Les élus des EPL plaident pour un nouvel élan de confiance entre l’État et les territoires
L’économie mixte peut-elle contribuer à rétablir la confiance entre l’État et les élus locaux ? La Fédération des élus des entreprises publiques locales (FedEpl) en est persuadée. Réunis à Montpellier du 14 au 16 octobre 2025 pour leur congrès annuel, les représentants des EPL ont plaidé pour un renforcement du rôle de l’économie mixte dans la relation entre l’État et les collectivités.

© Valérie Grasset-Morel
"Faisons confiance aux territoires ! " - le thème choisi cette année - "reflète notre conviction que les élus locaux sont les mieux placés pour nouer les coopérations nécessaires à la satisfaction des besoins de leurs habitants", a affirmé Philippe Laurent, maire de Sceaux et président de la FedEpl. Pour lui, le développement des entreprises publiques locales - SEM (sociétés d’économie mixte), SPL (sociétés publiques locales) et Semop (sociétés d’économie mixte à opération unique) - illustre la capacité des décideurs locaux à concevoir des politiques publiques efficaces. "Ces structures prouvent qu’on peut faire confiance aux territoires, même dans un climat de défiance généralisée", souligne-t-il.
Il regrette toutefois qu’en France, "on ait encore du mal à concevoir un modèle économique mixte : tout doit être soit public, soit privé". L’économie mixte, au contraire, fait cohabiter ces deux logiques dans un équilibre jugé vertueux par ses défenseurs.
Ancrer la culture de l’économie mixte
Faire entrer durablement l’économie mixte dans la culture de gestion publique française figure parmi les priorités du mandat de Philippe Laurent, qui s’achève en 2026. Si ce modèle a gagné en reconnaissance auprès d’organisations comme le Medef, la CPME ou les syndicats, il reste encore mal connu du grand public. Pourtant, plus de 1.500 EPL sont aujourd’hui actives, un niveau "jamais atteint auparavant", selon la fédération.
Présentes en métropole comme en outre-mer, elles interviennent dans des secteurs variés : énergie, transition environnementale, aménagement, logement social, santé, action sociale, tourisme, culture, etc. Leur chiffre d’affaires cumulé s’élève à 19,49 milliards d’euros en 2024, contre 12,1 milliards dix ans plus tôt, soit une progression de plus de 60 % en une décennie.
Le directeur général de la FedEpl, Benjamin Gallèpe, insiste sur la solidité du modèle : "Les EPL ont traversé plusieurs crises avec succès, de la crise financière de 2008 à celle du Covid entre 2020 et 2021, en adaptant leurs carnets de commandes et grâce au soutien fort des collectivités." Ces entreprises ont aussi su tirer profit de la montée en puissance des intercommunalités, des métropoles et de la réorganisation du logement social issue de la loi Elan de 2018. Les 120 SEM de logement social réalisent aujourd’hui 5,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires et gèrent 725.000 logements.
Vers un rapprochement avec l’Union sociale pour l’habitat ?
La FedEpl et l’Union sociale pour l’habitat (USH) ont engagé une réflexion sur un possible rapprochement de leurs réseaux. "C’est un sujet important, car l’USH regroupe tous les acteurs du logement social, à l’exception des SEM, qui représentent environ 15% du parc", précise Philippe Laurent.
Un premier travail de mise en commun des données statistiques est en cours. La fédération envisage ensuite plusieurs scénarios : devenir une composante de l’USH pour sa partie immobilière (environ 130 SEM concernées) ou passer par la Fédération des offices publics de l’habitat. La réflexion pourrait reprendre début 2026, à la suite du changement de gouvernance à la tête de cette dernière, désormais présidée par Michel Ménard.
Rationaliser pour plus d’efficacité
Si les EPL se distinguent par leur diversité, leur multiplication sur un même territoire peut nuire à leur performance. "Il faut avant tout rechercher l’efficacité, quitte à fusionner certaines structures, sans tabou ni conservatisme", a déclaré Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole, lors de la séance plénière d’ouverture.
Selon Philippe Laurent, ce travail d’harmonisation est déjà amorcé : "De nombreuses municipalités réfléchissent à mutualiser leurs outils et à définir une stratégie d’ensemble." Certaines collectivités, comme Chartres, ont même lancé des démarches de marque commune avec un logo partagé entre leurs EPL.
Un mouvement appelé à s’amplifier, estime le président de la FedEpl, qui veut structurer davantage la gouvernance de ces "grappes d’outils" et renforcer le lien entre dirigeants d’EPL et administrations locales. Un travail est en cours avec le Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales afin de bâtir une approche coordonnée et coopérative.