Le Mouvement HLM appelle à un "sursaut national"

Alors que la crise du logement s’installe durablement, l’Union sociale pour l’habitat alerte sur une situation devenue critique. À une semaine de son congrès annuel, le Mouvement HLM formule trois demandes clés à l’État pour relancer la production, soutenir la rénovation et éviter l’asphyxie financière du secteur.

À une semaine de son congrès annuel, l'Union sociale pour l'Habitat (USH) tenait ce 16 septembre une conférence de presse de rentrée pour alerter une nouvelle fois sur la situation complexe du logement en France et réaffirmer ses priorités. "En même temps, je crois que l'année dernière, à la même période, la situation était à peu près identique. Certaines choses deviennent maintenant des normalités", souffle Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH. "Il y a quelques années, j'avais parlé d'une impuissance de l'État sur la question du logement. Je pense que je dirais la même chose aujourd'hui, malgré les efforts de la ministre. La crise du logement touche toutes les catégories sociales, dans tous les territoires."

Bien que les éléments fournis par l’USH laissent entendre que la production de 100.000 logements soit en bonne voie en 2025, de même que l’augmentation du nombre de rénovations (au moins 125.000 projets cette année, dont 82.600 rénovations lourdes), la demande HLM explose : 100.000 demandeurs supplémentaires en six mois, atteignant 2,8 millions de demandes au 30 juin, dont 1,8 à 1,9 million de nouvelles demandes et 900.000 demandes de mutations. 

Cette augmentation rapide, où le demandeur majoritaire est une personne seule, suivie des couples sans enfant, pose la question de la disponibilité et de l'adaptation du parc de logements. Parallèlement, le secteur HLM fait face à une dégradation de sa situation financière, avec un autofinancement courant en baisse de 30% en 2023 par rapport à 2022 et une trésorerie nette des organismes en recul de 7%.

En outre, le coût de production d'un logement a augmenté de 27% en cinq ans, bien plus vite que l'inflation, ce qui pèse lourdement sur la capacité des bailleurs à produire des logements abordables. L'USH estime qu'il est "absolument essentiel qu'il y ait un sursaut face à cette très grande difficulté", et que la politique du logement ne doit pas être “résumée à un enjeu de défense et de règles budgétaires".

Dans ce contexte tendu, le mouvement HLM articule ses demandes autour de trois axes majeurs, qu'il souhaite voir intégrés dans la prochaine loi de finances.

La suspension de la RLS, un souffle pour l'investissement

“Quand on entend le nouveau premier ministre Sébastien Lecornu dire qu'il veut faire des ruptures avec le passé, sur le logement, il y en a une en particulier qui est très simple”, déclare Emmanuelle Cosse. 

Le premier cheval de bataille du Mouvement HLM est la suspension de la réduction de loyers de solidarité (RLS). Initiée en 2017, la RLS a significativement impacté les marges de manœuvre des bailleurs sociaux. L'USH argue que cette suspension est le "seul moyen d'augmenter encore les investissements des bailleurs" dans la production de nouveaux logements et la rénovation du parc existant. Une suspension de la RLS permettrait de "refinancer le Fonds national des aides à la pierre", affirme la présidente de l’USH.

La baisse de la RLS a d’ailleurs déjà prouvé son efficacité, permettant aux bailleurs sociaux d'investir davantage cette année. 

Maintien et renforcement du FNAP

Le deuxième point clé est le maintien du Fonds national des aides à la pierre (FNAP) avec une dotation d'au moins 700 millions d'euros d'autorisations d'engagement. “Le FNAP est crucial car il constitue le lieu de pilotage de la production de logements sociaux" et permet à l'État d'orienter les besoins et les priorités, en discussion avec les territoires, explique Emmanuelle Cosse. "Sans le FNAP, l'État perdrait tout moyen de piloter cette politique."

Les 700 millions d'euros demandés visent à financer à la fois la production de logements neufs et la rénovation, deux activités centrales pour les bailleurs sociaux.

"On demande à ce que la rénovation soit intégrée dans le FNAP, ce qui est juridiquement possible", ajoute Marianne Louis, directrice générale de l’USH. “Aujourd'hui, les bailleurs ont une première contrainte, c'est le calendrier très précis de la loi Climat et Résilience. Afin de le tenir, ils ont besoin d'avoir de la visibilité sur les financements de la rénovation. Pour une programmation pluriannuelle, il faut une vision pluriannuelle."

Actuellement, les aides du FNAP vont principalement aux logements PLUS (prêt locatif à usage social). Pour produire davantage de logements très sociaux (PLAI et PLUS), avec des loyers plus bas, il apparaît impératif d'augmenter les volumes d'aides et de les étendre. Les collectivités locales soutiennent également le maintien du FNAP, y voyant un engagement de l'État sur le sujet.

Assurer la continuité des programmes de l’Anru

Enfin, l'USH réclame un financement suffisant du programme de l'Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine) pour 2026, "afin que les programmes continuent et aillent à leur fin sans difficulté financière", souligne la présidente de l’USH. Les opérations de l'Anru sont en effet essentielles pour la reconstitution de l'offre de logements, mais elles peinent parfois à sortir en raison des difficultés globales du marché immobilier.

Le Congrès HLM, qui se tiendra la semaine prochaine à Paris et promet déjà de battre des records de fréquentation, sera l'occasion de débattre de ces enjeux cruciaux, avec la participation d'élus locaux, d'acteurs économiques et de personnalités de divers horizons. "Évidemment, nous sommes en affaires courantes, donc il n'y a pour l'instant aucun ministre autorisé à venir au congrès. Mais bon, c'est dans une semaine…", rappelle Emmanuelle Cosse, sous-entendant que les choses pouvaient évoluer d’ici là. 

 

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