Après un cru "exceptionnel" en 2021, les demandes d'installations d'entreprises reviennent à la normale

Le nombre de projets d'implantations d'entreprises détectés en 2022 par Ancoris, spécialiste de la détection de projets d'implantations, a baissé de 29% sur un an, revenant au niveau d'avant-crise, en 2019. Les projets industriels restent dynamiques. Et le mois de janvier 2023 s'annonce plutôt bon dans un contexte très incertain, notamment pour ce qui est du prix de l'énergie.

Le nombre de projets d'implantations d'entreprises a chuté de 29% en 2022 par rapport à 2021, année "exceptionnelle". Et il reprend ses niveaux d'avant la crise sanitaire. C'est ce qu'indique le baromètre d'Ancoris, spécialiste de la détection de projets d'implantations, publié le 8 février 2023. Ancoris fait le point sur les demandes d'implantations reçues et non sur les projets d'implantations réalisés. Au total, il en identifie 1.226 pour l'année 2022, principalement des créations de sites. Le nombre est en effet en recul par rapport à 2020 (1.296)  et plus encore par rapport à 2021 (1.604) année qui avait profité à plein de dispositifs mis en place dans le cadre du plan de relance. On se rapproche du niveau de 2019 (1.034). "2022 ressemble à 2019, la dernière année considérée comme 'normale', sans phénomène exogène hyper impactant, et plutôt bonne", précise à Localtis Guillaume Gady, co-fondateur et directeur général d'Ancoris.

Le secteur industriel est particulièrement résilient avec 290 projets en 2022 contre 329 en 2021, et un niveau très supérieur à celui de 2019 (176). Le commerce de gros et le e-commerce connaissent un volume de projets quasi identique à 2019 (114 en 2022 contre 117 en 2019). Les différences sont plus marquées pour le numérique (141 contre 267) ou la logistique (90 contre 155).

"De bons dispositifs qui ont permis d'accélérer les projets"

"En 2019, la tendance était meilleure qu'en 2017 et 2018, détaille Guillaume Gady, il y a eu une accélération très forte en 2021 puis la fin du plan de relance. France 2030 est en cours et continue de stimuler les projets. Globalement ce sont de bons dispositifs qui ont permis d'accélérer les projets, avec une volonté de relocaliser après la crise covid."

Un signe inquiétant cependant : le ralentissement des demandes d'implantations vécu lors du deuxième semestre 2022, dû principalement à la guerre en Ukraine et à la crise énergétique. "Cela crée de l'incertitude et des décisions et projets en suspens mais quand on voit que le mois de janvier 2023 génère plus de projets que janvier 2022, on pense qu'il y a une forte résilience", assure Guillaume Gady.

Concernant les critères de choix, les compétences disponibles sont classées au premier rang. "Dans tous les secteurs - logistique, industrie, tertiaire -, on nous parle systématiquement de compétences", précise Ancoris. Le deuxième critère correspond à la disponibilité des solutions d'accueil, dont principalement le foncier, un certain nombre de territoires n'ayant plus la capacité à accueillir des activités industrielles. Le baromètre indique ainsi que 38% des projets industriels cherchent des terrains (contre 28% en 2021 et 17% en 2020). Le sujet est au coeur de la réflexion du gouvernement depuis trois ans, avec le lancement des sites "clés en main", en 2019, pour accélérer les délais d'implantation (voir notre article du 23 septembre 2019), ou le fonds friches (voir notre article du 10 janvier 2022) pour financer la réhabilitation de sites existants. Mais cela ne paraît toujours pas suffisant.

L'évolution des prix de l'énergie sera décisive

"Les enveloppes, pour le fonds friches notamment, réduisent au fur et à mesure des volets, et certains élus ne disposent pas de friches", relève Ancoris qui cite en exemple une demande industrielle à l'été 2022 pour 100 hectares, permettant de créer entre 1.500 et 2.000 emplois, qui n'a pu aboutir... Les injonctions contradictoires brouillent aussi les pistes : en parallèle à la volonté de relocaliser qui s'est renforcée au lendemain de la crise covid, la lutte contre l'artificialisation des sols a été érigée au premier rang des préoccupations de l'exécutif, avec le zéro artificialisation nette (ZAN) consacré par la loi Climat et Résilience du 22 août 2021. "Les constructions en deux étages se font de plus en plus, mais les coûts sont importants, et construire un site industriel sur deux étages ce n'est pas possible pour tous les types d'industrie et cela multiplie les risques, explique Guillaume Gady, il faut aussi dire que les industriels pratiquent la sobriété foncière depuis longtemps, notamment avec les 3x8". Le projet de loi "Industrie verte" annoncé pour l'été devrait apporter de nouvelles solutions. Il aura notamment vocation à "accélérer les processus d’autorisation des nouveaux sites industriels" (voir notre article du 5 janvier 2023). Mais pour Ancoris, l'évolution des prix de l'énergie sera "décisive" en 2023.

 

 

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