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6% de la population vit dans un territoire sous-doté en médecins généralistes

En quatre ans (de 2015 à 2018), la part de la population française vivant en zone sous-dotée en médecins généralistes est ainsi passée de 3,8% à 5,7%. La région la plus touchée, en dehors des départements d'outre-mer, est contre toute attente l'Ile-de-France, avec 17,5% de sa population en zone sous-dense (particulièrement en Seine-et-Marne) ; et la moins concernée La Réunion avec 0.00%.  Un temps de consultation médical qui diminue faute entre autres de non remplacement de départs à la retraite. Et une évidence : là où il y a un manque de tout (commerces, équipements, humains…), il y a une forte sous-densité médicale. Tour d'horizon d'une étude sur l'accessibilité géographique aux médecins généralistes publiée par la Drees qui a développé son propre indicateur qui permet de mesurer à la fois la proximité et la disponibilité des professionnels de santé.

Alors que la question des déserts médicaux prend un relief particulier en cette période d'élections municipales, la Drees (direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, commune aux ministères sociaux) publie une étude sur l'accessibilité géographique aux médecins généralistes. Intitulée "En 2018, les territoires sous-dotés en médecins généralistes concernent près de 6% de la population", celle-ci présente des résultats contrastés. Le taux de 6%, que la Drees juge "faible", est en effet assez loin de l'image extensive parfois donnée des déserts médicaux, mais l'étude montre aussi que la situation tend à se dégrader et les écarts entre territoires à se creuser.

La part de la population en zone sous-dense est passée de 3,8 à 5,7% en quatre ans

Si on veut dépasser le simple ressenti sur la question des déserts médicaux, tout dépend alors des indicateurs retenus pour caractériser le phénomène. Depuis quelques années, la Drees utilise l'indicateur d'accessibilité potentielle localisée (APL), qu'elle a conçu et développé. Cet outil assez complexe (voir sa présentation dans notre article ci-dessous du 23 mai 2017) est "un indicateur d'adéquation territoriale entre l'offre et la demande de soins de ville (hors hôpital). Il permet de mesurer à la fois la proximité et la disponibilité des professionnels de santé". Son avantage est d'être plus représentatif que les indicateurs usuels de densité médicale ou de temps d'accès. Cet APL est calculé au niveau des "territoire de vie-santé", autrement dit un agrégat de communes autour d'un pôle d'équipements et de services, constitué selon une logique proche du découpage en bassins de vie de l'Insee. Un territoire de vie-santé est alors considéré comme une zone sous-dense, lorsque son APL est inférieure ou égale à 2,5 consultations par an et par habitant.

Sur cette base, l'étude fait apparaître que seule une faible part de la population française vit en zone sous-dotée en médecins généralistes, puisque le taux s'établit à 5,7%. En revanche, celui-ci tend à augmenter. En quatre ans (de 2015 à 2018), la part de la population française vivant en zone sous-dotée en médecins généralistes est ainsi passée de 3,8% à 5,7%.

Une baisse du temps médical disponible

Autre signe de cette dégradation : en 2015, les Français avaient accès en moyenne à 4,06 consultations par an et par habitant chez un médecin généraliste, libéral ou salarié d'un centre de santé, exerçant dans une commune à moins de 20 minutes en voiture de leur lieu de résidence. En 2018, ce chiffre est de 3,93 consultations, soit une baisse de 3,3%. La baisse est même de 6,1% si on prend en compte uniquement les médecins généralistes âgés de 65 ans et moins (le nombre moyen de consultations passant alors de 3,75 à 3,52 entre 2015 et 2018).

La Drees explique cette baisse de l'accessibilité "par la baisse du temps médical disponible, du fait de la diminution globale du nombre de médecins en activité sous l'effet de nombreux départs à la retraite, que les nouvelles installations ne compensent pas quantitativement, en raison de l'effet prolongé des numerus clausus appliqués au cours de ces dernières décennies". En revanche, l'étude estime que "les stratégies visant la libération de temps médical utile (nouvelles organisations territoriales, protocoles de coopérations interprofessionnelles, recours au numérique, etc.) peuvent constituer un levier pour freiner cette tendance structurelle".

Les écarts entre territoires se creusent ; l'Ile-de-France en queue de peloton

Cette tendance générale à la baisse se double d'un accroissement des écarts entre territoires. L'étude de la Drees bouleverse également les idées reçues sur ce point. Ainsi la part de la population vivant en zone sous-dense va de 0,0% à La Réunion à 44,2% en Guyane. Si on exclut les Drom, la région la plus touchée est... l'Ile-de-France, avec 17,5% de sa population en zone sous-dense (particulièrement en Seine-et-Marne). Les autres régions affichent des taux allant de 0,7% en Occitanie et 0,9% en Bretagne et en Provence-Alpes-Côte d'Azur à 5,5% en Auvergne-Rhône-Alpes, 6,3% en Bourgogne-Franche-Comté et 12,3% en Centre-Val de Loire. Les écarts régionaux sont en revanche nettement plus resserrés si on considère l'APL aux médecins généralistes. Si la baisse de l'accessibilité est plus marquée dans le centre de la France, elle a tendance à s'étendre en direction du nord-ouest, en incluant l'Ile-de-France.

Enfin, l'étude constate, mais sans véritable surprise, l'existence d'une corrélation forte entre sous-densité médicale, faible attractivité et moindres équipements (au sens des commerces, des établissements scolaires ou des équipements sportifs et culturels). Les zones devenues sous-denses se distinguent également par une croissance démographique particulièrement faible. En outre, et toujours sans surprise, la densité de médecins spécialistes et de professionnels paramédicaux y est également plus faible qu'ailleurs.

 

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