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Plan de relance : un bol d'air pour le secteur culturel et le patrimoine

Au-delà de l'enveloppe de 432 millions destinée au spectacle vivant, déjà connue, le volet culture du plan de relance concerne en fait en premier lieu le patrimoine au sens large : métiers d'art, plan cathédrales, monuments nationaux et autres équipements patrimoniaux...Un effort en faveur de la création, des établissements d'enseignement et de certaines filières et industries culturelles est néanmoins aussi au programme.

Le 26 août, Jean Castex, pressé par les demandes croissantes des professionnels, annonçait une "dotation exceptionnelle" de deux milliards d'euros en faveur du secteur de la culture, prise sur les 100 milliards à venir du plan de relance (voir notre article du 27 août 2020). Puis, après une rencontre du Premier ministre et de Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture, avec les représentants du secteur, le ministère détaillait le contenu et les modalités de l'enveloppe de 432 millions destinée au spectacle vivant (voir notre article ci-contre du 31 août 2020). Avec la présentation officielle du plan de relance le 3 septembre (voir notre article du même jour), le ministère a détaillé l'ensemble des mesures du volet culture du plan de relance.

614 millions d'euros pour le patrimoine... au sens large

Après avoir souligné l'importance économique du secteur (2,3% du PIB, 80.000 entreprises culturelles et 670.000 emplois), le ministère rappelle aussi les mesures déjà prises en amont du plan de relance : 856 millions d'euros d'aides spécifiques pour la culture, l'"année blanche" pour les intermittents soit 849 millions (voir notre article ci-dessous du 26 août 2020) et le tirage de près de 3,3 milliards sur les mesures transversales mises en œuvre pour atténuer les effets de la crise (activité partielle, exonérations de charges sociales, fonds de solidarité et prêts garantis par l'Etat).

Pour leur part, les deux milliards du plan de relance sont répartis en cinq grands volets. On ne reviendra pas ici sur les 426 millions (et non plus 432 comme annoncés à l'origine) destinés au spectacle vivant, déjà détaillés par Localtis (voir notre article ci-dessous du 27 août 2020).

Le principal volet est, de façon un peu inattendue, celui du patrimoine avec une enveloppe totale de 614 millions. La notion de patrimoine est toutefois entendue au sens large. Ainsi, 280 millions sont prévus pour la valorisation des métiers d'art et les savoir-faire d'excellence : 80 millions pour un "plan cathédrales sans précédent", 40 millions pour la restauration de monuments appartenant aux communes et aux propriétaires privés, 40 millions pour celle des monument gérés par le CMN (Centre des monuments nationaux), 100 millions pour "mener pleinement le projet de restauration et de mise en valeur du château de Villers-Cotterêts" (Aisne) et 20 millions pour la rénovation d'autres équipements patrimoniaux (musées, archives, archéologie).

La seconde composante de ce volet "patrimoine" est une enveloppe de 334 millions baptisée "soutien à la reprise d'activité des établissements publics patrimoniaux soutenant l'attractivité et le rayonnement international de la France". Un intitulé qui permet de passer sur le fait qu'il s'agit quasi exclusivement d'institutions parisiennes et franciliennes : musée du Louvre, château de Versailles, Centre des monuments nationaux, musée d'Orsay et de l'Orangerie, RMN-GP (Grand Palais), Centre Pompidou, Universcience... Tous ces établissements font en effet face "à une crise sans précédent, qui affecte leur modèle économique et culturel". L'origine en est l'effondrement des visiteurs internationaux (entre -40 et -80%).

Soutien à la création, aux écoles culturelles et aux filières culturelles stratégiques

Le troisième volet, doté de 113 millions d'euros, recouvre "un effort spécifique pour soutenir l'emploi artistique, redynamiser la jeune création et moderniser le réseau des établissements d'enseignement supérieur de la Culture". Il comprend à ce titre 70 millions pour rénover les écoles de l'enseignement supérieur culturel, 30 millions pour un "plan exceptionnel de commande publique" couvrant tous les domaines d'expression artistique et 13 millions pour "soutenir l'emploi artistique" (dont 7 millions pour le spectacle vivant et 6 millions pour les arts visuels).

Quatrième volet, doté de 428 millions d'euros : "la consolidation et la modernisation des filières culturelles stratégiques lourdement impactées par la crise". Il correspond aux plans, parfois déjà annoncés, en faveur de certaines filières : plan filière presse (140 millions) – secteur doublement affecté par la crise sanitaire et la restructuration de Prestalis –, plan filière livre (53 millions) déjà amorcé en loi de finances rectificative, plan filière cinéma et audiovisuel (165 millions, dont un nouveau mécanisme de compensation des pertes d'exploitation des salles de cinéma liées à la persistance de mesures de distanciation) et soutien à l'audiovisuel public (70 millions).

Enfin, le dernier volet porte sur "une stratégie d'avenir pour l'ensemble des industries culturelles et créatives". La dotation est modeste (19 millions d'euros de crédits budgétaires), mais il faut y ajouter 400 millions sur cinq ans au titre du PIA4 (quatrième plan d'investissements d'avenir). Il s'agit en l'occurrence "d'apporter une réponse transversale et immédiate à la problématique d'accès des industries culturelles et créatives (ICC) françaises aux opportunités économiques indispensables à leur relance, que ce soit en termes d'inscription dans les territoires, de visibilité dans l'environnement numérique et d'accès au financement bancaire".

 

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