de l’enveloppe mobilisée (23,59 milliards d'euros, devant la mobilité urbaine, 13,33 milliards d'euros).
S'agissant précisément du ferroviaire, T&E déplore dans une autre étude que la Commission ait accordé, entre 2021 et 2023, 31% de l'enveloppe dédiée au transport ferroviaire du mécanisme pour l'interconnexion en Europe (MIE) – soit 6,6 milliards d'euros sur 15,5 – à 7 "mégaprojets" (parmi lesquels le tunnel Lyon-Turin – lire notre article du 18 juillet 2024), alors que "84 projets de remise à niveau urgente n'ont reçu que 27% des fonds". T&E estime que "l'accent mis sur les mégaprojets a un impact particulièrement inquiétant sur le déploiement de l'ERTMS, le système de signalisation normalisé de l'UE, dont la mise en œuvre est essentielle pour renforcer les liaisons transfrontalières et améliorer la capacité des lignes existantes". Une "infrastructure clé" qui n'a reçu, souligne l'association, que 700 millions d'euros sur la période. T&E ajoute que si le financement de l'ERTMS "devrait augmenter de manière significative en 2024", il restera "toujours à la traîne" et ce, malgré le fait qu'il doive "être intégré dans le réseau de base du RTE-T d'ici 2030 et que certains pays comme l'Allemagne, la France et la Pologne ont un déploiement très lent jusqu'à présent" (lire notre article du 4 février dernier).