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Deux milliards d'euros supplémentaires pour la culture, mais le maintien de règles strictes en zone rouge

Jean Castex a annoncé le 26 août que le secteur de la culture allait bénéficier d'une "dotation exceptionnelle" de 2 milliards d'euros, prise sur les 100 milliards du plan de relance qui sera présenté le 3 septembre. Mais les contraintes sanitaires vont rester très strictes dans les salles de spectacles des 21 départements classés en zone rouge. De surcroît, la possibilité de déroger à la jauge maximale de 5.000 personnes est supprimée pour les spectacles et concerts assis en zone rouge.

Plus de trois mois après la présentation par Emmanuel Macron des mesures en faveur de la culture, le geste était attendu. En effet, le déconfinement n'a pas entraîné de véritable reprise de l'activité culturelle et tout particulièrement du spectacle vivant. Et la circulation en hausse du Covid-19 n'augure pas d'un retour rapide à la normale.

Le chaud et le froid

Face à cette situation, Jean Castex a soufflé le chaud et le froid lors de son interview sur France Inter le 26 août. Il a en effet annoncé une enveloppe de deux milliards d'euros, prise sur les 100 milliards du plan de relance, qui doit être présenté le 3 septembre (voir notre article ci-dessous du 26 août 2020). Il a également rencontré jeudi des représentants du spectacle vivant et doit rencontrer, le 28 août, ceux du cinéma.

Pour le Premier ministre, "la culture au sens large bénéficiera d'une dotation exceptionnelle de 2 milliards d'euros sur les 100 du plan de relance. C'est inédit ! Ca veut dire que nous pensons d'abord que la culture est une activité économique, et que s'il y a une spécificité française, c'est vraiment que vivre avec le virus, c'est aussi se cultiver avec le virus". Dans un tweet, Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture, s'est aussitôt félicitée de cette "dotation exceptionnelle pour la culture", rappelant au passage que "le soutien au secteur du spectacle vivant est l’une de [ses] priorités".

En pratique, les deux milliards d'euros devraient notamment servir à combler l'écart entre les recettes attendues en période normale et celles, forcément moindre, perçues par les institutions culturelles du fait de l'application des règles sanitaires. Comme l'a expliqué Jean Castex, "plutôt que de dire 'on vous laisse fermé et on vous indemnise, il va falloir que nous compensions l'écart entre les recettes issues des contraintes sanitaires, et ce qui aurait été leur point d'équilibre". Si le principe de cette compensation est plutôt bien accueilli par le secteur du spectacle vivant, tout va bien sûr dépendre de la détermination de ce "point d'équilibre".

Les zones rouges… et les autres

 Lors de son interview du 26 août sur France Inter, le Premier ministre s'est également voulu optimiste sur l'évolution de la fréquentation culturelle en affirmant : "Je dis aux Françaises et aux Français d'aller au cinéma, au théâtre. Vous ne risquez rien." La perception et les effets économiques risquent toutefois d'être assez différents selon les territoires.

En effet, les annonces du Premier ministre, combinées avec les décisions du conseil de défense du 25 août sur la situation sanitaire, aboutissent à une dualité très marquée. Du côté des bonnes nouvelles, le Premier ministre a annoncé la suppression de la distanciation sociale dans les salles de spectacle, qui imposait de laisser un siège vide entre chaque spectateur ou groupe de spectateurs. Une disposition qui réduit de facto la capacité des salles et remet donc en cause leur équilibre économique. Cette règle est abandonnée au profit du port du masque obligatoire par tous les spectateurs.

Mais cet assouplissement connaît quelques bémols, dont un de taille. Le principal est en effet que cet assouplissement ne s'appliquera pas dans les départements classés en zone rouge, dans lesquels les salles devront continuer de mettre en œuvre la règle de la distanciation sociale (d'où le choix d'instaurer une compensation). Or, à ce jour, 21 départements sont classés en zone rouge. Figurent sur cette liste des départements concentrant un grand nombre de lieux de spectacle : Paris et toute l'Ile-de-France, le Rhône, les Bouches-du-Rhône et l'arc méditerranéen (hors Aude et Pyrénées-Orientales), la Gironde, la Haute-Garonne...

Autre bémol : la suppression de toute possibilité de dérogation à la jauge maximale de 5.000 personnes pour les spectacles et concerts assis en zone rouge. Cette décision intervient face à l'accélération de la circulation du virus, mais aussi après l'affaire malheureuse – mais légale – de la dérogation accordée au Puy-du-Fou pour monter jusqu'à 9.000 spectateurs. Les dérogations à la jauge des 5.000 restent en revanche possibles dans les départements hors zone rouge (ce qui est le cas de la Vendée).

Enfin, pour compliquer le tout, le remplacement de la distanciation sociale par le port du masque obligatoire ne fait pas forcément le bonheur de toutes les salles de spectacles. Comme l'expliquait Roselyne Bachelot le 17 août sur BFM TV, "le monde du cinéma tient au fait de pouvoir retirer son masque pendant les séances pour une raison très simple?: la confiserie représente une source de revenu importante"...

 

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