La communauté urbaine de Dunkerque passée aux infrarouges

La communauté urbaine de Dunkerque (CUD) a mené en 2004 une opération de thermographie aérienne infrarouge permettant d'évaluer les déperditions thermiques des bâtiments du territoire. Cette opération se prolonge avec la mise en place de l'opération "Réflexénergie Dunkerque Grand Littoral" afin d'inciter les habitants à réaliser des travaux d'isolation ou d'installation de panneaux solaires.

Après les premières Assises nationales de l'énergie ayant eu lieu à Dunkerque en 1998, la communauté urbaine (CUD, dix-huit communes et 210.000 habitants) a signifié sa volonté d'agir en matière d'énergie en désignant en 2002 un élu spécifiquement chargé de l'énergie et en créant une direction Energie au sein de ses services techniques. Pour sensibiliser le public et les professionnels à la gestion de l'énergie, la communauté urbaine a réalisé, en février et mars 2004, une opération de thermographie aérienne sur l'ensemble du territoire (soit 12.000 hectares). Cette opération a consisté à survoler les principales aires urbaines du territoire en hélicoptère pour mesurer par infrarouge les déperditions de chaleur des bâtiments (près de 30% des déperditions thermiques d'un bâtiment s'effectuent par la toiture). Les 2.400.000 fichiers informatiques obtenus ont été retranscrits sous forme de cartes affichant le niveau de déperdition de chaque bâtiment suivant une échelle de six couleurs. Le coût de cette opération s'est élevé à 200.000 euros (soit environ un euro par habitant) et a été financé à hauteur de 120.000 euros par l'Ademe, le conseil régional Nord-Pas-de-Calais, EDF, GDF et Dalkia, exploitant du réseau de chaleur de Dunkerque.

 

25% des toitures sont estimées "déperditives"

Les résultats de l'opération ont été diffusés à partir d'octobre 2004 lors du Salon de l'Habitat de Dunkerque, au cours duquel 2500 personnes ont consulté les cartes, et d'octobre à mai 2005, à travers des permanences organisées dans les communes. "Ces résultats ont montré que 25% des toitures du territoire (environ trois millions de m2) sont déperditives : il en émane une température supérieure de 6 à 12 degrés à la température extérieure, explique Frédérick Mabille, directeur de l'énergie à la CUD. Ce qui veut dire que le toit fuit et chauffe les petits oiseaux ! La thermographie aérienne permet d'aboutir à des résultats très concrets et illustrés. Cependant, certaines situations ne sont pas perceptibles à travers cette technique : une absence de perte de chaleur à un moment donné ne garantit pas l'absence de problème d'isolation du bâtiment concerné, par exemple si la mesure a eu lieu tôt le matin à un moment où le chauffage n'était pas déclenché. Quoi qu'il en soit, ces mesures ont créé une attente à laquelle nous avons ensuite voulu répondre."

 

La communauté urbaine prône le "Réflexénergie"

En prolongement de cette opération, la CUD a adhéré au club "Planète gagnante" mis en place par l'Ademe visant à mobiliser des partenaires privés et publics s'engageant à mettre en œuvre des opérations de promotion des économies d'énergie. Des négociations ont été menées avec le collectif "Isolons la terre contre le CO2" - qui regroupe des fournisseurs de matériaux isolants, la Capeb (Confédération des petites entreprises du bâtiment), les fournisseurs d'énergie, la fédération des magasins de bricolage - afin de diffuser les résultats de l'opération de thermographie et de mobiliser une filière pouvant répondre aux demandes de travaux des habitants. Parallèlement, la communauté a lancé en septembre 2006 l'opération "Réflexénergie Dunkerque Grand Littoral" qui se traduit notamment par la mise en place d'un fonds communautaire de soutien à l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments, abondé à hauteur de 200 000 euros par an, sur trois ans. Les aides proposées dans le cadre de ce fonds sont cumulables avec les autres dispositifs (TVA à taux réduit, crédits d'impôts, aide du conseil régional (prêt à taux zéro), aides de l'Agence nationale de l'amélioration de l'habitat). Concernant l'isolation, l'aide consiste en une participation de 6 à 8 euros par m2, selon les revenus, dans la limite de 100 m2. Pour les installations solaires, la participation de la CUD s'élève à 400 euros pour une installation individuelle et à 1.000 euros pour une installation collective. Pour l'isolation, 50% du montant de ces aides est pris en charge par EDF qui collecte en contrepartie les certificats d'économies d'énergie. Au printemps 2007, 370 dossiers avaient été retirés, dont 20% validés. A cette date, 75 dossiers avaient été exécutés dont 60% pour des travaux d'isolation et 40% pour le solaire. "Nous sommes favorablement étonnés de l'intérêt pour les installations solaires. En effet, au bout de seulement quelques mois, l'objectif que nous nous étions fixé de réaliser trente toits en panneaux solaires par an a été dépassé", précise Frédérick Mabille.
Le dispositif "Reflexénergie" comprend également la mise en place d'un numéro téléphonique de renseignements (0800 283 675) et la création d'un guichet unique à la CUD où deux conseillers Energie reçoivent les habitants pour les informer et constituer les dossiers en vue de la réalisation de travaux. Un millier de contacts ont été pris avec ce service depuis son ouverture.

 

La communauté urbaine montre l'exemple

"Pour compléter et parfaire ce dispositif, la communauté travaille dans plusieurs directions, explique Frédérick Mabille. La difficulté se situe au niveau des travaux d'isolation car le marché n'est pas structuré et les artisans compétents sont débordés. Notre action vise donc tout d'abord la formation des artisans. Dans cet objectif, dans un souci de développement local, nous souhaitons mobiliser les associations d'insertion. Par ailleurs, nous voudrions élargir le public intéressé et toucher les personnes qui sont en difficulté avec leur facture énergétique, par l'intermédiaire de la CAF et du CCAS. Nous allons aussi travailler avec les personnes qui ont déjà réalisé des travaux, afin de pouvoir nous appuyer sur leurs témoignages. Nous allons instaurer un dialogue avec les constructeurs, les agences immobilières, les notaires afin d'instituer l'obligation d'un diagnostic énergétique et de favoriser l'intégration des travaux d'isolation au moment de l'achat immobilier. Enfin, la collectivité entend montrer l'exemple : l'hôtel communautaire s'est équipé d'ampoules basse consommation et des sites avec des panneaux solaires et nous publierons l'évolution de notre facture énergétique."

 

Maryline Trassard, pour la rubrique expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Communauté urbaine de Dunkerque Grand Littoral

Nombre d'habitants :

200000

Nombre de communes :

17
Hôtel communautaire Pertuis de la Marine, BP 85530
59386 Dunkerque Cedex 1

Fréderick Mabille

Directeur Energie

Arnaud Duquénoy

Chef du service Utilisation rationnelle de l'énergie

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