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Loups : le gouvernement veut faire évoluer le protocole d'intervention et reconduire le nombre d'abattages possibles

Le ministère de la Transition écologique a mis en consultation jusqu'au 13 septembre deux projets d'arrêtés visant à modifier le protocole d'intervention sur la population de loups, classée comme espèce protégée. L'un des deux textes propose de maintenir pour 2021 un plafond de tirs d'abattage de 19% de la population estimée en France, soit autour d'une centaine d'animaux.

Attention, sujet hyper sensible : les deux projets d'arrêtés visant à modifier le protocole d'intervention sur la population de loups, soumis à consultation publique par le ministère de la Transition écologique jusqu'au 13 septembre prochain, ont déjà suscité à ce jour près de 5.500 commentaires, ravivant le débat entre les défenseurs de l'animal sauvage et les partisans de sa régulation.
Les deux textes – l'un fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup et l'autre fixant le nombre de spécimens de loups dont la destruction pourra être autorisée chaque année – entendent tenir compte du bilan des dispositions expérimentales prises à partir de juillet 2019, suite à l’atteinte du seuil de viabilité démographique de la population lupine en France, fixé à 500 individus par l’expertise collective scientifique réalisée en 2017, indique la notice de présentation de la consultation. Reconduites en décembre dernier pour l'année 2020, ces mesures "ont visé à réduire le niveau de prédation, notamment dans les foyers d’attaque, en privilégiant davantage les tirs de défense en complément des mesures de protection", poursuit-elle. Elles se sont soldées, affirme le ministère, par une "stabilisation du nombre d’attaques et de victimes dans un contexte de croissance continue de la population lupine" tout en remplissant leur objectif de "renforcement de la défense des troupeaux attaqués".

Évolution du "tir de défense renforcée"

Le nouveau projet d'arrêté "cadre" soumis à consultation vise à affirmer le "principe de concentration des moyens d’intervention sur les élevages ou territoires les plus touchés par la prédation, en particulier lorsque le plafond de destruction est proche d’être atteint", souligne la notice.  Il prévoit une "évolution du tir de défense renforcée (comprenant plusieurs tireurs)", celui-ci étant recentré sur les troupeaux ayant subi plus de 3 attaques depuis 12 mois, en tenant compte du "territoire" où se situe l’élevage et non plus de la commune, qui n’est pas jugée comme un échelon "pertinent" pour caractériser l’activité agricole et la densité de prédation. L’autorisation du tir de défense renforcée est suspendue dès qu’un loup est tué, afin d’éviter les tirs doublés qui risquent de déstabiliser la meute sans assurer une meilleure défense des troupeaux, prévoit encore le texte.
Celui-ci ne retient plus en outre qu'un seul type de tir de prélèvement, au lieu de deux. Ce tir de prélèvement est limité aux cas de dommages exceptionnels, après avis du préfet coordonnateur, en cas d’échec de deux tirs de défense renforcée. La durée de validité de l’autorisation de tir de prélèvement passera en outre de 1 mois renouvelable à 3 mois non renouvelables, et la période d’utilisation du tir de prélèvement débutera au 1er juillet - au lieu du 1er septembre - pour s’étendre jusqu’au 31 décembre. "Ces assouplissements visent à ne pas ajouter de restrictions temporelles excessives à l’utilisation de ces tirs, sachant que les conditions de recours à ces tirs seront plus strictes", justifie le ministère.

Maintien du même plafond de tirs d'abattage en 2021 qu'en 2020

Le projet d’arrêté plafond définit quant à lui le pourcentage de la population de loups qui pourra être abattu, en tenant compte des résultats des derniers comptages. Le gouvernement propose de maintenir pour 2021 le même plafond de tirs d'abattage de loups qu'en 2020, soit 19% de la population estimée en France, ce qui représente autour d'une centaine d'animaux, qui se concentrent dans les Alpes, le sud-est et l'est du pays. Si ce plafond est atteint avant la fin de l'année civile, il pourra être porté à 21% pour les seuls tirs de défense, précise le texte.
Ces chiffres avaient été proposés en juin par la préfecture d'Auvergne-Rhône-Alpes, chargée de la gestion du loup au plan national, qui s'était félicitée à cette occasion d'une stabilisation du nombre d'attaques sur les troupeaux perpétrées par les loups en 2019. L'an dernier, le quota, fixé initialement à 90 loups pouvant être abattus, avait ainsi été relevé à 100. L'Office français de la biodiversité (OFB) avait estimé en juin la population de loups gris en France à 580 animaux adultes, contre 530 un an plus tôt. Le rythme de progression de cette espèce menacée - et donc protégée - a toutefois ralenti comparé à 2019, pour des raisons devant encore être étudiées.
Le Conseil national de protection de la nature a donné en juillet un avis défavorable aux deux projets de textes. Il a estimé notamment que l'arrêté plafond "traduit la volonté de l'État, non pas d'utiliser les possibilités dérogatoires pour prévenir les dommages, mais de maximiser les destructions de loups pour freiner le développement de sa population".