Portée par la pandémie, la téléconsultation va-t-elle devenir la solution pour lutter contre les déserts médicaux ?

La Cnam publie les chiffres de la "croissance spectaculaire" des téléconsultations : 5,5 millions de consultations et jusqu'à 27% des consultations réalisées au mois d'avril. La crise sanitaire a démythifié la téléconsultation, qui devrait continuer de progresser. L'étude montre aussi une évolution dans le profil des téléconsultants. 

 

La Cnam (Caisse nationale d'assurance maladie) publie les chiffres des téléconsultations durant le confinement. Ceux-ci sont "spectaculaires", comme le dit la Caisse elle-même dans le titre de son communiqué : en mars et avril 2020, l'assurance maladie a en effet remboursé 5,5 millions de téléconsultations. A leur niveau le plus haut (entre le début et la fin du moins d'avril), les téléconsultations ont ainsi représenté jusqu'à 27% de l'ensemble des consultations (physiques et à distance).

Ces chiffres et cette évolution sont d'autant plus remarquables que la téléconsultation – et la télémédecine en général – ont connu des débuts pour le moins poussifs. Il y a seulement un an, la Cnam se réjouissait ainsi de constater que "cette alternative à la consultation physique entre progressivement dans les habitudes : on est passé de 1.000 téléconsultations sur tout le mois de décembre 2018 à près de 12.000 en août 2019, et plus 60.000 au total depuis un an", alors que l'objectif 2019 était de 500.000 (voir notre article ci-dessous du 12 septembre 2019). La crise sanitaire et le confinement ont manifestement tout changé.

Une meilleure acceptation sociale et une évolution des profils

La principale modification concerne l'acceptation sociale de la télémédecine et l'accoutumance à ses spécificités et à ses modes de fonctionnement. Cette accoutumance vaut aussi pour les médecins puisqu'en avril, 56.000 d'entre eux ont réalisé des téléconsultations. Elle tient aussi beaucoup à l'assouplissement des règles de prise en charge des téléconsultations, qui a levé les réticences financières des patients comme des médecins. La télémédecine a ainsi gagné ses titres de noblesse avec la pandémie et apparaît désormais comme une solution crédible – mais pas unique – dans la lutte contre les déserts médicaux.

L'étude de la Cnam montre également que l'évolution engendrée par la crise sanitaire n'est pas seulement quantitative. En effet, celle-ci a fait aussi évoluer les usages. Si les généralistes prédominent toujours très largement (82,6% des téléconsultations facturées entre septembre 2019 et avril 2020), d'autres spécialités apparaissent également, comme les psychiatres (6,4%), les pédiatres (2%), les gynécologues (1,3%), les dermatologues (1,1%) et les endocrinologues (1,1%).

Le profil des patients recourant à la téléconsultation a également changé durant le confinement. En particulier, les patients âgés de plus de 70 ans – jusqu'alors beaucoup moins nombreux à recourir à la téléconsultation avant le confinement (8% des actes facturés) – se sont familiarisés avec ce dispositif pendant le confinement (20% des actes facturés). Or cette tranche d'âge est très présente dans les déserts médicaux. Mieux, la Cnam constate que "depuis mai dernier, cette tendance semble s'installer puisque les patients les plus âgés, même s'ils sont toujours proportionnellement moins nombreux que les plus jeunes, constituent 19% des patients qui utilisent la téléconsultation".

 

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