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Les Hautes-Alpes votent symboliquement le maintien des 90 km/h sur les routes secondaires

Le conseil départemental des Hautes-Alpes a voté ce 10 avril en faveur du maintien d'une vitesse maximale de 90 kilomètres/heure sur ses routes secondaires, alors que le gouvernement entend la réduire à 80 km/h au 1er juillet prochain. Sa démarche est avant tout symbolique car ce dossier ne relève pas de ses compétences. Mais "si 80% des départements votent une délibération comme la nôtre, peut-être que le gouvernement sera obligé de changer d'avis" sur cette mesure qui doit entrer en vigueur au 1er juillet, a déclaré Jean-Marie Bernard, président (LR) de ce département montagnard de 140.000 habitants.
La délibération a été adoptée par 26 votes pour, 1 contre, 2 abstentions et
1 conseillère ne prenant pas part au vote (la députée LREM Pascale Boyer).
"Vous ne pourrez pas l'appliquer car elle est illégale, c'est de la démagogie !", a déclaré cette dernière à ses collègues. De fait, la fixation des vitesses maximales n'est pas une compétence départementale et la délibération devrait être frappée de nullité par le service de contrôle de la légalité de la préfecture.
Si le texte portait sur le maintien des 90 km/h sur le réseau départemental
- soit 1.935 km de route - , elle parlait aussi de "définir les sections qui, du fait de leur caractéristiques géométriques et leur dangerosité potentielle, nécessitent un abaissement de la vitesse maximum autorisée à 80 km/h".
Le maire de Briançon, conseiller départemental et chef de file de l'opposition Gérard Fromm (DVG) a voté pour, car la décision du gouvernement "ne répond pas aux besoins et attentes de la population". "Un aménagement de nos routes, une sécurisation par des zones de dépassement seraient préférables", a-t-il déclaré à l'AFP.
"50% des accidents ont lieu en milieu urbain (notamment Gap et Briançon), entre 20 et 30% sur les routes nationales et les 25% restant sur le réseau départemental du fait, notamment, des conditions hivernales de circulation", a fait valoir Jean-Marie Bernard, qui était l'un des 28 présidents de département signataires d'une lettre à Edouard Philippe demandant une "application différenciée" de la mesure.
Les accidents corporels routiers ont augmenté de 87% dans les Hautes-Alpes, passant de 113 en 2016 à 200 en 2017, avec 12 morts et 103 blessés hospitalisés. Une vitesse non adaptée était en jeu, parmi d'autres causes, dans 35 accidents. Sur 200 accidents avec victimes, 119 se sont produits en agglomération, selon les chiffres officiels.