Déchets - La collecte pneumatique peine à convaincre les collectivités
La collecte des déchets ménagers et assimilés par aspiration offre-t-elle plus d’avantages que d’inconvénients ? Est-ce une alternative fiable à la collecte traditionnelle réalisée par benne à ordures ? Le 15 octobre, l’Association technique pour l’eau et l’environnement (Astee) a fait le point sur ce dispositif qui consiste à collecter les déchets dans un réseau souterrain de canalisations par le biais de bornes aspirantes.
Dans le monde, 700 systèmes de ce type existent. Principalement en Asie, en Australie (Sydney), aux Etats-Unis, en Espagne (Barcelone) et dans les pays nordiques. En France, on en recense deux, l’un dans un hôpital montpelliérain et l’autre dans un quartier de Grenoble, qui ne semble d'ailleurs pas sur le point d’être prolongé. Et pour cause. Le débat quant à la pertinence de cette technique reste vif dans l’hexagone, et si une dizaine de villes, dont Metz et Nice, se disent intéressées, d’autres, comme Brest et Narbonne, ont étudié puis vite abandonné l’idée. En région parisienne, la ville de Paris l’envisage dans ces nouveaux écoquartiers, pour lesquels le dispositif est réputé pouvoir s’insérer et s’adapter. C’est le cas pour la ZAC de Rungis (13e arrondissement) et le futur quartier des Batignolles (17e arrondissement).
Dominique Burgess, de la Fédération professionnelle des activités du déchet (Fnade), a rappelé que la collecte pneumatique n’est pas si jeune, mais que dans un contexte de prolifération des encombrants et de pénurie de places sur la voirie, elle a toujours des atouts à faire valoir. A condition de parvenir à mettre en amont autour de la même table la collectivité, les promoteurs, les bailleurs sociaux et les opérateurs ; ce qui n’est pas une mince affaire. Sensibiliser les aménageurs est aussi pertinent car dans la construction de logements neufs, le raccordement nécessaire à ce type de dispositif n’est pas imposé par la loi.
Techniquement, le dispositif a fait ses preuves pour collecter les ordures ménagères et le papier-carton. Il concerne encore très peu souvent la collecte de déchets verts ou textiles, mais cela semble possible à développer. Attention toutefois, pour des raisons évidentes, il n’autorise ni la collecte du verre, ni celle des encombrants. Deux techniques sont distinguées : le modèle de borne et terminal fixe et celui plus mobile qui nécessite le recours à des camions dédiés. Du côté des opérateurs, deux entreprises dominent le marché : le groupe suédois Envac et l'espagnol Ros Roca. Le premier vient d’ailleurs de signer avec Veolia Propreté afin de développer le dispositif en France, avec déjà deux projets en cours : à Romainville et aux Lilas (93), qui devrait être opérationnel au second trimestre 2011, et à Issy-les-Moulineaux (92), prévu pour 2013. A Romainville et aux Lilas, où ce système de collecte concernera 4.400 logements, on a choisi entre les deux communes de mutualiser les coûts, très élevés. Un partenariat plus large est aussi envisagé avec la future communauté d’agglomération, qui regroupera, entre autres, Montreuil et Bagnolet, en Seine-Saint-Denis.
Malgré les atouts du système, indéniables en termes d’esthétique, d’accessibilité et de réduction des nuisances, la question du coût demeure un frein notoire à son développement. Pour équilibrer et réduire les coûts d’exploitation, il est jugé qu’une taille critique de quartier est nécessaire mais, pour l’heure, son niveau est à l’étude. Quant au coût moyen par tonne de déchets ménagers collectés, il serait de 230 euros, soit plus du double d’un dispositif classique. Dernier point noir, le bilan énergétique. En effet, la consommation électrique du dispositif est élevée et même si ses défenseurs parlent de privilégier le recours à l'électricité renouvelable, on peut gager que la facture finale pour la collectivité utilisatrice restera salée.
Morgan Boëdec / Victoires éditions