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Petite enfance : les difficultés de recrutement s'aggravent nettement

90% des gestionnaires d'établissements d'accueil du jeune enfant disent rencontrer des difficultés de recrutement, principalement pour les auxiliaires de puériculture et les éducateurs de jeunes enfants. Principalement en cause : la pénurie de diplômés. Et le turn over est important.

Alors que le gouvernement finalise les ordonnances sur les modes de garde (voir nos articles ci-dessous du 23 mai et du 11 avril 2019), le site spécialisé "Les pros de la petite enfance" publie les résultats d'une étude, lancée en février dernier et consacrée au recrutement et au "turn over" des personnels au sein des Eaje (établissements d'accueil du jeune enfant). L'étude s'appuie sur l'exploitation de deux questionnaires distincts, mis en ligne sur le site : le premier destiné aux gestionnaires d'Eaje et aux recruteurs, le second destiné aux professionnels de l'accueil collectif de la petite enfance. Ces deux questionnaires ont fait l'objet, au total, de près de 1.500 retours (180 réponses de gestionnaires et de recruteurs et 1.230 de professionnels).

90% des gestionnaires d'Eaje disent avoir du mal à recruter

L'étude a été complétée par des entretiens avec "des acteurs du secteur qui font référence". Selon la restitution, ceux-ci mettent en évidence "les contraintes liées au décret de 2010 en ce qui concerne les taux d’encadrement et les qualifications du personnel, celles des centres de formation pieds et poings liés aux décisions et financements des régions ; mais aussi les états d'âme des professionnels, qui ne se sentent ni reconnus ni valorisés dans leurs métiers et fonctions et parfois même se trouvent dans l’incapacité d'exercer correctement leur rôle vis-à-vis des enfants et des familles".

Côté chiffres, 90% des gestionnaires d'Eaje disent rencontrer des difficultés de recrutement. Les délais de recrutement sont particulièrement longs pour les structures publiques (entre 3 et 6 mois, voire davantage), ce qui peut toutefois s'expliquer par la complexité des procédures liées au statut. Les difficultés de recrutement portent principalement sur les auxiliaires de puériculture (74% de citations) et sur les éducateurs de jeunes enfants (71%). Or ces deux catégories font l'essentiel des 40% de personnels diplômés prévus par le décret de 2010 et dont la présence est indispensable, par exemple, pour l'ouverture et la fermeture de l'Eaje. La situation est en revanche moins tendue pour les titulaire du CAP AEPE (accompagnement éducatif de la petite enfance, 36%), les infirmières (16%) – qui occupent des fonctions de direction ou de direction adjointe – ou les psychomotriciens (6%).

Pénurie de diplômés et manque d'attractivité des salaires

Pour expliquer les difficultés de recrutement, deux motifs se détachent nettement chez les gestionnaires : la pénurie de diplômés (66% de citations) et le salaire (60%), loin devant d'autres explications : conditions de travail (25%), localisation de la structure (24%), avantages liés au poste (20%)...

De façon inverse – et logique compte tenu de la pénurie – seuls 20% des professionnels disent avoir eu des difficultés à trouver un emploi dans le secteur. Pour se déterminer sur le choix du poste, les salariés mettent notamment en avant la proximité avec le domicile (60%), le projet pédagogique (46%) et ensuite seulement le salaire (44%).

Un turn over qui nuit à la qualité de l'accueil

Autre source de difficulté mise en évidence par l'étude : l'importance du turn over. Interrogés sur les postes qui font l'objet du plus fort turn over, les gestionnaires citent "les postes de terrain les moins qualifiés ou les moins valorisés" : titulaires du CAP AEPE (62% de citations) et auxiliaires de puériculture (55%). Le turn over est nettement moindre pour les éducateurs de jeunes enfants (31%), et plus encore pour les infirmières puéricultrices (8%) et les infirmières (3%). De leur côté, les salariés, interrogés sur les raisons qui les poussent ou les pousseraient à changer de travail, expliquent ce turn over élevé principalement par les conditions de travail (23% de citations), le salaire (20%), le management (16%) et l'ambiance de travail (12%). Mais quelles que soient les raisons, la restitution de l'étude estime que "ces critiques, ce malaise, ce turn over qui crée des tensions dans les structures altèrent durablement la qualité d'accueil".

Enfin – et même si l'échantillon semble trop limité pour des croisements vraiment fiables – l'étude montre, sans surprise, qu'"on recrute plus difficilement à Paris et en région parisienne et qu'on trouve plus difficilement un emploi en zones rurales". Les départements affichant le plus de difficultés à recruter – tous postes confondus – sont ainsi les Hauts-de-Seine (12,4%), Paris (10,7%), le Rhône (6,2%), les Yvelines et le Nord (5,2% chacun) et les Bouches-du-Rhône (5,1%). Une situation qui s'explique notamment par le coût du logement – la même situation existe pour les personnels des établissements de soins –, mais aussi par "des centres de formation mal répartis sur le territoire".

 

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