Les arts de la rue dans le Val de Drôme

Les arts de la rue sont une façon de faire spectacle qui amène les gens à sortir de chez eux et autres lieux clos. De ce fait, ils font l'objet d'un intérêt grandissant de la part des municipalités, en France comme dans le monde. Mais préparer/fabriquer ce genre d'intervention réclame des espaces spécialisés et des savoir-faire à inventer. La communauté de communes du Val-de-Drôme s'y est attelée.

Le toit est très haut au-dessus de nos têtes. Au-delà du toit, un ciel de nuit sombre. Une lumière troue le ciel et descend, portée par une grue dont on entrevoit le bras. Tandis qu'elle descend encore, elle prend la forme d'un mobile à la façon de Calder. Plus près encore, voilà que les figures du mobile sont des êtres vivants, musiciens, acrobates qui jouent et pirouettent dans les airs. La grue les pose sur le sol : c'est le final du spectacle qui avait été proposé lors des jeux Olympiques d'Alberville en 1992. Le Transe Express est la compagnie interprète de ce spectacle créé par Ducouflé et de bien d'autres créations tout aussi inouïes. Fondée en 1982 par Brigitte Burdin et Gilles Rhodes, cette compagnie qui emploie à plein temps une trentaine de personnes (créateurs, artistes, ingénieurs, techniciens) et peut recruter jusqu'à une centaine d'intermittents du spectacle a choisi de jeter ses amarres dans la vallée de la Drôme.

Un accueil favorable à la création et aux créateurs en matière de spectacles vivants

"Cette vallée de la Drôme se caractérise par une longue tradition d'accueil des artistes et des gens du spectacle, explique Jean Serret, maire de Eurre et président de la communauté de communes du Val-de-Drôme. Une tradition qui s'enracine dans le croisement de plusieurs facteurs : un climat doux et ensoleillé, des lieux de représentation un peu partout et un immobilier jusqu'à il y a peu encore accessible. Cette concentration d'artistes a permis la constitution de publics férus de spectacles vivants. Aussi, lors de la création de la communauté de communes, la compétence d'animation culturelle a été inscrite dans nos statuts. De ce fait, lorsque la ville de Crest, située hors de la communauté de communes, a demandé à Transe Express de récupérer les locaux qu'elle lui louait, plusieurs collectivités telles que Marseille, Romans... ont fait savoir qu'elles seraient heureuses d'accueillir cette compagnie. Pour qu'elle demeure ici, nous lui avons alors proposé de construire des bâtiments adaptés à son projet sur l'Ecosite, zone d'activités que nous créons sur un lieu appartenant auparavant à la SNCF."

La "Gare à coulisses" : un lieu adapté aux besoins des arts de la rue

Sur l'Ecosite, la "Gare à coulisses" est implantée sur une parcelle d'un hectare. Car les arts de la rue sont une discipline qui met en œuvre de lourdes machines et de vastes décors. Il lui faut d'abord de l'accès routier : poids lourds, grues et caravanes doivent pouvoir manœuvrer aisément, voire stationner quelques temps. Mais surtout pour Transe Express, comme pour les compagnies qu'il accueille en résidence, ce site représente un outil de travail vraiment adapté. Il peut accueillir diverses activités rassemblées dans un même lieu : construction de décors-costumes-accessoires, répétition sous un chapiteau en dur, administration et hébergement permanent ou temporaire d'artistes... Reliés par des cheminements piétons, trois bâtiments concrétisent déjà ce rassemblement. Parmi ces bâtiments, le "kiosque" permet, avec ses huit à dix mètres sous plafond, de mettre au point des acrobaties à l'abri des intempéries. Il peut aussi accueillir 200 spectateurs. Ce qui permet aux compagnies en résidence d'offrir au public local le spectacle de leur création, soit une représentation par mois en moyenne.

Le théâtre de rue fait circuler du lien social entre habitants et entre communes

Deux compagnies, Filet d'air et Fatale, sont justement en train de répéter. La première est installée dans les Alpes-du-Sud, la seconde dans le Bordelais. Elles sont venues avec leurs caravanes de camping et ont disposé celles-ci en cercle à la manière des chariots bâchés dans un western. Mais ici le second cercle est composé de gradins de bois modulables. De quoi asseoir en plein air une cinquantaine de spectateurs. Un fil pour danseurs de corde coupe le rond des chariots. Les deux compagnies sont réunies autour du spectacle "La messagerie ambulante" qui a déjà tourné une saison mais avec des moyens plus réduits et seulement en lumière du jour. "Nous nous retrouvons sur ce lieu d'accueil, explique Enji, de la compagnie "Filet d'air", pour mettre au point, avec les équipements d'ici, le spectacle avec de l'éclairage artificiel. Notre spectacle consiste à tourner dans les villages et à créer une sorte de journal vivant des vies locales. Une fois installé dans un village, si possible sur la place centrale, nous allons à la pêche aux informations : l'anniversaire du doyen, les compétitions sportives, les petites annonces cocasses. Ensuite, nous les mettons en scène. Parfois, nous faisons office de lien entre deux villages ou entre deux écoles. Car nous jouons pour toutes sortes de publics : les communes, mais aussi les hôpitaux, les scolaires. Lorsque nous arrivons avec nos caravanes, on fait le cercle et les gens sortent pour voir. Avec la lumière artificielle, on va pouvoir jouer en soirée et élargir les publics."

Les arts de la rue doivent être perçus comme des activités économiques

"L'investissement dans les différents bâtiments qui composent la base des arts de la rue, explique Olivier Pinatelle, chargé de mission culture à la communauté, n'est pas considéré comme une dépense à fonds perdus. Les arts de la rue sont perçus comme une activité économique qui apporte un retour sur investissement. La Gare à coulisses dans sa totalité représente un investissement de 1.100.000 euros dont 290.000 euros ont été pris en charge par la  communauté de communes. 150.000 euros ont été apportés par l'Union européenne, 220.000 par la Drac, 220.000 par la région Rhône-Alpes, 220.000 par le conseil général de la Drôme. Cet équipement est loué à la Compagnie Transe Express à travers un bail administratif qui prévoit notamment que Transe Express accueille des compagnies pour des séjours de trois jours à trois semaines et leur apporte un accompagnement technique. Plus généralement, cette compagnie qui se produit dans le monde entier communique ainsi internationalement sur le Val-de-Drôme comme sur la vallée dont elle a fait sa demeure."

François Poulle, pour la rubrique expériences de Mairie-conseils et de Localtis

Compagnie Transe Express

Ecosite du Val-de-Drôme
26400 Eurre

Céline Ferry

Coordination Gare à coulisses

Communauté de communes Val de Drôme

Nombre d'habitants :

30000

Nombre de communes :

30
Rue Henri Barbusse- BP 331
26402 Crest Cedex
ccvd@val-de-drome.com

Olivier Pinatelle

Chargé de mission culture

Jean Serret

Président

Compagnie Fatal Cie

Eric, Enrich, Geneviève

Compagnie Filet d'air

lefiletdair@wanadoo.fr

Isa, Enji, Alan

Découvrez nos newsletters

  • Localtis :
    Propose un décryptage des actualités des collectivités territoriales selon deux formules : édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques.

  • Territoires Conseils :
    Recevez tous les quinze jours la liste de nos dernières publications et l'agenda de nos prochains rendez-vous.

S'abonner aux newsletters