Le nombre de places pour personnes handicapées continue de croître, surtout dans les services
La Drees a publié son étude annuelle sur l'état de l'offre d’accueil des personnes handicapées dans les établissements et services médicosociaux. Fin 2018, le nombre de places était en hausse de 4,4%. Une hausse surtout portée par la progression de l'offre de places en services pour enfants, adolescents et adultes (+11%).
© @s_cluzel / Sophie Cluzel lors de l'inauguration du foyer d’accueil médicalisé des Lilas.
La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie les résultats de son enquête ES-Handicap sur l'offre d'accueil des personnes handicapées dans les établissements et services médicosociaux au 31 décembre 2018. À cette date, ces structures offraient un total de 510.620 places, réparties dans 12.430 établissements et services. Par rapport à la précédente enquête, remontant à 2014 (voir notre article du 29 septembre 2016), le nombre de places est en hausse de 4,4%, soit 21.400 places supplémentaires. Pour mémoire, un adulte handicapé peut occuper simultanément plusieurs places, par exemple dans un établissement et service d'aide par le travail (Esat) en journée et dans un foyer d'hébergement en soirée et la nuit.
Une capacité en hausse de 4,4% en quatre ans, dont +11% pour les services
Signe d'une plus grande insertion des personnes handicapées, cette hausse est surtout portée par la progression de l'offre de places en services pour enfants, adolescents et adultes (+11%). Au cours de la période 2014-2018, la plus forte progression concerne les unités agréées pour les troubles du spectre de l'autisme, dont la capacité a augmenté de près de 6.000 places au cours de la période (4.640 places pour les enfants et 1.330 places pour les adultes), soit une hausse de 34%.
Du côté des enfants handicapés, le nombre de places en établissements a progressé de 1,5% entre 2014 et 2018 (pour arriver à un total de 108.900 places), tandis que celui des places en services augmentait de 11,2% pour atteindre un total de 55.790. Chez les adultes, la hausse est respectivement de 3% pour les places en établissements (pour un total de 290.420) et de 11,1% pour celles en service (soit un total de 55.640). Chez les adultes, le nombre de structures a progressé nettement plus vite (respectivement +5,9% et +15,%) que celui des places, ce qui se traduit par une réduction de la taille moyenne des structures. Ceci confirme une tendance déjà à l'œuvre depuis plusieurs années : sur une période plus large allant de 2006 à 2018, le nombre de structures a également augmenté plus vite que le nombre de places (respectivement 31% et 25%), et le phénomène est particulièrement sensible depuis 2010.
Enfin, si on s'est tient à la capacité des foyers (foyers d'hébergement, maisons d'accueil spécialisées, foyers de vie, foyers occupationnels...) – dont une partie est financée par le biais de l'aide sociale départementale aux personnes handicapées – la progression du nombre de places entre 2014 et 2018 est de 8%, pour aboutir à une capacité totale de 154.710 places.
Des effectifs, largement féminisés, en hausse de 5%
L'enquête ES-Handicap de la Drees apporte aussi d'autres informations. Ainsi, il apparaît que l'internat "reste un mode d'accueil plus courant chez les adultes que chez les enfants". Il représente en effet 38% des modes d'accueil chez les adultes, contre 23% chez les enfants. Hors internat, l'accueil de jour reste le mode d'accueil ou d'accompagnement le plus pratiqué dans les structures pour les enfants comme pour les adultes. C'est particulièrement le cas pour dans les unités destinées aux enfants et agréées pour les déficiences intellectuelles (57%), psychiques (33%), intellectuelles et psychiques (53%), le polyhandicap (53%) et les troubles du spectre de l'autisme (47%). Le second mode de prise en charge, hors internat, est l'intervention sur le lieu de vie de l'enfant. C'est notamment le cas pour les enfants et adolescents cérébrolésés (77%), les enfants et adolescents avec des déficiences visuelles (65%), auditives (50%) ou motrices (44%) et les enfants ayant des troubles sévères du langage (58%).
Autre enseignement de l'enquête, les effectifs des établissements et services pour enfants et pour adultes ont progressé entre 2014 et 2018. Au 31 décembre 2018, ces structures employaient 336.300 personnes, représentent 257.600 ETP : 128.200 salariés dans les structures pour enfants (94.000 ETP) et 208.100 dans celles pour adultes (163.600 ETP). Avec +5%, la progression des effectifs est légèrement supérieure à celle du nombre de places (+4,4%). Cela ne suffit cependant pas à modifier le nombre moyen d'ETP par place, qui reste à 0,5, mais avec des évolutions différenciées selon le type de structure. Les personnes travaillant dans les structures pour personnes handicapées affichent une moyenne d'âge de 44 ans et sont en majorité des femmes : 73% de femmes pour 27% d'hommes, une répartition inchangée depuis 2014. La proportion de femmes varie toutefois sensiblement selon les fonctions : de 88% pour les psychologues et le personnel paramédical à 47% pour le personnel médical. En termes de répartition par fonctions, le personnel d'éducation, pédagogique et social représente 44% des effectifs, devant les psychologues et le personnel paramédical (19%), le personnel des services généraux (15%), le personnel de direction, de gestion et d'administration (13%), le personnel d'encadrement sanitaire et social (5%), le personnel médical (2%) et les candidats-élèves aux emplois éducatifs (1%).
