Le Réseau Emplois Compétences propose une nouvelle méthodologie d’élaboration des listes de métiers
Le Réseau Emplois Compétences animé par le Haut-commissariat à la stratégie et au plan s’est penché sur l’articulation entre l’usage des listes de métiers et les objectifs des politiques publiques, avec, à la clé, une proposition de méthodologie visant à assurer une plus grande lisibilité de ces outils d’élaboration des politiques de l’emploi et de la formation.

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Dans un contexte de métiers en tension et de difficultés récurrentes de recrutements exprimées par les entreprises, l’Etat comme les acteurs de l’emploi et de la formation cherchent à identifier les métiers porteurs ou stratégiques afin de mieux cibler les politiques publiques en la matière. Dans une étude publiée début septembre, le Réseau Emplois Compétences (REC) animé par le Haut-commissariat à la stratégie et au plan fait à ce sujet le constat d’un foisonnement de listes élaborées par des acteurs multiples qui, in fine, ne contribue pas à donner la lisibilité attendue à ces outils nécessaires à la construction des politiques publiques. En procédant à l’analyse des listes qui prévalent dans la mise en œuvre de différents dispositifs d’accompagnement (Transco, projet de transition professionnelle, promotion par l’alternance...) destinés à résorber les tensions sur le marché du travail et à orienter les travailleurs vers les métiers porteurs, le REC conclut à une trop grande diversité qui "engendre des recoupements et peut nuire à la lisibilité et à l’efficacité de l’action publique".
De nécessaires outils de diagnostic partagé
En 2023, trois métiers sur quatre représentant 68% de l’emploi total étaient en tension alors que dans le même temps le taux de chômage s’établissait autour de 7,5% de la population active au 4e trimestre. Le tout dans un contexte de mutation économique, technologique, démographique et écologique, souligne l’étude du Réseau Emplois Compétences. L’identification des métiers "d’avenir" constitue donc un enjeu majeur autour duquel les acteurs de l’emploi et de la formation doivent s’entendre afin d’élaborer, autant que faire se peut, des référentiels communs et partagés. A l’heure actuelle, la diversité comme le caractère fluctuant de ces listes métiers, souligne l’étude, reflètent simplement la diversité des politiques publiques elles-mêmes ainsi que leur évolution au fil des ans. L’étude relève par exemple qu’en 2025, la liste des "métiers et zones géographiques caractérisées par des difficultés de recrutements" compte environ 400 métiers, toutes régions confondues. Le REC ambitionne donc de donner un peu de clarté dans ce paysage foisonnant à travers la mise en place "d’outils de diagnostic partagé" qui doivent permettre d’orienter l’action publique de manière efficace, qu’il s’agisse du champs de la formation professionnelle, de l’accompagnement des demandeurs d’emploi et des employeurs, ou encore à l’échelle des branches professionnelles elles-mêmes.
Afin de mieux structurer l’élaboration de ces listes, le REC fait plusieurs préconisations. La première consiste à caractériser les listes de métiers selon deux grands objectifs de politiques publiques : la résorption des tensions actuelles sur le marché du travail, d’une part, et l’orientation des travailleurs vers des métiers stratégiques ou porteurs d’autre part pour éviter que naissent de nouvelles tensions sur le marché du travail. La seconde préconisation vise à inclure de manière systématique des indicateurs de suivi et d’évaluation au moment de l’élaboration des listes en lien avec les objectifs assignés. Une évaluation nécessaire, insiste l’étude, afin de déterminer comment ces listes sont mobilisées par les acteurs et si elles sont réellement adaptées à leurs besoins. Le REC propose ainsi que les modalités de suivi et d’évaluation des listes de métiers soient prévues dès leur conception, intégrant la définition d’indicateurs de suivi et de résultat.
Rationalisation et lisibilité
Un autre champs d’amélioration concerne la rationalisation des listes de métiers. "Du fait de la multiplicité des dispositifs publics, certaines listes peuvent être redondantes et se recoupent", souligne l’étude. Il est donc nécessaire "de prévoir des modalités de dialogue entre concepteurs de listes répondant à une même finalité pour discuter de la pertinence de création de nouvelles listes, les articuler, et s’assurer qu’elles répondent aux besoins des acteurs", sans remettre en question la pertinence d’avoir des listes régionales ou sectorielles, précise le REC. Une 4e préconisation vise à prévoir des modalités de révision pour chacune des listes qui doivent pouvoir être "questionnées pour assurer la réactivité de l’action publique face aux besoins du marché du travail en constante mutation". La révision des listes est donc un enjeu important, et les modalités doivent être anticipées dès leur élaboration.
Le REC recommande également, dans un souci de cohérence, de construire une banque de critères et d’indicateurs partagés afin de mieux rationaliser la création des listes de métiers "et en favoriser la lisibilité, l’usage et l’évaluation". Enfin, il convient de rendre opérationnelle et pérenne cette banque de critères "via un dialogue continu à toutes les mailles". Le REC propose ainsi la mise en place d’instances de concertation nationale et régionales, sans création nouvelle, mais en s’appuyant notamment sur les comités nationaux et territoriaux pour l’emploi ou les comités régionaux de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle.