Déchets - Comment optimiser la collecte sélective dans les immeubles
Eco-Emballages et l'Union sociale pour l'habitat (USH) ont tenu le 13 décembre à Paris leur deuxième Forum national consacré à la gestion durable des déchets et à la propreté dans les immeubles. Si le tri sélectif a connu d'importants progrès au niveau national avec une moyenne de 42 kg par an et par habitant, les performances sont nettement moindres en milieu urbain avec 26 kg/an/habitant. Un écart largement imputable au type d'habitat, a constaté Eco-Emballages qui a lancé fin 2006 un baromètre d'opinions pour aider les collectivités à mesurer la perception de leur service auprès des habitants. Ainsi, 25,8 % des personnes vivant en immeuble considèrent que trier les déchets et emballages collectifs ménagers au quotidien n'est pas un geste facile, 31, 3% se disent insatisfaites par la collecte et le tri des déchets et emballages de leur collectivité et 51,5% jugent que la communication autour du tri sélectif n'est pas suffisante et pas assez régulière.
Côté bailleurs, les premières vagues d'enquêtes menées par l'USH auprès des organismes de logement social en 2004-2005 ont mis en avant la propreté parmi les premières attentes des locataires. Face à ces demandes, de nombreux organismes ont pris des initiatives qui se sont souvent soldées par des résultats très satisfaisants à condition de conjuguer trois ingrédients : partenariat et concertation en amont du projet, aménagements techniques adaptés et entretenus et sensibilisation des habitants.
Certaines de ces actions ont été présentées au Forum : Grenoble Alpes Métropole, qui a réussi sur un quartier de 1.300 habitants à réduire fortement le taux d'indésirables grâce à l'installation de bacs operculés, le syndicat Emeraude, dans le Val-d'Oise, qui, avec le bailleur Osica, a mis en place des conteneurs enterrés, le Sictom du Mâconnais qui a opté pour des conteneurs semi-enterrés, moins chers à installer. Dans tous les cas, les résultats en termes d'amélioration du tri et de réduction des coûts de collecte ont été spectaculaires (jusqu'à 40%, dans le cas du syndicat Emeraude).
Autre initiative marquante, aujourd'hui unique en France : l'expérience de Nantes Métropole qui déploie actuellement sur Nantes intra-muros un système de collecte sélective à l'aide de deux sacs de couleurs différentes (l'un pour les ordures ménagères, l'autre pour tout ce qui est recyclable), permettant de résoudre les problèmes de place dans les locaux déchets des immeubles. Une fois collectés, les sacs transitent par un centre de séparation où un système de reconnaissance optique permet de les orienter soit vers le centre de tri, soit vers l'usine d'incinération. D'autres solutions innovantes, pas encore appliquées en France comme la collecte pneumatique ont également été présentées.
Mais comme l'a souligné Vincent Regnouf, directeur du département service aux collectivités à Eco-Emballages, il reste encore des marges de progression importantes pour que bailleurs et collectivités améliorent ensemble les dispositifs de collecte sélective et dépassent les objectifs de la directive européenne sur le recyclage des emballages, conformément aux pistes avancées par le groupe déchets du Grenelle de l'environnement.
Dans cette optique, l'USH et Eco-Emballages viennent de signer leur quatrième accord de partenariat. Comme les précédents, il prévoit la réalisation et le suivi d'outils techniques, de modules de formation pour les personnels, la capitalisation d'expériences, l'organisation de manifestations et le soutien au déploiement du dispositif permettant aux bailleurs d'employer des ambassadeurs du tri. Un accord signé en mai dernier entre les deux partenaires prévoit d'en recruter 500, dans le cadre de conventions signées avec les collectivités locales.
Anne Lenormand
